«Le contenu d'une cacahuète est suffisant pour que deux amis puissent le partager.» Proverbe burkinabé La vente d'El Djazairia TV a créé une grande interrogation sur l'avenir de l'audiovisuel privé en Algérie. Mais pour de nombreux observateurs, cette vente est tout à fait légale et conforme à la nouvelle loi de l'audiovisuel. En réalité, cette vente était même programmée, mais les associés de la chaîne qui avaient lancé l'aventure ont précipité la décision et cédé leur projet jugé trop risqué politiquement et financièrement. Aujourd'hui, seules Echourouk TV et El Djazairia TV sont conformes aux dispositions de l'article sur la propriété de la chaîne, qui stipule que le propriétaire original ne doit posséder que 40% du capital de la chaîne. De nombreuses chaînes s'apprêtent dans les semaines, voire les jours à venir, à ouvrir leur capital pour de nouveaux propriétaires. C'est le cas notamment d'Ennahar TV qui demeure l'une des télévisions les plus importantes du paysage audiovisuel algérien. La chaîne est dirigée par le couple Anis Rahmani et Souad Azzouz, qui doivent impérativement céder quelques parts. Deux autres associés doivent être impliqués dans l'aventure d'Ennahar TV. Même chose pour le groupe Haddad qui possède déjà deux chaînes Dzair TV et Dzair News. Le big boss et patron du FCE doit absolument impliquer deux nouveaux associés pour les deux chaînes. Si Mohamed Hakem, l'actuel DG du groupe Media de Haddad a toute la confiance du grand patron; Ali Haddad devra néanmoins trouver un nouvel actionnaire pour partager les 30% qui restent de la société et se conformer ainsi à la loi. Il faut savoir que la majorité des propriétaires des télévisions privées peut garder 40% et doit en revanche partager les 60% qui restent de la société à des associés qui n'ont aucun lien de parenté ou d'alliance directe avec le propriétaire. Même chose pour Samira TV et Hogar TV qui restent détenues actuellement par un seul actionnaire. Il est également difficile pour Mahieddine Tahkout, de partager la chaîne Numidia News sachant qu'il est très difficile en association. La capitalisation de l'audiovisuel algérien privé demeure une opération très complexe, mais pas totalement difficile dans la mesure où chacun devra trouver son compte. Reste à savoir si le partage des parts du paysage audiovisuel privées offrira des opportunités de travail pour les professionnels et surtout créera la concurrence loyale dans un paysage jusque-là couvert d'opacité. Une opacité sur la valeur réelle financière de ces chaînes de télévision et sur leur pouvoir d'investissement à long terme. Généralement, l'investissement dans les télévisions est très risqué. Pour cela le média doit avoir de l'influence pour pouvoir convaincre les annonceurs de se bousculer à sa porte. Il est suicidaire pour un homme d'affaires (surtout s'il est nouveau dans le club des milliardaires) d'investir dans un média qui pourrait lui causer sa perte. L'exemple de Moumen Khalifa qui a vu son empire tomber à cause de sa télévision privée en est un parfait exemple. L'exemple également de Nessma TV qui avait échoué dans sa mission de conquérir le Maghreb en est un autre exemple. La chaîne privée tunisienne a plus réussi en investissant dans son pays d'origine finalement. La capitalisation des télévisions privées algériennes est avant tout une longue réflexion et surtout un bon investissement. [email protected]