Au cours de cette balade musicale atypique, le visiteur est subitement propulsé au Mahgreb, sur les traces des sources de transmission de la musique arabe. Reflet de la voix, du souffle et de l'âme de milliers d'artistes ayant généré une constellation de musiques d'une richesse inouïe, l'exposition «Des voix à la nouba» est le refrain indélébile d'une épopée musicale aux vibrations inimitables. Organisée à la Maison de la culture Malek-Haddad par le département «Patrimoine immatériel et arts vivants de la manifestation Constantine, capitale 2015 de la culture arabe», l'exposition est une saga éblouissante retraçant 800 ans d'une immense explosion de créativité que la musique arabe ne cesse, depuis lors, d'exprimer. De l'histoire de la musique depuis le Hidjaz jusqu'à l'Andalousie, aux écoles maghrébines de la musique arabo-andalouse, en passant par les icônes arabes de la musique et les questions-réponses autour de la musique, l'exposition est un immense espace interactif haut en couleur et en sonorités où le visiteur effectue une pérégrination intemporelle. Occupant la quasi-totalité du hall de la Maison de la culture, l'exposition thématique, sensorielle et immersive embarque le visiteur, équipé d'un guide audio interactif avec casque, sur les traces de l'histoire de la musique arabe, abordant des thèmes majeurs, aussi vastes que passionnants. Le visiteur atterrit au Hidjaz, première halte, et apprend devant la riche collection de photographies de bédouins de la péninsule Arabique, au travers de documents sonores et audiovisuels, que les belles notes musicales arabes, la créativité ininterrompue ont commencé, il y a huit siècles par le «houda», un chant des chameliers nomades réglé sur les rythmes du balancement du dromadaire. D'un document audio à un autre, le visiteur remonte le temps, traverse monts et déserts et survole l'histoire pour arriver à Damas, où il est projeté dans une des belles cours des Omeyyades, au coeur d'un beau spectacle de chant du célébrissime S'ib Khathir. Muni du guide interactif, le flâneur passe à la Baghdad des Abbassides et redécouvre l'éblouissement d'une douce et belle arabesque de créativité qui a fait d'un art une science et salue le talent inégalable des Al Mawssili, père et fils, à qui la musique arabe doit le premier conservatoire de Monde arabo-musulman, la première école de luth, le premier système des «maqam», les différentes expressions de la voix et pas moins de 900 mélodies. Dans ce périple, sur les traces des lieux magiques, prestigieux et poétiques, le visiteur est en Andalousie, à Cordoue où Ziryab, l'artiste de génie, met au point les techniques poétiques et vocales des «mouwachah» et du «Zajal», introduit dans la cour le système des noubas, fondement de la tradition musicale andalouse, et révolutionne «l'oûd». Au cours de cette balade musicale atypique, le visiteur est subitement propulsé au Mahgreb, sur les traces des sources de transmission de la musique arabe. A Kairouan, alors capitale de la dynastie des Alghlabides, sous le règne des Fatimides et des Zirides, Mou'anis al Baghdadi, Al Hadhib Abdelwahab, Ibrahim Al Raqiq et Ibrahim Al Husari et tant d'autres talentueux artistes perpétuent l'éclat de la musique arabe et composent de nombreuses mélodies sur des textes de poètes maghrébins. D'espaces plus intimes à d'autres plus ouverts, le visiteur feuillette les petits faits de la grande histoire de la musique arabe, parcourt l'itinéraire de l'évolution du «oûd», sultan des instruments de la musique arabe. Il compulse également l'aventure passionnante de la transcription des «noubas» des écoles algériennes de la musique andalouse, depuis l'ecclésiastique anglais Thomas Shaw en 1732 jusqu'au livret de Goualam-Allah Abdelkader dans les années 1990, ressuscitant les «touchias» (pièce instrumentale servant d'ouverture, composée sur un rythme binaire ou quaternaire) en passant par le génie des musiciens Mohamed Benali Sfendja (1844-1908), Abderrezak Fakhardji (1911-1984), Djaïdir Hamidou (1923-2004) ou encore Ahmed Serri (1926).