La branche d'Al Qaîda en Syrie a enlevé au moins cinq rebelles entraînés et équipés par les Etats-Unis dans le nord-ouest du pays, rapporte une ONG hier, moins d'une semaine après en avoir capturé huit. «Le Front al-Nosra a enlevé entre lundi et aujourd'hui au moins cinq rebelles de la Division 30 du village de Qah près de la frontière turque», a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne). «Les combattants d'al-Nosra ont fait irruption dans un camp de réfugiés à Qah et au moins cinq de ces rebelles ont été capturés», a-t-il précisé. D'après M. Abdel Rahmane, al-Nosra est «en train de pourchasser tous les rebelles qui ont été entraînés par les Américains». A la mi-juillet, au moins 54 rebelles armés et équipés par Washington sont entrés en Syrie. Ils sont le premier groupe d'insurgés qui sont censés lutter contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie. Mais mercredi dernier, huit d'entre eux ont été kidnappés dans la province d'Alep (nord) par al-Nosra, groupe jihadiste rival de l'EI mais également visé par les frappes aériennes de la coalition dirigée par Washington. Al-Nosra a revendiqué le rapt, accusant ces rebelles d'être «des agents des intérêts américains dans la région». Le groupe a diffusé une vidéo de la capture présumé de rebelles. Deux jours plus tard, al-Nosra a attaqué un siège de rebelles soutenus par Washington et des combats qui ont suivi ont fait 25 morts parmi les jihadistes et sept parmi les rebelles entraînés par les Américains et leurs alliés. Un haut responsable gouvernemental américain avait annoncé que les avions américains avaient bombardé des positions d'al-Nosra, en réponse à l'attaque. Les autorités américaines désignent par «nouvelle force syrienne» (New Syrian Force, en anglais), les rebelles modérés qu'ils ont entrepris de former pour lutter contre l'EI, qui occupe environ la moitié du territoire syrien. Parmi ces rebelles figurent plusieurs combattants de la Division 30, une unité rebelle. D'autre part, les Etats-Unis ont effectué leur premier raid aérien pour «défendre» un groupe rebelle en Syrie, a confirmé le Pentagone lundi soir. Cette première frappe défensive américaine sur le territoire syrien a été menée vendredi et devait appuyer le groupe rebelle Nouvelle Force syrienne, selon un porte-parole du Pentagone, Bill Urban. «Nous devons agir pour défendre le groupe Nouvelle Syrie, que nous avons entraîné et équipé», a assuré le porte-parole. Un haut responsable gouvernemental avait annoncé que les Etats-Unis avaient bombardé des positions du groupe armé al-Nosra, en réponse à une attaque menée contre les rebelles entraînés par les Etats-Unis. Un peu plus tôt, le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest avait indiqué que la Syrie «ne doit pas interférer» avec les actions des forces formées par les Américains pour combattre le groupe autoproclamé «Etat islamique». A défaut de quoi, «des mesures supplémentaires» pourraient être prises pour les protéger, a-t-il ajouté. Washington signe ainsi le renforcement de son engagement dans la guerre civile qui déchire le pays depuis plus de quatre ans.