Les syndicalistes dénoncent la démarche unilatéraliste du gouvernement dans ce dossier. La Centrale syndicale exprime sa position concernant le dossier des privatisations que le gouvernement Ouyahia vient de remettre sur le tapis. Après avoir exhorté, il y a quelques jours, toutes ses fédérations et les sections syndicales affiliées à son organisation à arrêter une «position claire» sur ce sujet, la réaction ne s'est pas faite attendre. Le secrétariat de l'Union nationale des travailleurs des mines, de la mécanique de l'électricité et de l'électronique (Fntmmee ), a réagi en dénonçant avec virulence les propositions d'Ahmed Ouyahia. «La décision unilatérale qui vise la privatisation des sociétés publiques est intervenue sans la participation du partenaire social», a écrit dans un communiqué la Fntmmee, réunie lundi, suite aux orientations de la Centrale syndicale qui a demandé à toutes les fédérations de donner leur avis sur ce sujet. Pour cette filiale de l'Ugta, la démarche du gouvernement «vise à la déstabilisation du mouvement syndical pour permettre aux multinationales d'imposer leur manière de gérer qui leur assurera le gain facile». Ainsi l'Ugta semble opter pour une réponse graduée afin de contrer «de façon efficace» la démarche du gouvernement. Si la centrale n'affiche pas d'hostilité aux réformes, elle tient à avoir plus de visibilité sur la manière dont elles vont être menées, en tant que partenaire social «La Fntmmee refuse catégoriquement que des facilités soient données aux multinationales qui monopolisent notre secteur» a dénoncé le même communiqué qui demande également aux pouvoirs publics «d'établir une stratégie économique pour défendre la souveraineté nationale». Ahmed Ouyahia a réitéré, il y a deux semaines, la volonté de son gouvernement de privatiser les quelque 1200 entreprises publiques du pays. Ouyahia a estimé, justifiant ces privatisations, qu'il n'était «plus possible d'entrer dans l'économie de marché avec les méthodes éculées des dernières décennies comme il est vain d'aspirer à l'ouverture sur le marché mondial avec des entreprises encore sous domination de l'Etat ou de l'administration». La Centrale syndicale qui s'est accommodée des privatisations depuis l'ouverture économique, qui a adhéré au pacte social proposé par le président de la République avant sa réélection pour un second mandat ne compte plus jouer le rôle de faire-valoir. Le principal grief retenu par les syndicalistes contre le gouvernement est sa démarche unilatérale. «la Fntmmee s'attendait à ce que les pouvoirs publics ouvrent un débat avec toutes les parties concernées pour trouver la meilleure voie de protection des entreprises publiques» a encore écrit dans le communiqué la Fntmmee relevant «le fait que l'occasion ne soit pas donnée aux entreprises publiques pour une concurrence dans un environnement sain et transparent» et s'interroge dans le même document sur le sort de certaines entreprises nationales qui n'ont pas été assainies. Ces soubresauts renseignent sur les blocages qui minent les réformes économiques. Les uns frileux car angoissés par les incertitudes de l'avenir, les autres jaloux ne veulent pas céder des monopoles menacés par une économie ouverte et transparente. Entre-temps c'est toute l'économie nationale qui en pâtit. En attendant d'être mieux structurée.