«Que Dieu te préserve de l'aveugle lorsqu'il commencera à voir.» Proverbe marocain Depuis quelques jours la scène audiovisuelle nationale ne vit qu'au rythme des rumeurs. Et le plus ancré à faire circuler les rumeurs c'est bien la presse électronique. Car comme les chaînes privées, les médias électroniques sont off-shore et ne seront pas inquiétés pour diffamation. Parmi les rumeurs qui circulent, le changement à la tête de l'Arav (Autorité de régulation de l'audiovisuel). Une structure créée il y a presqu'une année et qui n'a pas été installée dans les normes. Car si l'instance possède un président, la structure est une coquille vide, puisqu'aucun membre n'a été officiellement installé. Depuis son installation par le ministre de la Communication Hamid Grine le 21 septembre 2014, Miloud Chorfi est seul dans toute cette autorité. Seul à affronter les tourbillons médiatiques et l'anarchie des chaînes privées. Quand ce dernier a obtenu son siège situé au Sacré-Coeur, Miloud Chorfi a commencé à travailler (en attendant son décret), car selon la loi un responsable d'une institution publique peut travailler en tant qu'intérimaire et prendre des décisions en attendant la publication de son décret. C'est dans ce contexte que le patron de la première autorité de régulation de l'audiovisuel algérien, a commencé à rencontrer les patrons des chaînes accréditées. A rencontrer d'autres responsables d'autorités audiovisuelles étrangères comme c'est le cas du patron du CSA français, qui demeure la première référence pour nos responsables en matière de régulation audiovisuelle. Miloud Chorfi qui attendait toujours d'avoir son décret, n'a pas manqué d'autorité et a été ferme dans des situations parfois délicates. Même si tout le monde connaît la prudence et la sagesse de l'ancien porte-parole du RND, aujourd'hui certains cercles qui ont vu le montant de son salaire s'afficher, jugent qu'il n'est pas l'homme de la situation. Et pourtant, le ministre de la Communication avait déclaré à l'époque: «Cette décision n'a pas été prise dans la précipitation, mais dans un cadre légal et organisé.» Comment peut-on s'affirmer homme de la situation quand on est handicapé par la non-publication d'un décret? Comment peut-on juger de l'échec de Miloud Chorfi quand celui-ci n'a pas encore réuni le corum pour l'entamer? Il est d'ailleurs louable d'avoir tenu presqu'une année une institution qui n'a pas encore de budget et dont les petits employés sont obligés d'être payés par d'autres institutions. Pourquoi changer un président d'une autorité qui a déjà travaillé une année sur les dossiers presque opaques de télévisions au financement douteux, aux propriétaires fictifs et aux dépenses scabreuses? Quelle que soit la décision qui devra être prise, virer ou remercier Miloud Chorfi ne sera jamais la meilleure solution pour l'Arav, car une autorité ce n'est pas seulement une personne, c'est surtout les huit membres, les différents conseillers et experts qui y siègent. Miloud Chorfi restera le juge des juges et surtout l'autorité morale et politique d'une institution qui devrait plus avancer que faire marche arrière. [email protected]