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Entre le sacré et le profane
NOVEMBRE 1954 - NOVEMBRE 2004 GUERRE DE LIBERATION
Publié dans L'Expression le 03 - 11 - 2004

L'Algérie vit aujourd'hui de multiples temporalités, marquées chacune par un vide cyclique qui systématise irrémédiablement son parcours.
En titubant, depuis l'indépendance, elle tente tant bien que mal à trouver une issue favorable à une quête incessante d'une idéologie perdue ou inédite. Il est difficile de cerner avec exactitude les tenants et les aboutissants d'un tel parcours. Au point où les repères les plus visibles, fût-ce un temps, ne trouvent plus preneurs. Sommes-nous devenus vraiment un peuple moderne au point de se targuer de dire et crier sur tous les toits sa pseudo-capacité évolutive et précoce à la fois, ou virtuellement la désuétude de nos moeurs et le quotidien amer que nous vivons quand l'hypnose politique nous enchante?
A-t-on réussi, en l'espace de quarante-deux ans, à capitaliser la richesse léguée par nos aïeux, martyrs d'une temporalité valeureuse. Des hommes et des femmes de la meilleure pâte pétrie dans des mains saintes et miraculeuses ont fait serment de libérer cette terre au prix du suprême sacrifice «leurs vies»? Le rêve s'est exaucé et l'objectif sacré atteint. Ils peuvent se reposer en paix, car ils seront à tout jamais les exemples inégalables et irremplaçables dans l'expérience des luttes des libérations populaires. L'oeuvre de ces hommes est sacrée. Elle relève d'une dimension transcendant toutes les échelles du courage et de l'abnégation. Un tel sacrifice est aujourd'hui blasphématoire. Faire son beurre et traire la vache laitière «Algérie» est un idéal qui mérite plutôt sacrifice. Une devise devenue leitmotiv ou mode de production social. Saigner cette Algérie jusqu'à l'os est un management auquel s'adonnent avec joie nos concitoyens. La réussite par la ruse et non par l'effort et le savoir est un art consacré.
L'écart se creuse comme un cratère entre deux pôles sociaux distincts, les pauvres et les riches. L'absence avérée d'une gestion efficace et durable dans nos villes et villages dénote, incontestablement, la défaillance notoire et visible qui entrave toute tentative de programmation ingénieuse concoctée pour durer et réussir. Nous sommes en face de profanes qui s'évertuent à étaler leurs savoir-être à défaut d'un savoir-faire, dont ils sont d'ailleurs indigents, et qui, plus est, est susceptible de faire la différence si savoir y est. Ils étouffent les initiatives et tuent dans l'oeuf le progrès. Les technologies nouvelles sont pour eux une science inutile. Elles se résument à suivre la mode des P1, P2... P4, etc. Si Intel s'aventurait à inventer un PX, ils seront au rendez-vous. Ils le sont déjà pour les portables tous azimuts et les voitures grand luxe. L'utilité publique l'exige!
Telle est la bonne gouvernance à leurs yeux. Ils gèrent par à-coup pour se prémunir contre la prospective. Le développement durable peut encore attendre. Ils n'ont pas encore digéré le développement local qui, à lui seul, occupe tout leur temps. Le manège du ménage urbain s'est instauré comme un outil de réhabilitation des villes. Les concepts sont difficiles à comprendre et encore moins à être formulés en prévision de leur mise en oeuvre. La corruption est un virus semble-t-il étranger qui entrave leurs efforts. C'est la faute à Rousseau si la recherche scientifique est incapable d'éradiquer ce fléau du siècle. Et, ce n'est pas demain la veille qu'on verra s'instaurer la qualité managériale requise pour nos villes et villages. Et, c'est encore la faute à son ami Voltaire, si certains de nos responsables ont fait l'école buissonnière.
jeunes sans profil
La capacité à fructifier les dividendes dont Dieu a bien voulu nous gratifier à l'orée d'une nouvelle décennie, reste tributaire de cette prouesse d'investissement durable et fructueux. La richesse d'un pays se mesure à la hauteur et à la qualité de ses hommes. Ce sont les hommes qui produisent de la richesse et non l'inverse. Dans ce domaine, l'Algérie reste nettement en retard par rapport à d'autres pays. Elle devra s'atteler à réduire cette carence béante et corriger les erreurs du passé. Les exilés du savoir sont malheureusement nombreux. Ils ont préféré immigrer à défaut de faire les sourds-muets. Car leur science fût, un temps, assourdissante pour quelques oreilles sensibles. Nous les apercevons aujourd'hui à travers un écran sans frontières, évoquer en larmes le souvenir amer de leur départ. Le pays dans l'âme, ils prodiguent aux autres ce qui nous est plutôt bénéfique. Ils enrichissent les riches pour nous endetter davantage. Un tel paradoxe est le résultat probant de notre mauvaise gestion. Malheureusement, le sentiment de redevance qu'ils éprouvent envers le pays hôte, les ronge scrupuleusement plus que nos remontrances. A qui la faute?
Quant aux jeunes sans profil, sans culture, sans savoir-faire, rongés par l'oisiveté, sans perspectives locales en vue, ils préfèrent s'insurger en haragua et leur devise demeure: «Prendre le large sans retour». C'est l'ensorcellement immatériel de la vie facile qui les appelle. Joséphine le retour. Les exemples de jeunes qui ont réussi l'exploit de survivre sans moyens matériels ni capacités intellectuelles, sont pour eux des modèles qui stimulent leur entreprise fugueuse. Rien ne les décourage pour tenter l'aventure. La richesse disent-ils est de l'autre côté. Le côté lumineux de la terre. Il fait sombre chez nous, répliquent-ils à nos incantations. A qui la faute encore une fois?
A la lumière de ce qui précède, l'échantillonnage initial invoqué reprend à son compte quelques aspects imagés de notre sombre existence. La temporalité sociale est invoquée ici pour situer et décrire sommairement le socle fondamental de notre nation. Tout en évitant de verser dans le négativisme, bien que la réalité soit là, infalsifiable et vérifiable au quotidien, il nous autorise à nous interroger sur la possibilité et les modalités pratiques de réformer les mécanismes rouillés de la bureaucratie, de nous inscrire dans les perspectives géostratégiques durables et de nous armer de patience et de courage pour naviguer dans les eaux troubles de la mondialisation sans se faire mal. Une telle entreprise demande plus qu'un simple constat des faits et le courage d'un homme qui prône la réconciliation et la paix. Il ne s'agit pas d'un simple remodelage traditionnel pour se croire prêt à plonger dans l'inconnu. Les enjeux sont conséquents.
Elle exige de nous, outre une refonte totale des mentalités et une maîtrise incontestable de la communication au sens large du mot, un apprentissage sérieux et honnête du mode communautaire, de la convivialité, de l'urbanité et de la réconciliation de proximité. Des temporalités qui mêlent le sacré et le profane, mais ne les confondent pas avec profanation et sacrilège. Des échelles qui échafaudent la structure spirituelle de la société. Structure toute aussi palpable, car de toutes ses temporalités, aucune ne peut s'émouvoir immatériellement. Une dualité structurelle qui plonge pourtant ses racines dans l'histoire de notre nation.
La bonne gouvernance
Au regard de ce qui est véhiculé aujourd'hui, notre communauté se déchire graduellement sous nos yeux. Evangélisation, islamisation et pourquoi pas bouddha pour éloigner le mauvais augure et les esprits maléfiques. Notre religion souffre de l'agitation des apostats. La liberté de culte est un bien beau mot qu'il faut situer dans l'espace-temps Algérie. Inviter au dialogue les antagonistes et conjurer le mal, extirper le démon qui nous désunit, briser les tabous. La convivialité exige de nous la tolérance, l'échange entre les personnes de la même communauté, sans préjugés d'appartenance, de culte, de culture et de situation sociale. L'urbanité se mesure à la hauteur de notre capacité à vivre en communauté dans un climat de convivialité, matérialisé à travers nos réalisations urbaines. Quant à la réconciliation, elle ne peut réussir que si elle concilie les individus dans la proximité. Entre le rêve et l'utopie, il faut choisir le plus proche!
Dans cette perspective, rien ne peut se faire en l'absence de nos institutions. Néanmoins, il y a lieu de s'interroger également sur leurs véritables essences. Sont-elles au point pour endiguer la marche de la mondialisation ? Sont-elles armées pour maîtriser les concepts, les méthodes et les pratiques y afférentes? Communiquent-elles vraiment pour comprendre l'interactivité des faits et des causes? Gèrent-elles convenablement pour exiger des autres d'être exemplaires? S'inscrivent-elles dans une dialectique politique susceptible de les situer par rapport au rôle qui leur est dévolu? Il est légitime de s'interroger sur leur capacité intrinsèque d'adaptation aux changements économiques, politiques et sociaux.
Comme l'histoire de notre pays, dernier bastion à notre résurgence, n'a pas encore livré toute la substance nécessaire à un éclairage sans complaisance des vérités, la répartition naturelle des rôles et des responsabilités d'antan, reste encore à déterminer. Le qui a fait quoi et le qui était responsable de qui et de quoi, entoure d'une chape de plomb les structures réelles d'une révolution sacrée. On continuera à se tromper encore de chiffres. On attribuera complaisamment des rôles fictifs en guise de diplômes pour se faire une place au soleil. Car les morts ne peuvent plus témoigner ni se défendre et certains survivants honnêtes préfèrent faire l'autruche, laissant les plus téméraires tirer profit de cette rente sacrée.
Ajouter à ce mal qui ronge progressivement notre histoire au point d'être décriée par la jeunesse d'aujourd'hui. C'est dans l'indifférence totale que l'événement sonne dans l'ouille de cette fraîche catégorie, masse politique nécessaire dans la construction de notre nation. L'école s'avère incapable de fournir le peu d'intérêt stimulant la lecture historiographique à nos écoliers. Le maître est malade, l'histoire peut attendre. D'ailleurs il n'y a pas assez de livres pour intéresser quiconque et encore moins couvrir les besoins statistiquement maîtrisés.
Tant que Sésame ne s'ouvre pas pour nous, restituer les matériaux nécessaires à l'écriture de l'histoire, nos spécialistes vagueront encore pour longtemps dans les spéculations stériles. En l'absence d'une réflexion démunie des interférences profanes, ils continuent à produire des scénarios spatio-temporels au lieu de construire une dialectique historique capable de baliser le débat et définir les concepts à leur juste valeur. Là, le débat peut éventuellement s'engranger et les témoins livreront, nous le souhaitons, leurs secrets. Car il faut dire une chose, aujourd'hui la réconciliation est une valeur ajoutée qui devra contribuer positivement dans nos réflexions. Les comptes doivent êtres soldés pour permettre une approche progressiste dans la gestion de la mémoire collective de notre nation.
A la veille de la commémoration du cinquantenaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, comme à la veille de celle de l'indépendance, une question rituelle revient à l'esprit comme interrogation ultime et nécessaire sur la destination future programmée pour notre nation : Où va-t-on de ce pas nonchalant? L'Algérie devra faire ses comptes, avant. A-t-elle été à la hauteur des aspirations pour lesquelles les Abane, les Ben M'hidi, les Didouche, les Zighoud, les Boudiaf, les Bitat et
autres, se sont sacrifiés? Méditera-t-elle les propos lourds et tranchants comme un couperet mortel d'un Mechati, membre des 21 : «Ce pays est devenu invivable»?


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