L'armée israélienne poursuivait, hier, les ratissages dans le camp de réfugiés de Khan Younès. Dix huit Palestiniens, dont l'un, hier, à Rafah, ont été tués par l'armée israélienne lundi et dans la nuit de lundi à mardi dans le camp de réfugiés de Khan Younès. Après le massacre de Palestiniens au camp de réfugiés de Jabaliya au début de ce mois, qui a occasionné la mort de plus de 120 personnes dont de nombreux enfants et adolescents, c'est au tour de Khan Younès d'être l'objet de l'acharnement de l'armée d'occupation israélienne qui a mis en oeuvre un matériel lourd contre la population civile palestinienne. Ces punitions collectives, suivies de massacres tout aussi collectifs, tout cela dans le silence absolu de la communauté internationale, qui regarde ailleurs au moment où des dizaines de Palestiniens sont tués chaque jour par les forces d'occupation israéliennes. L'ONU elle-même censée assurer la sécurité et la protection des territoires non autonomes se trouve totalement impuissante, désormais à faire prévaloir le droit international dans les territoires palestiniens occupés du fait de la partialité des Etats-Unis qui font obstruction à toutes les résolutions allant dans le sens d'une solution du problème israélo-palestinien, cela en prenant fait et cause pour Israël, qui refuse l'envoi d'une force d'interposition internationale dans les territoires palestiniens occupés à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Au moment où à Gaza des dizaines de Palestiniens tombaient à Jabaliya sous le feu de l'armée israélienne, le Conseil de sécurité s'inquiétait de la souveraineté du Liban en votant une résolution (la résolution 1559) exigeant le retrait des forces de protection syriennes du pays des Cèdres. Un paradoxe qui n'en est pas un en fait, du fait même que les puissances imposent au monde leur propre lecture des évènements internationaux. Ainsi, la communauté internationale juge plus urgent de faire agir le Conseil de sécurité contre la Syrie, dont l'armée se trouve au Liban à la demande des autorités politiques de ce pays, mais se refuse à user des pouvoirs de ce Conseil pour faire appliquer par Israël les résolutions onusiennes toujours en attente d'application. Les morts de Khan Younès s'ajoutent ainsi à ceux de Jabaliya du début d'octobre, et les massacres de Rafah en septembre dernier. Durant ces deux derniers mois près de 300 Palestiniens ont ainsi été tués par l'armée israélienne dans l'indifférence générale de la communauté internationale qui s'émeut de la présence de soldats syriens au Liban, mais ferme les yeux sur les exactions des soldats israéliens dans les territoires palestiniens occupés. Au moment où l'armée d'occupation entame une nouvelle opération de représailles à Khan Younès, des manoeuvres sont faites autour du président Arafat, ou plus exactement autour de la supposée dégradation de son état de santé. Yasser Arafat, 75 ans, est malade. Vu son âge, sa situation de prisonnier dans son QG de la Mouqataâ, à Ramallah, depuis décembre 2001, rien d'étonnant à cela. Ce qui l'est en revanche, c'est ce soudain intérêt d'Israël pour la santé de M.Arafat, qui fait que le ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, «autorise» le président palestinien à quitter son QG de la Mouqataâ. De fait, le porte-parole du ministère israélien de la Défense a indiqué, hier, que «M.Mofaz a donné son autorisation à Yasser Arafat de quitter son QG pour aller se faire examiner dans un hôpital de Ramallah». Un humanisme soudain envers M.Arafat plutôt suspect. C'est ainsi que le ministre palestinien chargé des négociations, Saëb Erakat, a démenti ces assertions en déclarant que «L'Autorité palestinienne n'a pas demandé à Israël de transférer le président Arafat dans un hôpital de Ramallah ou ailleurs. Ce n'est pas vrai». De fait, la député palestinienne, Hanane Achraoui, s'est étonnée en estimant que M.Arafat allait aussi bien que l'on pouvait l'espérer indiquant «J'ai dîné (avec M. Arafat) il y a deux jours et il m'a semblé qu'il se portait bien» mais juge qu'il était temps «de le libérer même si on le faisait sous prétexte de raisons humanitaires». Mme Achraoui estime par ailleurs que les Israéliens «ont essayé de trouver une alternative à Arafat et n'ont pu que constater que la situation empirait sans lui. C'est pour cela qu'ils cherchent une bonne raison de le libérer». Toutefois, Sharon ne comprendra-t-il jamais le fait que la force ne règle pas, et ne peut régler, un fait essentiellement politique: le retrait israélien des territoires palestiniens occupés. La seule alternative à la paix et à la sécurité pour les Israéliens c'est leur départ des territoires palestiniens et l'application du principe des accords d'Oslo: la terre contre la paix. Car au Proche-Orient il n'y a pas d'autre alternative à l'échange de la terre contre la paix.