Il se revendique de «néobourguibiste» Il est en train de faire cultiver les impairs au président Béji Caïd Essebsi dont il se voit déjà l'incontestable successeur. Etrange silence des autorités tunisiennes face au dérapage commis à l'endroit de l'Algérie par l'ancien président français Nicolas Sarkozy. Le président du parti, Les Républicains, a tenu un point de presse lors duquel il a déclaré: «La Tunisie est frontalière avec l'Algérie et avec la Libye. Ce n'est pas nouveau. Vous n'avez pas choisi votre emplacement.», suggérant ainsi que les malheurs de la Tunisie viennent de Libye et d'Algérie...Aucun officiel tunisien n'a daigné lever le petit doigt pour dire stop à Sarkozy et lui rappeler qu'on ne touche pas au voisin algérien. Aucun. Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour deviner que si M.Sarkozy n'avait pas trouvé une prédisposition, un terrain fertile à cet anti-algérianisme, il n'aurait jamais tenu de pareils propos. Le mauvais génie de cette démarche suicidaire est bien évidemment le secrétaire général de Nidaa Tounès, Mohsen Marzouk qui pousse l'outrecuidance jusqu'à se faire l'avocat de Nicolas Sarkozy en s'en prenant à Abderrahmane Dahmane, ancien conseiller du même Sarkozy. Dans une déclaration à Mosaïque FM (radio tunisienne), il a critiqué les propos de M. Dahmane qui a soutenu que l'actuel président du parti français, Les Républicains «est derrière les dangers terroristes que connaissent la Tunisie et l'Algérie après avoir détruit l'Etat libyen». Séduit, absorbé et obnubilé par Sarkozy, il fait du mimétisme une stratégie mais qui s'avère destructrice. On ne permet pas à des invités d'insulter un voisin, et quel voisin? L'Algérie. L'encre du chèque remis par l'Algérie à l'Etat tunisien n'a pas encore séché. La décision a été publiée, il y a à peine cinq jours sur le Journal officiel, que Sarkozy ramène le million de touristes en Tunisie. Rappelons les consciences et rafraîchissons la mémoire qui semble faire cruellement défaut. Secrétaire général du parti Nidaa Tounès, Mohsen Marzouk se revendique de «néobourguibiste». Les faits se déroulent en 1970 au Palmarium sis à l'avenue de Carthage. Mouammar El Gueddafi qui venait de renverser le roi Idriss Senoussi, prend le pouvoir à Tripoli et se présentant comme l'héritier spirituel de Nasser, effectue une visite en Tunisie et anime un meeting. Dans sa fougue, le jeune colonel s'en prend, sans retenue et avec véhémence, aux Etats-Unis d'Amérique. Le président Lahbib Bourguiba qui écoutait le discours en direct à la radio, quitte le palais de Carthage et fonce en direction du Palmarium, prend la parole, recadre El Gueddafi et le désavoue publiquement. «Vous êtes notre invité, le bienvenu, mais ce n'est pas en Tunisie qu'on s'en prend aux autres fussent-ils vos ennemis. Je ne partage pas vos propos (...)». Mohsen Marzouk, le mauvais génie du président Béji Caïd Essebsi ignore-t-il ce haut fait d'armes? Pas si sûr, mais il n'a ni la prestance ni le sens politique de son maître, le défunt Bourguiba. On sait maintenant ce que nous réserve le parti Nidaa Tounès, on sait ce que cherche son secrétaire général. Sur la route vers le palais de Carthage, il est prêt à tout pour arracher le soutien des Occidentaux. Chemin faisant, il est en train de faire cultiver les impairs au président Béji Caïd Essebsi dont il se voit déjà l'incontestable successeur. Qu'importe, s'il froisse le voisin algérien qui a été solidaire de toutes les épreuves tunisiennes, aussi bien au plan politique, financier, militaire et touristique. Les premiers touristes qui se sont rendus en Tunisie pour briser le mur de la peur après l'attentat meurtrier qui a fait 28 morts le 26 juin dernier, dans la station balnéaire de Sousse, ont été des Algériens. Le peuple tunisien n'est pas resté silencieux. En témoignent d'ailleurs, les milliers de réactions sur les réseaux sociaux. «Il s'attaque à l'Algérie après avoir contribué à détruire la Libye», pouvait-on lire. «S'il est président demain, il déstabilisera l'Algérie et la Tunisie sera dans de beaux draps.» Autant de propos exprimant la solidarité des Tunisiens avec l'Algérie, contrairement à cet homme qui prétend aux destinées de la Tunisie. Aveuglé par son ambition démesurée, il est déjà en décalage avec sa société. Mais quand c'est sur sa propre main que l'on se frappe, on n'a aucune chance de se rater, même en fermant les yeux. Le secrétaire général de l'Ugta, Sidi Said, répond à Sarkozy «L'UMA n'a pas besoin d'un conseiller mal placé» La première réplique algérienne aux propos tenus par l'ancien président français Nicolas Sarkozy, vient du patron de la puissante Centrale syndicale, l'Ugta. Sans gants et frontal, Sidi Saïd descend dans l'arène et porte l'estocade. «Un président de parti politique de la République française en visite en République tunisienne soeur a porté des attaques sur notre pays en des termes inconvenants et inadmissibles venant d'un ancien président de la République», annonce Sidi Saïd dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction. Ces préliminaires terminés, Sidi Saïd dégaine: «Ces propos sont inacceptables et réfutés par les syndicalistes, les travailleuses et les travailleurs algériens.» Un autre coup retentit dans le communiqué: «Ces propos considérés comme une tentative d'ingérence dans les affaires de notre pays. nous rappelle une certaine époque durant laquelle notre pays a payé un prix très cher pour son indépendance et le recouvrement de sa souveraineté.» Sidi Saïd n'omet pas de rappeler que les Algériens «n'oublieront jamais le lourd tribut des sacrifices dans la lutte contre le terrorisme où l'Algérie se trouvait seule à combattre cette hydre monstrueuse. Aujourd'hui, c'est notre pays qui a ouvert les yeux du monde entier sur ce noir fléau». Et le coup de grâce survient: «Nous n'avons aucune leçon à recevoir de quiconque et le Maghreb arabe n'a nullement besoin d'un conseiller mal placé.»