Le secrétaire d'Etat américain, a présenté lundi, dans un discours à l'université du Kentucky, la «vision» américaine sur le Proche-Orient. Qu'y a-t-il en fait de nouveau dans la «vision» américaine à propos du dossier proche-oriental, présenté, lundi, à l'université du Kentucky, par le secrétaire d'Etat américain Colin Powell? Pas grand-chose en vérité, si ce n'est la réaffirmation de positions pas nouvelles sur la question. De fait, M.Powell s'était surtout astreint à ne heurter aucune partie en cause, répétant des positions américaines archiconnues quant au conflit du Proche-Orient. Le seul fait effectivement nouveau, est le retour «actif» de l'administration Bush Junior dans une région vis-à-vis de laquelle le nouveau président républicain avait pris quelques distances. Les louanges unanimes à l'adresse de Colin Powell sont surtout indicatives du fait que chaque partie y a trouvé ce qu'elle attendait et voulait entendre, à commencer par les Israéliens et les Palestiniens qui ont clamé leur satisfecit dans un ensemble touchant. C'est ainsi que le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, s'est «félicité du discours» remerciant au passage le président américain et le secrétaire d'Etat «pour leur lutte contre le terrorisme international en faveur des valeurs de liberté et de démocratie». La députée palestinienne, Hanane Achraoui (également porte-parole de la Ligue arabe), estime, pour sa part, que le discours de Powell est «une déclaration d'intention très claire de la part des Etats-Unis pour un engagement total» en vue du règlement du contentieux. Même écho favorable de la communauté internationale qui a salué la relance des efforts de paix des Etats-Unis au Proche-Orient. Satisfaction générale donc, que résume ainsi le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, pour lequel le discours du secrétaire d'Etat américain «est un développement important des remarques constructives prononcées par le président (George W.Bush) la semaine dernière devant l'Assemblée générale des Nations unies sur la conception d'un Etat israélien et d'un Etat palestinien vivant côte à côte dans des frontières sûres», Ce concert de louanges à l'endroit du chef de la diplomatie américaine, s'il montre un consensus international pour un règlement définitif du conflit du Proche-Orient, risque aussi de biaiser les faits en accordant une importance excessive à des propos qui, dans le fond ne sont pas nouveaux même si d'aucuns y relèvent un progrès de la part des Américains en direction des revendications palestiniennes, sans pour autant aller à l'encontre de l'irrédentisme israélien. Et la satisfaction affichée d'emblée par Ariel Sharon indique bien que les propos de Colin Powell ne sont pas allés au-delà de ce qui est admis par Israël. Le secrétaire d'Etat américain dans sa «vision» positive réitère la coexistence dans la région des deux Etats - ce que les Palestiniens ont toujours réclamé - Israël et la Palestine, «vivant en harmonie». M.Powell souhaite voir ce voeu se concrétiser par le retour aux «pourparlers» de paix. Un retour au processus de paix dont le chef de la diplomatie américaine ne précise pas le cadre général, si ce n'est l'envoi prochain de deux émissaires américains de haut niveau pour essayer de faire «repartir les négociations». Après George W.Bush en juillet dernier, Colin Powell demande aux Palestiniens de déployer «100% d'efforts» pour faire «cesser la violence» tout en exigeant des Israéliens l'arrêt de «toute activité de colonisation». Aux Palestiniens, Powell martèle: «Il doit y avoir de vrais résultats (...) les terroristes doivent être arrêtés avant de passer à l'action, la direction palestinienne doit arrêter, poursuivre en justice et châtier les auteurs d'actes terroristes.» Ainsi les Américains continuent d'assimiler les actes de la résistance palestinienne à des actes de terrorisme, confortant ainsi le refus israélien. M.Powell n'a pas condamné, dans le même temps, les nombreux assassinats ciblés des Palestiniens. Coupant la poire en deux, Colin Powell exige des Israéliens qu'ils «cessent» la colonisation des territoires palestiniens. «Les activités israéliennes de colonisation ont considérablement ébranlé la confiance des Palestiniens (...) Elles préjugent du résultat des négociations et minent les chances de parvenir à une paix véritable dans la sécurité». Le secrétaire d'Etat américain assure aussi: «Nous avons une vision de la région où les Israéliens et les Arabes pourront vivre ensemble en paix dans la sécurité et la dignité» ajoutant: «Une telle vision ne se réalisera qu'avec beaucoup de travail». Il suffisait pourtant au secrétaire d'Etat américain d'assurer que les Etats-Unis sont des partisans convaincus de l'application pleine et entière des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, notamment la 242, et la 338, seules à même de garantir une solution équitable pour tous les peuples de la région, y compris le peuple palestinien qui a droit à un Etat doté de tous les attributs de la souveraineté, y compris celui de se constituer une force armée. A l'évidence, nous n'en sommes pas encore là.