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Les mille et une vies de la Grèce
AU PAYS D'ATHENA, DEESSE PROTECTRICE D'ATHÈNES
Publié dans L'Expression le 25 - 07 - 2015


Athènes, symbole des temps antiques et modernes
La Grèce où le tourisme qui explose ne semble pas être menacé par la crise politique. Le ministère du Tourisme du pays de Zeus table sur 26 millions de touristes pour vivre à travers le temps, les mille et une vies de la Grèce avec la bénédiction d'Athéna.
Le référendum crucial qui s'est tenu le 5 juillet en cours, appelant les Grecs à voter pour ou contre les mesures des créanciers internationaux sur la dette du pays, n'a en rien affecté le tourisme. Ce secteur économique phare qui compte pour 20% du PIB, ne semble pas souffrir encore des soubresauts politiques. On s'interroge sur l'origine de cet optimisme, en dépit des perturbations qui secouent pratiquement tous secteurs confondus dans ce pays des temps lointains. Pour mieux comprendre les effets de divers contrastes qui caractérisent le pays d'Athéna, nous avons pris comme guide un taximan de la ville d'Athènes. Originaire de l'île de Lesbos, Digpan est arrivé à Athènes à l'âge de 16 ans. C'était il y a trente-cinq ans. «Beaucoup de choses ont changé. A l'époque, la ville s'était dotée de nouvelles lignes de métro et avait dépensé des milliards dans des stades ultramodernes, dont la plupart sont aujourd'hui en ruine et rarement utilisés», nous dira le conducteur. S'agissant du nombre de visiteurs de la Grèce, la courbe est quand même satisfaisante, selon un responsable de la Confédération du tourisme hellénique (Sete) à Athènes. «Les touristes continuent d'affluer dans notre pays. En 2014, ils étaient 23 millions à séjourner en Grèce, ce qui a contribué à la création de 49.000 emplois», a fait savoir notre interlocuteur. Sauf qu'il semble peu satisfait quant aux retombées de l'explosion du secteur du tourisme dans son pays. «Ces chiffres n'ont pas vraiment de sens quand on sait que près d'un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, qu'elle n'a pas les moyens de se soigner et que beaucoup de Grecs ne survivent que grâce à la soupe populaire quotidienne», révèle-t-il en ajoutant: «Les gens se débrouillent comme ils peuvent.»
Syntagma, ce coeur battant d'Athènes
Même constat et même état d'âme exprimés par notre taxieur: «La crise qui s'abat sur notre pays n'a épargné qu'une infime partie de la population dont sans exagération 40% vivent sous le seuil de la
pauvreté et 50% sont des jeunes sans emploi. Les 10% restants sont constitués de quelques intellectuels occupant des postes dans divers secteurs de l'Etat, l'enseignement, la santé entre autres secteurs.» Brusquement, le taxieur en silence me montre du doigt une femme âgée, bien habillée, cherchant de la nourriture dans une benne à ordures. «C'était sans doute une enseignante», dira Digpan avec l'air de dire: «Voilà la Grèce aujourd'hui, une Grèce qui conserve quand même son image de marque et offre encore à ses visiteurs une image de l'authenticité de son passé et la résistance d'un présent qui se détermine par un dur quotidien» Effectivement, contre vents et marées, la Grèce n'a rien perdu de sa renommée et celle de ses villes et ses places historiques.
La place Syntagma est le coeur battant de la ville et le lieu de rendez-vous des mouvements contestataires. Les jeunes s'y rassemblent régulièrement pour manifester contre l'Union européenne, contre Angela Merkel et le gouvernement grec. Aujourd'hui, la place est calme, mais cela pourrait bien changer les jours prochains si les créanciers de la Grèce l'obligent à accepter de nouvelles mesures d'austérité. Il est question de revoir les retraites à la baisse et d'augmenter le taux de TVA. Nul besoin d'être expert pour en déduire que cela provoquerait une crise humanitaire. «Beaucoup de Grecs craignent que le Premier ministre cède sur ces nouvelles mesures qu'on nous prépare, même si elles n'ont pas encore été annoncées», dira le taxieur, tentant de savoir ce que pense Digpan sur la situation de son pays et s'il allait s'en tirer. On lui demande s'il est favorable au Grexit, la sortie de la Grèce de la zone euro? «Ah là là, surtout pas! notre pays est trop petit pour pouvoir survivre sans amis», me répond-il. Toutefois, l'homme n'ignore pas que, dans une certaine mesure, son pays doit se sauver lui-même. Mais il déplore le fait qu'on ne cesse de leur donner de l'argent. Selon lui, plus on accorde des prêts au gouvernement d'Athènes, plus le problème s'amplifie. Il ignore combien d'argent faut-il à l'Etat grec pour que le pays renaisse de ses cendres.
Fier de son pays, Digpan nous a fait visiter la ville d'Athènes. Il nous a emmenés sur la colline du Lycabette qui surplombe Athènes. Un paradis dans lequel le regard se perd au-dessus de la colline et par-delà les maisons aux toits blancs. Un paradis que l'Europe considère comme un vieillard frêle. Mais en dépit de la crise aiguë, il existe toujours une autre Grèce, loin de l'image des «Grecs en faillite» qui profitent à outrance des aides de l'Union européenne. Vivre dans une Grèce dont les images accompagnent admirablement la Grèce magnifique et pauvre, avec une nature accompagne harmonieusement la musique jusqu'à l'ivresse des ruines de ce monde grec. Dans ce pays de tous les dieux on y découvre une humanité, une culture présente et des gens hyperpositifs malgré la déchéance de la gouvernance. Les riches sont partis sans demander «leur reste» et ceux qui restent rament avec des politiques caduques, mais sans renier leurs valeurs et leur courage... c'est là qu'ils fondent leur espoir. Entre les deux extrêmes opposés qui se nourrissent: des hyperriches spéculateurs (qui divisent, commercialisent et déshumanisent) et des radicaux fanatiques qui n'ont rien à perdre (vont-ils devoir manger l'oeuf par le gros bout pour éviter l'anathème?) il y a un monde «coloré» qui vit (Etat de droit, droits de l'homme, spontanéité, arts, histoire, patrimoine, innovation, inventivité, développement, justice, créativité et évolution des styles, etc). En fait, tout ce qui fait le fondement de l'Europe gréco-romano-chrétienne s'organise dans une laïcité positive et constructive à mener chaque jour pour le vivre-ensemble. Des ingrédients... de quoi nourrir les fondements de l'Etat de droit qui n'est pas le droit du calife ou de la tribu. C'est là, de l'avis du maire de la ville d'Athènes, et un bon nombre d'habitants de cette capitale antique.
L'envoûtante capitale de la Grèce
«Les Grecs qui restent actuellement dans leur pays, font preuve de dignité et de courage», dira le commis de l'Etat. Et d'ajouter: «Il ne s'agit pas seulement de personnes du troisième âge mais de «jeunes» entre 25 et 40 ans qui pratiquent une politique de décroissance en retournant en province ou aux «villages» pour acquérir une meilleure qualité de vie en «investissant» leurs efforts dans une production agricole écologique, une limitation de la consommation, un retour à une simplicité contrastant avec le capitalisme galopant», devait-il expliquer. Avec ses crises, ces contrastes façonnés par le présent d'un passé glorieux, la Grèce est toujours ce pays atypiquement touristique. D'une rue à l'autre, d'une place à l'autre et d'un marché à l'autre, c'est tout simplement marcher sur la terre des ancêtres grecs. C'est aussi sentir leur souffle vous bercer avec la brise du soir, lorsque du haut des falaises on contemple l'île de Santorin et autres symboles de la Grèce.
Au centre d'Athènes, les touristes de toutes les nationalités sont interpellés par les vendeurs ambulants de perches à selfie, boules de plastique lumineuses ou bracelets aux couleurs flashy. Sur fond de musique au bouzouki, les serveurs des tavernes galopent, plateaux chargés de «souvlakia». Dans cette ambiance effervescente, les conversations s'axent sur la situation du pays. Au loin, l'Acropole surplombe la bouillonnante place Monastiraki, un restaurateur aux cheveux gominés, montrant ses tables aux nappes à carreaux où s'amassent des touristes.
A quelques mètres dans le quartier ancien de Plaka, les petits hôtels affichent complet au moins jusqu'à la fin juillet, nous précise un gérant. Cette année, et selon le même responsable de la Confédération du tourisme hellénique (Sete), la Grèce table sur quelque 26 millions de visiteurs. Un chiffre record pour un challenge de taille. Il faut dire que les premiers à tomber sous le charme de la patrie de Platon sont les Allemands, puis les Anglais suivis des Français, 1,2 million ont arpenté le pays en 2014. Les destinations phares: les Cyclades, la Crête, le dème d'Epidaure, l'île de Santorin... Certains touristes apostrophés avouent avoir renoncé au soleil de la Tunisie, Etat marqué par l'instabilité, notamment après le dernier attentat de Sousse, perpétré contre des touristes en bord de mer. D'autres vantent l'avantage «qualité/prix» des plages de la République hellénique. Entre les uns et les autres, il y a les passionnés de mythologie grecque, plusieurs visiteurs évoquent le Péloponnèse, péninsule au sud-ouest «où l'on voyage tranquillement, et où l'on rencontre des gens hospitaliers», dira Isère Lucas, une touriste parisienne.
Concernant la crise politique, les amoureux de la Grèce, loin de tout, admettent ne pas avoir suivi la dernière évolution politique, quant à la crise de ce pays hospitalier. Une crise qui n'a pas affecté la cohabitation des temps historique de la Grèce.
Athènes symbole des temps antiques et modernes
Visiter les célèbres sites d'Athènes, c'est découvrir l'histoire fascinante de la Grèce, l'architecture unique du Parthénon et d'autres monuments magnifiques sur la colline de l'Acropole à Athènes, qui continuent d'inspirer l'architecture moderne. Des chefs-d'oeuvre de l'ancienne civilisation grecque à l'impressionnant temple Olympien de Zeus, c'est l'irrésistible voyage dans le temps et l'émerveillement devant celui-ci. Les belles sculptures dans le milieu naturel pittoresque des jardins Zappeion donnent une libre idée quant à la vie antique de l'époque. Un arrêt de courte durée vous interpelle devant le Stade de Panathinaikos, le berceau des premiers Jeux olympiques modernes en 1896. Et plus encore, le passage devant le nouveau Palais royal situé dans le centre d'Athènes, résidence officielle du président de la Grèce, ou la maison du Parlement grec, vous ramène le temps d'un regard à la réalité des temps présents. On y voit défiler sous le regard les jardins Zappeion, une vaste étendue de verdure traversée par des larges allées et décorées avec plusieurs belles sculptures. De retour dans les temps de la Grèce antique, on y découvre le temple Olympien de Zeus. Le temple avait à l'origine 104 colonnes de 17 m de haut chacune. Aujourd'hui, il reste 15 colonnes, mais elles transmettent toujours une idée de la taille énorme du temple original. Entre les temps antiques et modernes, l'esprit valse sous le charme de l'art architectural, que les Grecs ont su conserver.
Le Jardin national, l'Arc d'Hadrien, l'Eglise Saint-Paul, le Parlement, la Tombe du soldat inconnu, la chambre Schlieman, où se trouve le Musée numismatique, la Cathédrale catholique, l'Académie, l'Université, la Bibliothèque nationale, l'Ancien Parlement et la place de la Constitution ainsi que l'Eglise orthodoxe Russe, sont des preuves vivantes de l'authenticité de la vie grecque. Au-delà de toute cette richesse et ce patrimoine architectural, il y a La colline de l'Acropole ou le «Rocher sacré» d'Athènes surplombant la ville. Elle a une partie d'architecture plus fine qui remonte à la civilisation grecque antique, où le Parthénon, représente le symbole de la ville, reconnu mondialement. Il est dédié à Athéna Parthénos, la déesse protectrice d'Athènes. D'autres chefs-d'oeuvre architecturaux comprennent l'Erechthéion, le temple d'Athéna Nike et les Propylées. C'est dire que la ville d'Athènes est encore belle comme l'antique. En effet, Athènes, malgré la crise, qui la secoue, continue de capitaliser son offre culturelle, très riche, sur ses agréables plages situées non loin du centre-ville. Sans oublier le quartier de Plaka. C'est un ancien village devenu le coeur touristique d'Athènes. Dans un dédale de ruelles en pente se succèdent les terrasses, les restaurants offrant la vue sur la ville et le Parthénon.
Athens by night, place Agias Eirinis
Le soir, chacun y trouve son compte dans la capitale des mille et une vies. Les tavernes s'animent au son du bouzouki, de la mandoline et la danse du sirtaki. A quelques pas de la place Monastiraki se trouve l'Agora et les puces. Kapnikareas, c'est sur cette autre place qu'a lieu, tous les jours à 10 heures, la levée de la garde, les fameux «Evzones». Autre authenticité conservée par les Grecs, les cafenions (café), endroits où les Athéniens se retrouvent pour jouer le tavli, (Backgammon), tout en sirotant de l'Ouzo (une boisson grecque) ou un café grec. C'est dire que les lieux de sortie ne manquent pas. Cap sur les quartiers branchés pour ceux qui aiment les atmosphères intello: direction les bars d'Exarcheia. On se rendra aussi dans le quartier Psirri, très animé avec des boîtes où l'on peut écouter de la musique live. L'ancien quartier industriel de Gazi devenu quant à lui, le lieu nocturne le plus populaire d'Athènes.
C'est une ancienne usine qui a été transformée en centre culturel. Autour de la vaste place Gazi se succèdent les bars flanqués de grandes terrasses. Bref, on y trouve de l'ambiance très festive aux quatre coins de la capitale grecque, loin de la crise et les conséquences d'une sortie de la zone euro et la conservation de l'euro, qui demeurent un dilemme à la grecque.


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