La Turquie a renouvelé, à l'occasion d'un Conseil militaire suprême (YAS) annuel, son état-major militaire sur fond d'interventions contre les rebelles kurdes et le groupe de l'Etat islamique (EI) en Syrie, a annoncé hier la présidence turque. Lors de trois jours de réunions à Ankara, le YAS dirigé par le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a décidé des promotions et avancement d'officiers alors que l'armée turque combat sur plusieurs fronts. Necdet Özel, actuel chef-d'état major des armées, qui part à la retraite, a été remplacé comme attendu par le commandant de l'armée de terre, le général Hulusi Akar, a indiqué devant la presse le porte-parole de la présidence, Ibrahim Kalin. Les forces armées turques sont sur plusieurs fronts depuis plus de deux semaines. Les frappes de l'aviation s'accentuent contre les bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est du pays et le nord de l'Irak après avoir ciblés les jihadistes en Syrie. L'actuel chef de l'armée veillant sur les régions de la mer Egée (ouest), le général Galip Mendi, a été promu à la tête de la gendarmerie, corps militaire en Turquie, qui organise surtout les opérations contre les rebelles kurdes. Avec les procès Ergenekon et Balyoz, deux affaires retentissantes de coups supposés qui ont ébranlé l'institution militaire jadis intouchable en Turquie, des nominations et promotions avaient fait l'objet de controverse. Ainsi, dans la marine, le corps le plus touché par ces affaires de complots antigouvernement, l'amiral Bülent Bostanoglu a été prolongé dans ses fonctions pour une année supplémentaire car il n'y a pas d'autre officier aussi gradé que lui pour lui succéder. Avec l'acquittement récent de plusieurs centaines de militaires dans ces affaires, ces derniers espèrent reprendre l'avancement normal de leur carrière. Le pouvoir islamo-conservateur turc qui dirige la Turquie, pays de l'Otan depuis 2002, a mis en oeuvre des réformes pour mettre au pas l'armée qui a fait quatre coups depuis 1960. Un attentat survenu le 20 juillet à Suruç (sud), qui a fait 32 morts parmi de jeunes militants kurdes, a déclenché un cycle de représailles entre la guérilla kurde et l'armée turque, celle-ci étant accusée de ne pas avoir protégé la population locale contre l'attaque de l'EI. Depuis, une trêve en vigueur depuis plus de deux ans avec le PKK a volé en éclats, et l'aviation turque a mené de nombreux bombardements sur les repaires du PKK et pilonne aussi les positions des jihadistes en Syrie.