Les syndicalistes de la fédération nationale des travailleurs de la métallurgie, mécanique, électrique et électronique (FNTMMEE) s'inscrivent en faux contre le programme de privatisation des 1 200 entreprises du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. Les syndicats des entreprises du secteur, qui se sont donné, hier, rendez- vous à la maison du peuple à l'appel de la fédération, sont presque unanimes quant au rejet catégorique de la décision d'Ahmed Ouyahia. Bien plus, ils se font menaçants. "Si le chef du gouvernement persiste dans sa décision, nous allons organiser, le jour de la tenue de la tripartite, des sit-in au niveau du palais du gouvernement. Si on n'a pas gain de cause, on ira à une grève générale", a averti M. Benmouloud, secrétaire général de la section syndicale de la SNVI. Un syndicaliste de la DVP abonde dans le même sens en n'écartant pas, lui aussi, l'éventualité d'une grève générale de tous les travailleurs de toutes les entreprises. Pour mieux exprimer leur mécontentement, les métallos ont improvisé une marche dans la cour de la Centrale syndicale en entonnant des slogans hostiles à la privatisation. "Nous ne voulons pas qu'ils cèdent nos entreprises à un dinar symbolique à des trabendistes. Nous ne faisons pas confiance au gouvernement. Ils ont appauvri la population. Ils ne veulent pas d'industrie. Ce qui les intéresse, c'est l'économie de bazar." "Nous refusons catégoriquement la privatisation. Ce n'est pas normal qu'on propose à la privatisation des entreprises qui dégagent des bénéfices", s'est écrié M. Benmiloud. Quelles sont ces entreprises ? Il n'en cite aucune. "Nous ne comprenons pas comment des syndicalistes soutiennent les privatisations", lance-t-il encore. Une pointe lancée à l'adresse des syndicalistes de l'Ispat-Sider qui semblent trouver des vertus à la privatisation. "Ce sont des gens en panne d'idées. L'opposition à la privatisation est un combat d'arrière-garde. À mon sens, le syndicalisme aujourd'hui doit être une force de contre-proposition", rétorque, pour sa part, Kouadria Smaïl, chargé des conflits du syndicat d'Ispat. "Nous respectons les positions de tout un chacun. Mais nous estimons que l'expérience de notre complexe, qui est entré en partenariat avec le groupe indien Ispat, est positive à plus d'un titre. Non seulement nous avons plus d'acquis sociaux, mais bien plus, on a triplé notre chiffre d'affaires. Ceci dit, nous ne voulons imposer notre point de vue à personne. Nous voulons seulement participer au débat et proposer notre expérience à ceux qui veulent s'en inspirer." Pour sa part, Mohammed Seddik Kordjani, président de le FNTMMEE, dit prendre acte de l'opinion de la base. "Nous allons transcrire les propositions des syndicats des entreprises. Ensuite, le 31 décembre, on remettra le dossier à la centrale", soutient-il. Autre chose. Les syndicalistes interpellent la centrale pour accélérer le processus du renouvellement de la composante dirigeante en tenant, dans les plus brefs délais, le congrès de la fédération. Le mandat de l'équipe de M. Kordjani est arrivé à son terme il y a de cela une année, selon les syndicalistes. Faut-il souligner que la réunion d'hier n'a duré que quelques minutes. Un groupe de syndicalistes, hostile aux privatisations et surtout à M. Kordjani, l'a empêchée. Rappelons que la fédération compte quelque 72 entreprises qui emploient près de 75 000 travailleurs. A. C.