Des patients sont régulièrement détournés des hôpitaux publics vers des cliniques privées. «En intentant une action en justice, nous en saurons davantage. Notre frère ne sera pas ressuscité mais que cela serve de leçon afin que plus jamais personne ne soit victime de ces pratiques mafieuses et pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de notre frère Nabil», a affirmé mercredi dernier lors d'un point de presse, Mourad Idir, frère du défunt, décédé dans des circonstances jugées par la famille d'«obscures» à l'hôpital Khelil Amrane d'une embolie graisseuse après avoir subi une intervention chirurgicale à la clinique privée le Rameau d'olivier. Y a-t-il eu réellement une erreur d'appréciation médicale et négligence du médecin traitant dans le cas du jeune Nabil Idir, décédé le 10 octobre dernier des suites de complications survenues après un accident de voiture et après avoir été confié au circuit médical? Au vu de la tournure qu'a pris l'affaire, la famille est en tout cas persuadée que son fils a été victime de négligences. D'ailleurs, et selon le frère de la victime, le directeur de l'hôpital Khelil Amrane, a rejeté en bloc la prétendue incapacité de son établissement à procéder à l'opération pour laquelle la victime a été dirigée vers la clinique privée de Oued Ghir. «Il nous a montré une pile de dossiers de malades opérés avec succès pour des fractures du fémur», souligne Djamel Idir, frère du défunt. Cependant, le fait le plus troublant a trait au fait que c'est le Dr Menzou en personne qui a signé le certificat de décès à l'hôpital Khelil Amrane, alors qu'il était en dehors de ses heures de travail puisqu'il venait justement d'opérer la victime au niveau de la clinique privée, distante du chef-lieu d'une dizaine de kilomètres. Un acte médical légal qui ne doit être théoriquement signé que par le médecin de service au sein de l'établissement hospitalier ou bien par le médecin légiste. En plus des accusations, ce détournement de patient d'une structure publique vers un établissement privé, la famille Idir rejette en bloc les affirmations du Dr Menzou. Ce dernier a déclaré à la presse: «...A aucun moment je n'ai orienté la famille du blessé vers la clinique privée. Je lui ai juste exposé la possibilité d'évacuer le blessé vers le CHU de Tizi Ouzou, ou carrément s'adresser à des établissements privés en possession des moyens matériels spécifiques exigés, pour le cas que j'avais entre les mains». Une «allégation» rejetée par le frère du défunt, Tarek. «C'est moi-même qui avait suggéré son transfert vers le CHU de Tizi Ouzou». En outre, les parents du défunt soutiennent que le chirurgien s'est rendu coupable de défaut de soins envers son patient. Opéré du fémur, le jeune Nabil est décédé d'une embolie pulmonaire à l'hôpital Khelil Amrane où il a été admis une nouvelle fois pour prétendument absence d'une unité de réanimation à la clinique du Rameau de l'olivier. La question qui s'impose d'elle-même, sachant pertinemment l'absence d'une telle unité de soins au niveau de la clinique, c'est pourquoi alors programmer des opérations chirurgicales quand on sait que nul patient n'est à l'abri d'une complication de dernière minute? Apparemment, ces détournements de patients d'une structure publique vers des établissements privés sont devenus monnaie courante. Aujourd'hui, la famille Idir, tout en étant convaincue que rien ne rendra la vie à son fils, Nabil, est déterminée à mettre à nu ces «pratiques mafieuses», dont la motivation primaire est d'ordre pécuniaire. D'ailleurs, elle lance un appel à témoin pour que ce genre de pratiques ne se reproduisent plus au sein des établissements hospitaliers publics. Gageons que la justice ira jusqu'au bout de ses investigations pour faire la lumière sur cette triste affaire qui a endeuillé toute une famille.