La dernière visite de travail à Oran de M.Hamimid, le ministre de l'Habitat, a constitué, selon bon nombre d'observateurs, une sérieuse mise en garde adressée aux élus qui doivent dorénavant assumer pleinement leur rôle de commis de l'Etat chargé de préserver l'urbanisme et de veiller au strict respect des lois en matière d'habitat. M.Hamimid a rappelé dans ce contexte que les efforts de l'Etat pourraient venir à bout de la crise du logement si l'assiette foncière aujourd'hui disponible et qui permet de réaliser 2.200.000 unités était utilisée à bon escient. Ces précisions du premier responsable du secteur s'adressent en premier lieu aux autorités locales d'Oran où des dépassements sont fréquemment signalés. Outre la dilapidation du patrimoine foncier de la ville, la distribution du logement est souvent entachée d'irrégularités passibles de lourdes peines de prison. Pour la wilaya d'Oran, l'Etat a consenti d'énormes efforts en matière de logements. Les programmes Aadl (plus de 3000 unités), celui du LSP ou encore du RHP (résorption de l'habitat précaire dont une partie est financée par la Banque mondiale) sont autant d'opportunités pour les familles d'acquérir un toit. Seulement, la distribution n'a jamais été équitable et l'opération a toujours laissé des mécontents. Le Tout-Oran a encore en mémoire les aberrations réalisées à l'occasion des opérations de recasement des sinistrés. Pour la seule cité des 350 logements de Maraval, des individus n'ouvrant pas droit au logement social se sont retrouvés, grâce à certains appuis, attributaires de logements qu'il ont vite fait de vendre. C'est le même cas de la tranche des 1000 logements de Haï Sabah, distribués en 2002. Le travail des commissions de sélection des sinistrés, concernés par l'opération de recasement a été jeté dans un tiroir et la distribution s'est faite au gré des intérêts et des humeurs des ordonnateurs. M.Hamimid a dans ce sens placé la balle dans le camp des maires investis de la mission de premiers magistrats de communes qui doivent aujourd'hui assumer pleinement leurs responsabilités ou s'en décharger en remettant leurs mandats. Actuellement, Oran compte plusieurs centaines d'unités réalisées dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire, qui attendent d'être distribuées. Mais les APC ne voulant pas jouer leur rôle, tergiversent pour ne pas subir la colère des oubliés et autres recalés par la commission d'attribution. Les recours introduits ont été étudiés par la commission mise en place par l'APW, mais la distribution tarde à venir. Les remarques du ministre ne se sont pas arrêtées là puisqu'il a sommé les APC de procéder à la régularisation de la situation de bon nombre de sites érigés sans permis de construire en foulant aux pieds certaines normes urbanistiques. M.Hamimid a dans ce sens exhorté les APC à procéder à toute nouvelle construction n'ayant pas de permis de construire et à étudier le cas de régularisation de celles réalisées avant août 2004. Désormais, toute construction doit être agréée par un architecte et un ingénieur tout comme elle doit répondre à certaines dispositions et normes techniques pouvant garantir la préservation des vies humaines en cas de sinistre. Dans ce cas précis, les services de l'urbanisme auront du pain sur la planche pour étudier le cas de centaines de villas réalisées à Bir El Djir, Sidi El Bachir ou encore la Corniche où on parle de complexes hôteliers réalisés loin des normes techniques et en l'absence de permis de construire. Les maires pourraient à l'avenir être associés dans la réalisation du plan directeur de l'aménagement urbain pour éviter qu'Oran ne connaisse une autre saignée de son patrimoine foncier. Pour illustrer cet état de fait, des élus ont cité le cas du maire de Bir El Djir qui subit actuellement une véritable campagne de déstabilisation pour le pousser à signer le permis de construire aux membres d'une coopérative immobilière réalisée sur une assiette définie comme protégée dans le Pdau. M.Hamimid est venu à Oran pour définir les grandes lignes du programme du gouvernement et pour déterminer un champ au-delà duquel on sombre dans l'illégal. Oran, qui a été malmenée, espère aujourd'hui plus d'équité dans la distribution du logement, plus de rigueur dans l'urbanisme et surtout un suivi permanent des programmes qui lui sont octroyés.