Une cinquantaine de recrues ont été massacrées près de Baâqouba. Cinquante recrues irakiennes ont été massacrées près de Baâqouba, dans la province de Diyala, au nord de Bagdad, dans un embuscade, la plus meurtrière commise contre la nouvelle armée irakienne, cible principale des attaques et attentats de la résistance et de la guérilla irakiennes. De fait, le week-end irakien a été particulièrement sanglant avec plusieurs attentats à la voiture piégée comme ceux qui s'étaient produits à Ramadi, l'un des fiefs de la résistance irakienne, et trois attentats, hier, à Bagdad. A Ramadi, il y eut entre trois et huit morts et 21 blessés selon les bilans communiqués par les hôpitaux locaux, les attentats de Bagdad se sont soldés par la mort de dix personnes dont trois soldats australiens - leur transport était directement ciblé par l'un de ce triple attentat dans la capitale irakienne -. La nouvelle armée irakienne, sur laquelle s'acharnent les groupes armés irakiens, est une structure que les Américains tentent de mettre sur pied, paye le prix fort en devenant la cible privilégiée des mouvements armés qui quadrillent le pays, imposant dans certaines régions, comme dans la province d'Al-Anbar, leur loi. Selon un porte-parole du ministère irakien de l'Intérieur, «Les corps de 37 nouvelles recrues tuées par balles, dont certaines avaient les mains liées, ont été retrouvés au bord de la route et les corps de 12 autres se trouvaient à bord d'un minibus incendié à quelques mètres de là». Le même de préciser: «Les recrues, toutes originaires des provinces du sud de l'Irak, à majorité chiite, revenaient samedi chez elles à bord de trois bus, quand elles ont été interceptées par des hommes armés dans la province de Diyala». Cet horrible massacre d'une cinquantaine de jeunes recrues a été revendiqué sur un site Internet par un communiqué attribué au groupe de l'islamiste jordanien, Abou Moussab Al-Zarqaoui, dont la tête est mise à prix par l'armée américaine à 25 millions de dollars, et qui signe désormais «Al Qaîda en Irak» (anciennement Tawhid wal Jihad auteur de plusieurs assassinats, d'otages étrangers et irakiens). Outre ces morts collectives de soldats irakiens et les attentats d'hier à Ramadi et à Bagdad, notons l'assassinat d'un diplomate américain au Camp Victory, près de l'aéroport de Bagdad, le premier diplomate américain tué depuis 2003 et la mort d'un soldat bulgare à Kerbala et d'un officier de police irakien à Kirkouk. Dans cette longue liste de morts dans des attentats de la guérilla et dans les attaques des forces armées américaines, il est difficile de penser que les élections prévues en janvier prochain, puissent se tenir dans des conditions acceptables. De fait, plus l'échéance électorale approche, plus la violence semble décuplée avec le pic atteint samedi par l'assassinat d'une cinquantaine de jeunes irakiens qui venait de terminer un cycle de formation militaire. Face à la recrudescence des attentats, les organisateurs du prochain scrutin électoral se veulent rassurants alors que la montée des périls se précise chaque jour un peu plus, et montre le contraire, tant les forces d'occupation, que le gouvernement intérimaire irakien, ne semblent pas à même de calmer le jeu et d'insuffler cette confiance qui manque tant aux Irakiens, ballottés entre les brutalités de l'occupant américain et du terrorisme des groupes armés et l'incompétence du gouvernement du Premier ministre intérimaire irakien, Iyad Allaoui. Ce gouvernement qui a, entre autres, la charge d'organiser les prochaines élections générales, n'arrive pas à sécuriser le pays, alors que plusieurs groupes ethniques menacent de boycotter les élections à l'instar des oulémas sunnites, peu satisfaits de la manière avec laquelle le scrutin est pris en charge. De fait, devant les amalgames qui perdurent autour de cette consultation, Carlos Valenzuela, qui dirige l'équipe de l'ONU qui aide la commission électorale indépendante irakienne, a fait une sorte de mise au point dans laquelle il explique qu'il y avait «une fausse idée largement répandue sur le rôle de l'ONU dans ce processus» précisant que ce sont les «Irakiens qui dirigent le processus». Il met en parallèle le fait qu'en Afghanistan c'est «l'ONU (qui) était chargée de l'inscription des électeurs, nous n'avons pas un tel mandat en Irak». Une précision qui s'impose en effet au moment où les choses ne semblent pas fonctionner aussi bien qu'elles le pourraient et espérer dans un pays qui réapprend le pluralisme politique après une longue période de dictature et de parti unique.