Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aissa «La recommandation de la ministre n'est pas une décision du gouvernement.» Les imams reprennent sur leur compte la campagne virulente contre la ministre de l'Education nationale, initiée par les courants arabo-baâthistes et islamo-conservateurs, qui y ont décelé une atteinte à la langue arabe ou du Coran. En effet, la quasi-majorité des imams ont consacré leurs prêches de vendredi dernier à l'une des recommandations de la ministre de l'Education, Mme Benghebrit, relative à l'introduction de la langue maternelle dans le préscolaire et l'enseignement primaire. Interrogé au sujet de cette dérive, hier, le ministre des Affaire religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa s'en lave les mains. Le ministre qui a accepté d'évoquer ce sujet brûlant de l'actualité a affirmé en marge des travaux de la session de formation et d'orientation des membres de la mission pour le service des hadjis, tenue hier à Alger, que son département n'a donné aucune instruction de ce genre aux imams. «On n'a pas donné instruction aux imams en vue de dénigrer et s'attaquer à la ministre car ces derniers respectent la ministre de la République», a-t-il souligné. Cependant, le ministre des Affaires religieuses a souligné que la recommandation de la ministre de l'Education relative à l'introduction de l'arabe dialectal dans les deux premières années du cycle de l'enseignement primaire «ne constitue pas une décision du gouvernement». Cette précison faite, il ajoute que «toute décision gouvernementales doit être élaborée et adoptée dans un cadre constitutionnel approprié qui est le Conseil des ministres». Qui interpellera alors ces imams zélés? Cela, même s'il reste que la suggestion de la ministre, qui a suscité les critiques des uns et le soutien des autres, n'est qu'une recommandation parmi beaucoup d'autres». Par contre dit-il, j'ai souvent entendu le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, appeler à la préservation du triptyque de l'identité nationale: islam, arabité et amazighité.. Selon lui, l'Ecole algérienne est fondée par le chef de file de l''Association des Ouléma musulmans, Ibn Badis, défenseur acharné de la médersa de l'enseignement coranique dans le contexte colonial. A titre de rappel, prendre en considération la langue maternelle de l'enfant dès sa première année scolaire fait partie des 200 recommandations élaborées lors de la Conférence nationale sur l'éducation, qui seront soumises au gouvernement. Par ailleurs, Mohamed Aïssa ne fait pas exception à la règle gouvernementale à propos de l'impact de la chute brutale et continue des cours des hydrocarbures sur son département: «On n'est pas dans l'austérité, mais dans la rationalisation des dépenses», a-t-il affirmé. Avant de préciser que «certains projets sont reportés et les revendications salariales des imams sont légitimes mais ne peuvent être satisfaites faute de moyens financiers». A propos de l'idée éventuelle que des hadjis soient à la merci des fatwas des wahhabite et salafistes radicaux à La Mecque, le ministre dit «compter sur l'Arabie saoudite, pays hôte, qui s'est engagée dans la lutte contre cette idéologie fondamentaliste». Dans ce contexte, il estime que le nombre des mourchids à l'horizon d'un imam pour 250 hadjis, dont le nombre total est de l'ordre de 28.800, est «insuffisant». Sur un autre registre, le ministre dément l'information selon laquelle l'Arabie saoudite aurait annulé le visa Hadj VIP. Enfin, le premier responsable est revenu sur les efforts déployés par l'Office national du Hadj et de la Omra (Onho) pour l'amélioration des conditions de séjour des hadjis aux Lieux Saints. Pour M.Aïssa, il s'agit d'«oeuvrer à corriger les erreurs commises par le passé» Le directeur général de l'Onho Youcef Azzouza, a évoqué au début de la rencontre les mesures adoptées pour garantir la meilleure prise en charge des hadjis algériens.