Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie La fabuleuse manne pétrolière qui avait atteint 193,269 milliards de dollars fin juin 2014 est tombée à 159,027 milliards de dollars à la fin du mois de juin 2015. Le bas de laine constitué grâce à la manne pétrolière fond comme neige au soleil. Les réserves de changes ont chuté de plus de 34 milliards de dollars en l'espace d'une année. «Cela indique une forte contraction des réserves officielles de changes entre fin juin 2014 et fin juin 2015 et qui se sont contractées de 34,242 milliards de dollars en raison de l'impact du choc externe sur la balance des paiements extérieurs de l'Algérie depuis le quatrième trimestre 2014», a indiqué le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, lors de la présentation des tendances financières et monétaires de l'Algérie au premier semestre 2015. La Trésorerie du pays s'érode à un rythme qui n'est pas annonciateur de lendemains qui chantent. Cela constituera davantage de grain à moudre pour les fossoyeurs de la République. Mais l'Algérie a peut-être plus d'un tour dans son sac. Elle survivra très certainement à cette mauvaise passe qui lui a fait prendre conscience que l'addiction à l'or noir peut lui être fatale. Les chiffres sont certes noirs. Nul ne peut le contester. Certes, l'Algérie a perdu près de 20 milliards de dollars en six mois et plus de 34 milliards de dollars en 12 mois. Comment les interpréter? Tout dépend de ce que l'on veut leur faire dire ou de ce que l'on veut entendre. Si l'on émet la volonté d'être pointilleux, ne pas dramatiser et faire preuve d'objectivité l'on s'apercevra que l'économie nationale oppose une résistance jusque-là ignorée à la dégringolade des prix du pétrole. Pour s'en rendre compte, il suffit tout juste de prendre pour référence l'état des réserves de changes entre le mois de mars et le mois de juin 2015. Soit sur une période de 3 mois. Que disent-ils? Le niveau de la manne pétrolière s'est établi à 159,027 milliards de dollars à fin juin 2015 contre 159,918 milliards de dollars à la fin du mois de mars 2015. Soit une baisse de 891 millions de dollars. L'Algérie aura puisé dans son bas de laine moins de 900 millions de dollars en un trimestre. En termes plus simples et plus clairs, cela signifie qu'elle est en train de limiter les dégâts. Mieux que prévu, dans une conjoncture qui ne lui fait pas de cadeaux. Les prix du pétrole évoluent actuellement au-dessous de la barre des 50 dollars. Hier, vers 11h40, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 48,82 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,14 dollar par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 69 cents à 45,36 dollars par rapport à la clôture de vendredi, le New York Mercantile Exchange étant fermé lundi en raison d'un jour férié aux Etats-Unis. A-t-on vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué? Très sérieusement, on est tenté de dire oui, si l'on se fie à notre démonstration. La saignée est certainement loin d'être maîtrisée. «Toutes les nouvelles concernant le marché du pétrole ces dernières 24 heures ont été négatives», notaient les analystes de Commerzbank. «L'Arabie saoudite entend bien poursuivre sa stratégie de protection de ses parts de marché en maintenant ses niveaux de production actuels, actuellement autour des 10,2 et 10,3 millions de barils par jour (mbj), jusqu'à la fin de l'année», soulignaient les experts du second groupe bancaire allemand. Les mauvais chiffres venant de Chine, deuxième plus gros consommateur de pétrole au monde, ont de nouveau renforcé les inquiétudes des investisseurs alors que l'Iran est sur le point de mettre 1 million de barils par jour supplémentaires sur un marché déjà saturé. L'Algérie a mis en oeuvre son plan (promotion de la production nationale, mesures pour réduire la facture des importations, développement local...) pour faire face à un éventuel effondrement des cours de l'or noir. Attendons 2016 pour juger de son efficacité.