La direction de Nidaa Tounes, parti fondé par le président Béji Caïd Essebsi, s'est retranchée, depuis hier, avec ses élus dans la station balnéaire de Hammamet pour trouver la bonne formule de gouvernance. La question de la présidence du gouvernement est au centre de toutes les polémiques au sein de la classe politique en Tunisie, notamment Nidaa Tounes, le premier parti à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), chargé par le président de la République de nommer le chef du gouvernement selon les termes de la Constitution. Pour trouver une issue à cette délicate problématique, la direction de Nidaa Tounes, fondé par le président Béji Caïd Essebsi, s'est retranchée avec ses élus depuis hier dans la station balnéaire de Hammamet. Il s'agit de trouver la bonne formule de gouvernance pour l'étape à venir, et ce, en l'absence de Béji Caïd Essebsi, fondateur du parti mais, aussi, le fédérateur entre tous les courants coexistants. En effet, suite à sa prise de fonctions à la présidence de la République, Béji Caïd Essebsi a dû démissionner des instances dirigeantes de Nidaa Tounes, par respect des termes de la Constitution, soucieuse de l'indépendance de l'institution de la présidence. Le parti devrait voler de ses propres ailes, quoique l'ombre du Président plane encore. «Rien ne justifie l'attribution de la présidence du conseil à une personnalité en dehors de Nidaa Tounes, lorsque les critères requis se réunissent chez l'un des leaders du parti», lance Mustapha Ben Ahmed, député à l'ARP et l'un des fervents défenseurs de la nomination du secrétaire général de Nidaa Tounes, Taïeb Baccouche, à la tête du gouvernement. «Si Taïeb est une personnalité consensuelle par excellence. Il a dirigé pendant trois ans la puissante centrale syndicale UGTT. Il a également réussi à diriger l'Institut arabe des droits de l'homme malgré les tracas de la dictature de Ben Ali, sans oublier son passage réussi à la tête du ministère de l'Education dans le gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi en 2011», poursuit le député. Ces propos ne traduisent pas tous les avis au sein du bloc parlementaire de Nidaa Tounes. Loin de là. «Pour préserver les équilibres dans le pays en cette délicate phase de transition, il faudrait que le gouvernement fasse preuve du plus possible de consensus», estime Hassouna Nacefi, député Nidaa de la circonscription de Gabès. «Nidaa Tounes peut se suffire aux présidences de la République et de l'Assemblée. La présidence du gouvernement pourrait aller à une personnalité indépendante qui appliquerait un programme de Salut national, inspiré de celui de Nidaa Tounes, mais fédérant derrière lui une large coalition nationale», suggère-t-il. Encore du chemin à faire Pour ce qui est de Lazhar Akermi et Saïd Aïdi, ex-ministres l'Intérieur et de l'Emploi du gouvernement Caïd Essebsi en 2011, ils soulèvent la problématique de l'accessibilité des députés de Nidaa Tounes au prochain gouvernement. «Rien ne justifie qu'un député ne postule pas à un poste gouvernemental lorsqu'il répond au profil requis», souligne Aïdi, diplômé des grandes écoles et ayant un CV impressionnant. Il se permet, ainsi, de s'opposer à la proposition de Béji Caïd Essebsi, avant son départ de Nidaa Tounes, consistant à éloigner les députés de la course aux ministères. Cette question du profil du chef de gouvernement est en étroite liaison avec celle de la majorité qui va gouverner. «Pour réussir en pareille phase de transition, on ne saurait ignorer un parti comme Ennahdha qui dispose du tiers de blocage», affirme le leader de Nidaa Tounes, Néji Jalloul, connu pourtant pour sa virulence contre les islamistes. «La présence de Nidaa Tounes comme premier parti va permettre de protéger les acquis modernistes de la Tunisie. Mais, vu il s'agit de trancher sur des questions fondamentales comme la subvention de l'énergie ou les caisses sociales, qui intéressent tous les Tunisiens, il y a besoin d'un large consensus national autour du gouvernement, ce qui serait également nécessaire pour relever les défis socioéconomiques du chômage, la pauvreté et la marginalisation», explique-t-il. L'universitaire cache à peine son approbation à l'idée d'une majorité gouvernementale intégrant les islamistes d'Ennahdha «sans qu'ils soient représentés par des personnalités de premier rang», tient-il à préciser. Laquelle proposition est rejetée par un large courant au sein de Nidaa Tounes et chez les sympathisants du parti. «Nous ne voulons pas d'un remake d'Ettakattol de Mustapha Ben Jaâfar, qui n'a fait que redorer le blason des islamistes», affirment plusieurs voix sur les réseaux sociaux. Ces polémiques montrent que le chemin n'est pas balisé devant Nidaa Tounes pour la présidence du gouvernement et la majorité parlementaire. Encore une fois, la situation n'attend pas et Nidaa Tounes n'a pas de droit à l'erreur.