La différence par rapport aux autres Ramadan, c'est que les actes terroristes se feront, cette fois, sur le terrain de la provocation, pas seulement en direction du pouvoir algérien, mais aussi contre le monde entier et à sa tête les Etats-Unis Harcelés par l'ANP dans les maquis, mis en déroute dans les grandes agglomérations et irrémédiablement lâchés par la communauté internationale, les groupes terroristes algériens tentent encore de se frayer un chemin pour occuper les devants de la scène. L'attentat d'avant-hier est vraisemblablement l'oeuvre d'une cellule jusque-là dormante du GIA, selon des sources généralement bien informées. De par la façon d'opérer et l'explosif utilisé dans l'attentat, les spécialistes estiment qu'il y a de très forte probabilité que cet acte ait été perpétré par le même groupe qui a commis l'attentat de La Casbah en août dernier. Les deux actions terroristes se voulaient une preuve que le GIA n'a pas abandonné la guérilla urbaine. Mieux encore, les dates choisies pour passer à l'action ne sont pas du tout fortuites. En effet, pour le premier attentat, les médias du monde entier étaient braqués sur Alger en raison de la Fête mondiale de la jeunesse. La bombe de la rue de Chartre, même si elle n'avait fait aucune victime, a néanmoins eu un retentissement international considérable. Elle signait en quelque sorte le retour de la guerre urbaine qu'a menée le GIA aux populations d'Alger. Elle signifiait aussi que l'organisation terroriste, malgré les coups reçus, demeure encore réelle intra-muros. En août dernier, c'était un réseau dormant qui se réveillait, avec le risque, toujours présent d'ailleurs, que d'autres réseaux se manifesteraient durant le mois de Ramadan. A ce propos, des informations recoupées démon- trent que l'organisation de Zouabri a infiltré plusieurs petits groupes dont la mission première est de mettre Alger à feu et à sang. Le retour de la terreur dans la capitale s'imposait comme un objectif stratégique du GIA qui, très sérieusement affaibli en campagne, n'avait d'autre choix pour exister que de frapper les esprits comme au temps des années rouges. Entre-temps, les Etats-Unis étaient ciblés par un attentat jamais perpétré dans l'histoire du terrorisme international. Du coup, le GIA et le Gspc qui étaient de sombres organisations armées intégristes se retrouvent à la Une de tous les médias internationaux comme les pires ennemis de l'humanité. Du jour au lendemain, Zouabri et Hattab sortent d'un pseudo-anonymat pour être montrés du doigt par la toute-puissante Amérique. La guerre menée par la communauté internationale contre l'organisation Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden et ses alliés les taliban, est considérée par les deux terroristes les plus recherchés d'Algérie comme dirigée contre eux aussi. D'où, estiment certains observateurs, «la nouvelle mission» que se sont donnée les deux organisations, en soutenant leurs frères taliban et promettant une guerre sans merci contre les mécréants. Vu leur champ d'action qui se limite au territoire national, c'est donc dans nos frontières qu'une autre bataille sera menée. Une bataille que les terroristes veulent médiatique, à leur manière, en agissant à des moments où leurs actions auront toutes les chances d'avoir un écho au-delà du territoire national. La différence par rapport aux autres Ramadan, c'est que les actes terroristes se feront, cette fois, sur le terrain de la provocation, pas seulement en direction du pouvoir algérien, mais aussi contre le monde entier et à sa tête les Etats-Unis, histoire de démontrer que le combat de Ben Laden continue. Aussi, il y a lieu de craindre de la part du GIA et du Gspc un retour sur le terrain des opérations armées. Une option que les services de sécurité prennent très au sérieux, conscients que la grande bataille contre le terrorisme mondial sera livrée à Alger. La nouvelle bataille d'Alger est à venir. A l'inverse de celle de 1957 où le peuple soutenait les moudjahidine contre l'autorité coloniale, la bataille de 2001 opposera la société algérienne aux hordes barbares du GIA.