Il fallait au gouvernement une politique très audacieuse pour envisager la relance. A une question sur les effets du séisme sur le déroulement des programmes en cours, M.Hamimid a eu cette réponse: «Le bâtiment va toujours!». Le secteur, qui a enregistré un énorme déficit cumulé depuis l'indépendance, a été sérieusement pris en charge depuis 1999. Alors que le retard pris se chiffrait, selon l'exposé du Président de la République devant les capitaines d'industries américains à 1 million de logements, il fallait au gouvernement une politique très audacieuse pour envisager la relance. Le redéploiement qui fut adopté, s'articule sur plusieurs axes. L'intervention directe de l'Etat pour la réalisation des logements sociaux a été complétée par différentes formules d'aides aux citoyens aspirant à un toit. La plus populaire d'entre elles, la location-vente qui s'adresse à la couche moyenne de la société a connu un vif succès. Une autre formule, le logement social participatif (LSP) non moins attractive, peine pourtant à être adoptée pleinement par la population. Différentes aides à la construction, notamment pour l'habitat en milieu rural, mériteraient d'être l'objet d'une vulgarisation plus grande. Et enfin le logement promotionnel qui connaît des fortunes diverses avec ses méventes par endroit et une demande qui dépasse l'offre en d'autres endroits. D'ailleurs, et pour soutenir le plan de relance du secteur, le conseil des ministres qui s'est tenu quelques jours à peine avant le séisme, avait autorisé l'importation de plusieurs millions de tonnes supplémentaires de ciment. De son côté, la production du fer à béton ne cesse de progresser. Le complexe sidérurgique de Annaba détenu à 70% par des capitaux indiens qui ont réussi à préserver les emplois, a vu, monter en cadence la production. «Plus de 100.000 logements sont ainsi réalisés chaque année depuis l'an 2001» a précisé l'invité de notre rédaction, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. A ce rythme et si chaque année le même nombre de logements est livré, en 2010 la crise sera résorbée en grande partie. Cette redynamisation est à double effet quand on sait qu'elle contribue parallèlement à la résorption du chômage. «Il ne faut pas oublier que le secteur compte 500.000 emplois» précise M.Hamimid. Il faut cependant signaler que le potentiel du secteur est plus important que les résultats enregistrés aujourd'hui. Si la formule location-vente est bien assimilée par l'ensemble des demandeurs de logements, elle est loin d'avoir atteint tous ses objectifs. Après avoir lancé 55.000 logements qui sont en cours d'achèvement, la suite du programme est en panne avec 65.000 logements que la Cnep, malgré la mission que lui a assignée le gouvernement, ne fait toujours pas démarrer. En outre, le Logement social participatif (LSP) caractérisé par le regroupement des demandeurs autour d'un promoteur privé pour bénéficier d'une aide individuelle située entre 400.000 et 500.000 dinars non remboursable n'a pas encore atteint son «rythme de croisière». Une vaste campagne d'explication est sur le point d'être lancée par le département ministériel. Elle insistera sur les garanties offertes par un fonds mis en place à cet effet, pour rendre la relation avec les promoteurs privés plus confiante. A eux seuls, ces deux programmes bien menés devraient propulser la construction, régler en grande partie le problème du logement en Algérie, créer des milliers d'autres emplois et rajeunir le parc immobilier du pays dont la vétusté est établie. Néanmoins, les autres formules seront d'un appoint non négligeable. Le tableau dressé par M.Hamimid lors de la visite qu'il nous a rendue, est on ne peut plus optimiste. Le séisme n'a en rien entamé ces prévisions car pour faire face à cette catastrophe, 20000 nouveaux logements vont être réalisés dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2003. Ceci sans compter le relogement d'urgence et transitoire prévu par la mise en oeuvre d'un programme de cabines dites sahariennes qui resteront disponibles au terme de cette phase. Il faudra juste prévoir une augmentation des quantités de ciment à importer pour que le rythme de réalisation ne soit pas affecté. Le respect du maintien de la cadence inscrite dans le programme du gouvernement et le franchissement sans incidence de l'obstacle créé par le tremblement de terre font l'objet d'une attention particulière, avons-nous appris du ministre. Oui, le bâtiment va toujours ! Il a peut-être été ébranlé par le séisme, mais pas compromis.