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Pourquoi serions-nous tous des djihadistes?
UN TEMOIGNAGE EN PRISE DIRECTE SUR LE DJIHADISME
Publié dans L'Expression le 03 - 09 - 2015

L'auteur nous apprend comment il sera interpellé, dès les premiers départs de jeunes Européens vers la Syrie et l'Irak, en tant que chercheur par la façon dont certains «experts» commentaient ces départs, proposaient un argumentaire qui ne faisait qu'agrandir le fossé d'incompréhension qui se creusait entre la société et ses djihadistes.
Pourquoi nous sommes tous des djihadistes est le titre générique d'un témoignage/document édité par la Boîte à Pandore et Céline Editions. Chercheur universitaire palestino-belge, islamologue, spécialiste du djihad armé, l'auteur est constamment sollicité par les médias européens à l'occasion de nombreux colloques ou d'émissions radiotélévisées. Il intervient aussi dans la presse écrite en tant qu'expert, notamment pour Der Spiegel. Pourquoi nous sommes des djihadistes est une réponse concrète à quelques questionnements qui ne sont pas sans hanter les pays occidentaux où vivent depuis fort longtemps, quand ils n'y sont pas nés, de jeunes musulmans. Parmi les interrogations qui ont servi de trame à Montasser Alde'emeh, l'auteur de ce livre de 280 pages, figurent: «Qu'y a-t-il dans la tête des jeunes djihadistes qui quittent la France, la Belgique, les Pays-Bas ou l'Angleterre? Qu'y a-t-il dans la tête d'un jeune né ici, qui part dans un pays dont il ignorait jusqu'à l'existence il y a cinq ans?» Révolté certainement par les explications approximatives restituées «doctement» par quelques experts autoproclamés, bien loin du théâtre de combat, il décida un jour de rompre avec son confort pour rejoindre en Syrie un groupe de jeunes djihadistes européens: «J'ai vécu, dormi, mangé et passé les frontières avec eux.» Ses conclusions sont étonnantes à bien des égards.
Dans ce témoignage, l'auteur rompt radicalement avec l'autoflagellation chère à certains intellectuels arabes pour restituer des faits et des choses sur la base d'une narration dénuée de tout jugement et/ou de toute forme de moralisation: «Debout dans mon petit appartement, devant le miroir, je regarde cette longue barbe noire qui orne depuis des mois mon visage. Elle est le symbole de tous les moments incroyables que je viens de vivre pour terminer mon sujet de recherche de doctorat qui porte sur l'extrémisation violente de jeunes musulmans européens partis faire le djihad en Syrie et en Irak.» Il venait juste de revenir de Syrie, des environs d'Alep où il aura vécu pas moins de deux semaines avec de jeunes djihadistes belges et néerlandais recrutés pour se battre et mourir pour Jabhat a-Nosra. Montasser Alde'emeh nous apprend comment il sera interpellé, dès les premiers départs de jeunes Européens vers la Syrie et l'Irak, en tant que chercheur et en tant que personne issue de l'immigration, par la façon dont les médias et certains «experts» commentaient ces départs, proposaient un argumentaire qui ne faisait qu'agrandir le fossé d'incompréhension qui se creusait entre la société et ses djihadistes. Au cours de son périlleux périple, le chercheur palestino-belge découvre que les choses ne sont pas si simples et que si les jeunes préfèrent l'Irak et la Syrie à la négation ambiante de leur pays d'accueil, ce n'est pas sans raison: «Régulièrement, j'ai appris que certaines familles sont parties vers ce que le Coran et les hadiths appellent la Terre Sainte. C'est pour moi la preuve que tous ne partent pas se battre, mais que les faveurs accordées aux immigrants (Muhadjirin) sont si séduisantes qu'ils préfèrent mener une vie dans un pays en guerre plutôt qu'en Belgique.»
Pour le sociologue franco-iranien Farhad Khosrokhavar, la tradition laïque donne aux musulmans ordinaires le sentiment d'être mal-aimés. Certains s'affirment alors dans une forme d'orthodoxie: «Le problème est à mon sens moins la laïcité que sa ́ ́rigidification ́ ́ et son invocation à chaque fois que le problème de l'Islam apparaît dans l'espace public; le foulard est perçu par certains laïcs comme un signe de fondamentalisme.
La focalisation trop passionnelle sur le foulard est l'un de ces cas où l'on passe insensiblement du rejet du fondamentalisme à celui du religieux tout court.
Les musulmans doivent intérioriser les normes laïques, mais la société doit aussi respecter les musulmans dans leur spécificité. Une jeune femme portant le foulard peut-elle être républicaine ou non? À mon sens, oui, si on lui en donne la possibilité.» La même source estime que l'adhésion active des musulmans à la lutte contre l'extrémisme religieux est fondamentale dans le combat contre le djihadisme et la France est mal préparée à cela, en raison même de la suspicion dont les musulmans orthodoxes sont les cibles. Il faut transformer leur adhésion passive à la lutte contre le djihadisme en une adhésion active, et pour cela il faudra reconnaître que le fait d'être religieux n'est pas synonyme du rejet du vivre-ensemble républicain. Et c'est un avis que partage Montasser Alde'emeh surtout sur le fait qu'il y a lieu de comprendre en urgence que de nombreux jeunes musulmans en Europe connaissent des problèmes d'identité, qu'ils veulent trouver une place dans la société mais qu'ils ont le sentiment de ne pas être acceptés en tant qu'égaux, qu'ils seront toujours considérés comme des étrangers, comme l'Autre, le Maghrébin... Pour l'auteur de Pourquoi nous sommes tous des djihadistes, la lutte sur le front cultuel doit être menée par les imams qui doivent aborder des sujets actuels dans leurs prêches et conférences: «Ils devraient apparaître comme des figures paternelles charismatiques afin que les jeunes viennent leur demander conseil.»
Le chercheur palestino-belge estime, à juste titre d'ailleurs, que ces combattants sont le fruit amer de la société occidentale et chaque citoyen de cette sphère en porte une part de responsabilité: «En faire porter la responsabilité sur un groupe comme Sharia4Belguium ne fait pas véritablement avancer le débat.» En d'autres termes, les mosquées devraient être les lieux de rencontre où les jeunes musulmans pourraient venir avec leurs frustrations et obtenir des réponses à leurs questions. Le sociologue Farhad Khosrokhavar soutient une telle démarche dans Jihadist ideology - The anthropological perspective. Un ouvrage écrit à l'effet de proposer une réflexion sur les fondements idéologiques qui sous-tendent l'action des djihadistes, qu'ils soient sunnites ou chiites. Pour cet auteur franco-iranien, les conditions d'émergence du djihadisme en Europe sont sociales, économiques et culturelles: «Mais, sitôt mis en branle, le djihadisme devient une ́ ́logique de conviction ́ ́, une ́ ́spiritualisation de la mort ́ ́, une forme d'affirmation de soi où la vie est mise au service d'un idéal mortifère et où l'individu peut se trouver entraîné dans un engrenage qui le happe totalement.» C'est pourquoi, et en cela il rejoint Montasser Alde'emeh, la déradicalisation doit accorder une place significative au cultuel et au désendoctrinement.


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