Les recettes engrangées grâce aux ventes de pétrole et de gaz ont fondu de plus de 43,1 milliards de dollars La dégringolade des prix du pétrole a sévèrement affecté la trésorerie du pays, a déclaré le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Est-ce désamour entre l'Algérie et son pétrole? Ce qui est certain c'est que leur lune de miel est perturbée par un violent orage. Le couple est en crise. Ça ne roule plus pour le baril. Les cours de l'or noir boivent la tasse. L'économie nationale trinque. Le gouverneur de la Banque d'Algérie évalue les dégâts. «L'impact du choc externe sur les finances publiques, fortement tributaires de la fiscalité pétrolière, se reflète dans le creusement du déficit budgétaire et l'érosion des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR)», a déclaré, mardi dernier, M.Laksaci à l'occasion de la présentation des principales tendances financières et monétaires durant le premier semestre 2015. *La dégringolade des prix du pétrole a sévèrement affecté la trésorerie du pays. Les recettes engrangées grâce à la fiscalité pétrolière se sont contractées. Les recettes de la fiscalité pétrolière ont atteint 1254,9 milliards de dinars à fin juin 2015 contre 1 518,3 milliards de DA au second semestre 2014 et 1870 milliards de DA au premier semestre de la même année, indiquent les chiffres rendus publics par la Banque d'Algérie. La machine s'est déréglée. Conséquence: «Les ressources du Fonds de régulation des recettes ont chuté à 3441,3 milliards de DA à fin juin 2015, subissant une érosion drastique de l'ordre de 1714,6 milliards de DA entre fin juin 2014 et fin juin 2015, soit une réduction de 33,3% en l'espace de 12 mois après plusieurs mois d'efforts soutenus d'épargne budgétaire» souligne l'institution dirigée par Mohamed Laksaci. Les finances publiques de l'Algérie courbent l'échine sous la baisse combinée des exportations d'hydrocarbures dont elles tirent plus de 95% de leurs revenus en devises et des cours de l'or noir qui ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis le mois de juin 2014. La sanction est terrible. Les recettes en devises engrangées grâce aux ventes de pétrole et de gaz ont fondu de plus de 43,1 milliards de dollars. Elles sont passées de 31,79 milliards de dollars au premier semestre 2014 à 18,1 milliards de dollars à la même période de l'année 2015. Maigre consolation: les exportations hors hydrocarbures ont légèrement progressé pour atteindre 812 millions de dollars à fin juin 2015 contre 648 millions de dollars à fin juin 2014. Une goutte d'eau dans un océan! Le contrecoup est violent. Un coup de grisou! Que disent les chiffres? La balance commerciale a accusé un déficit de 8,18 milliards de dollars alors qu'elle s'était montrée excédentaire de 2,31 milliards de dollars au premier semestre 2014. Pour ternir un peu plus ce tableau, le solde global de la balance des paiements a accusé un déficit de 14,39 milliards de dollars au premier semestre 2014 contre seulement 1,32 milliard de dollars sur l'ensemble du premier semestre 2014. Lundi dernier, la Banque d'Algérie avait annoncé que les réserves de changes avaient chuté de plus de 34 milliards de dollars entre la fin du mois de juin 2014 et la fin du mois de juin 2015. Une tendance qui n'est apparemment pas près de s'inverser. La raison: les prix du pétrole évoluent à l'heure actuelle sous la barre des 50 dollars. Hier vers 11h30, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 49,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 6 cents par rapport à la clôture de mardi dernier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 22 cents à 45,72 dollars. L'or noir a vraisemblablement décidé de mettre l'Algérie dans le rouge...