Mercredi aux environs de 17h30, une forte explosion a ébranlé les installations du complexe d'ammoniac d'Arzew. L'incident qui a provoqué un début de panique parmi les habitants de la localité n'a heureusement fait qu'un blessé léger, un ouvrier qui travaillait dans l'installation au moment des faits. Ces incidents à répétition dans nos complexes pétroliers suscitent une foule d'interrogations et de l'appréhension parmi les populations où sont implantés ces géants pétroliers. Pour les seuls complexes d'Arzew, ce furent pas moins de 8 incidents majeurs qui y ont été signalés. Des sources du complexe GZ2, endommagé il y a quelques jours par une explosion ont indiqué que parmi les pistes privilégiées par les enquêteurs figure la vétusté des installations. Construits durant les années soixante-dix, ces complexes ont besoin aujourd'hui d'un sérieux bain de jouvence pour rester opérationnels. «Ces installations avaient, dans le cas d'une maintenance assidue, une durée de vie n'excédant pas les vingt-cinq ans», dira un employé du complexe. Cette explication se trouve contredite par les propos du ministre de l'Energie, M.Khelil, qui avait, au cours d'un point de presse improvisé au cours de sa dernière visite à Arzew, affirmé que nos installations pétrolières subissent, conformément aux normes de sécurité industrielle universelles, des contrôles réguliers effectués par des équipes mandatées par les assureurs. Ces affirmations sont d'ailleurs soutenues par des employés de la zone industrielle d'Arzew que nous avons rencontrés et qui ont abondé dans le sens du premier responsable du secteur des hydrocarbures. On nous citera même le cas d'équipes nippones de contrôle et de maintenance actuellement en opération dans le complexe. Alors où se situent les véritables causes de ces sinistres à répétition? Nos interlocuteurs ne rejettent pas la thèse de la vétusté des installations mais avancent aussi l'élément de l'erreur humaine qui pourrait avoir son importance dans l'explication de ce phénomène. Récemment, un soudeur effectuait des travaux à l'arc sur un réservoir, une étincelle avait provoqué un début d'incendie et soufflé un ballon. Un minimum de précautions aurait pu éviter aux installations cet accident. L'élément humain vient souvent dans les discussions que nous avons eues avec certains employés du complexe qui affirment que nous assistons ces dernières années au transfert du témoin d'une génération aguerrie à une autre fraîchement émoulue. Les départs à la retraite de l'ancienne garde n'ont pas été compensés par des recrutements à la hauteur de la mission. «Des ingénieurs diplômés des universités avaient reçu une formation sur le tas après l'inauguration du complexe ce qui leur donna un capital expérience non négligeable. Leur départ à la retraite a provoqué une fracture qui se répercute aujourd'hui par la négative sur la maintenance des complexes pétroliers», dira un employé du complexe. Ce constat est toutefois battu en brèche par les propos d'autres employés qui affirment que les novices n'ont rien à envier aux anciens et que seule la vétusté des installations est à prendre en considération pour expliquer ces incidents à répétition. Pour le cas du complexe d'ammoniac, sinistré lui aussi, il y a environ 2 mois, le nouvel incident a touché le fourneau principal. Selon les premiers éléments de l'enquête, il semblerait que l'explosion s'est produite au cours d'une opération de maintenance. Cet accident qui risque de paralyser le complexe, nous rappelle l'explosion qui a endommagé les installations de l'unité de Skikda toujours à l'arrêt. Pour ce cas précis, la production d'ammoniac et de chlore, des sources ont affirmé que les effets de ces pannes se sont répercutés négativement sur la production d'engrais pour les besoins de l'agriculture et de chlore pour les besoins des eaux des barrages et des retenues. «Depuis la catastrophe de Skikda, une véritable pénurie frappe ces secteurs poussant l'Etat à importer ces matières de l'étranger pour éviter l'asphyxie à des activités comme l'hydraulique ou l'agriculture», diront des employés du complexe d'ammoniac d'Arzew que nous avons rencontrés au lendemain du sinistre. Nos sources ont affirmé que l'origine de l'accident de mercredi ne pourrait être qu'une erreur de manipulation, une thèse qui reste à confirmer ou à infirmer par les enquêteurs. Ces éléments auraient concouru à la multiplication des incidents survenus au niveau des installations de transport comme l'explosion survenue, il y a quelques jours sur un tronçon du gazoduc de Mohamadia dans la wilaya de Mascara.