Les réserves de change de l'Algérie ont baissé de plus de 34 milliards de dollars, induisant une dépréciation de 22% du dinar en à peine une année, soit depuis le début de la baisse des cours du pétrole, en juin 2014, le baril ayant perdu depuis plus de 50% de sa valeur. C'est ce qui ressort, en substance, de la note de conjoncture du premier semestre de l'année en cours, dévoilée hier par Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), lors d'une rencontre avec les PDG des banques à Alger. Ainsi, les réserves de change officielles de l'Algérie – c'est-à-dire son matelas de devises qui garantit à la fois sa solvabilité à l'étranger, mais aussi le pouvoir d'achat de sa monnaie – ont baissé à 159,027 milliards de dollars (or non compris) à fin juin écoulé, contre 178,938 milliards de dollars à fin décembre dernier et 193,269 milliards de dollars à la fin du premier semestre 2014. En tout, l'effondrement des cours pétroliers mondiaux, qui dure depuis à peine plus d'un an, a fait perdre à l'Algérie quelque 34,2 milliards de dollars sur ses réserves de change officielles qui, faut-il le rappeler, conditionnent la soutenabilité même des finances de l'Etat et, par conséquent, tout l'édifice de l'économie nationale, dont la viabilité reste étroitement liée aux hydrocarbures. Or, les ventes de gaz et de pétrole de l'Algérie, soit quelque 97% de ses recettes en devises, ont chuté de plus de 43% en un an pour s'établir à seulement 18,1 milliards de dollars à fin juin dernier, contre près de 32 milliards de dollars à la même période de 2014. En contrepartie, les importations de biens n'ont baissé, elles, que de quelque 10% sur la période considérée, atteignant 27 milliards de dollars au premier semestre 2015, contre 30,13 milliards de dollars à la même échéance de 2014. Creusement des déficits Conséquence : la balance des paiements – sorte de baromètre de l'ensemble des échanges financiers du pays avec le reste du monde – a enregistré un déficit global de 14,39 milliards de dollars, tandis que le déficit du Trésor, c'est-à-dire des finances publiques, s'est creusé à 902 milliards de dinars sous l'effet, bien évidemment, de la faiblesse des recettes de la fiscalité pétrolière, mais aussi de «dépenses budgétaires toujours élevées», comme le souligne si bien la Banque d'Algérie dans sa note de conjoncture. In fine, le creusement des déficits du budget de l'Etat et de la balance des paiements, ainsi que l'effondrement des réserves de change qui s'en est suivi en raison de la chute des prix du pétrole, ont eu notamment pour effets une dévalorisation accrue de la valeur du dinar et une érosion inquiétante des avoirs du fameux Fonds de régulation des recettes (FRR) qui permettaient jusque-là de couvrir les déficits budgétaires. De fait, révèlent les statistiques de la BA, la dégradation des fondamentaux de l'économie nationale – soit en gros des revenus des hydrocarbures – a entraîné «une dépréciation de 22% du cours moyen du dinar par rapport au dollar» sur la période allant de juin 2014 à juin 2015. Une dépréciation à fort impact, en somme, tant pour les entreprises de production que pour le pouvoir d'achat des citoyens, a fortiori quand on sait qu'elle s'accompagne de fortes poussées d'inflation dont le niveau avoisine désormais les 5%. Dans le même contexte, indique encore la BA, la faiblesse des finances publiques, trop dépendantes de la fiscalité pétrolière, a déjà eu comme premier effet majeur «une érosion drastique des ressources du FRR, de l'ordre de 1714,6 milliards de dinars entre fin juin 2014 et fin juin 2015, soit une réduction de plus de 33,3% en douze mois». Ainsi, du fameux Fonds de régulation des recettes mis en place en 2000 pour gérer les surplus de l'embellie pétrolière, il ne restait désormais plus que 3441 milliards de dinars à fin juin dernier, contre 5155,9 milliards de dinars il y a à peine une année.