Attendre et voir! Seul l'avenir confirmera ou infirmera les propos tenus, samedi, par le secrétaire général [par intérim] du RND, Ahmed Ouyahia. De fait, c'est son hobby: tourner autour du pot, faire miroiter des scoops, sans aller au fait. M.Ouyahia s'est ainsi adonné à son péché mignon, un exercice de style, lors duquel il brassa large, passant en revue les principaux événements de l'actualité sans, au final, apporter de vraies informations. Connaissant le personnage, le contraire aurait été étonnant. C'est de fait sa seconde nature, de dire une chose et son contraire, laissant l'auditoire dubitatif. Samedi dernier, l'actuel directeur de cabinet de la Présidence, a abordé maints sujets qui font l'actualité, tels les réaménagements au sein du DRS ou les annonces cycliques d'un retour sur le champ politique [sous une forme ou une autre] de l'ex-FIS. A chaque fois, la résultante qui prédomine est que le secrétaire général du RND, en dit trop ou pas assez. Irons-nous jusqu'à écrire que M.Ouyahia parle pour ne rien dire? Ainsi, lorsqu'il affirme que Madani Mezrag - repenti et ex-dirigeant de l'AIS - ne sera pas autorisé à former un parti politique, il faudra prendre ces déclarations avec beaucoup de précaution, tant la réalité a souvent démenti des affirmations par trop zélées, ou en mission commandée. Il y a un fait que les analystes politiques ne prennent pas en compte: Ahmed Ouyahia est un politique chevronné - et, à en croire certains, quelque peu retors - dont chaque mot est pesé ne lui faisant dire que ce qu'il entend lui faire dire. Dit autrement, les propos de M.Ouyahia n'engagent point l'Etat - il n'a ni les compétences intrinsèques, ni n'est habilité pour ce faire - même si d'aucuns voient en lui un porte-parole du pouvoir. Sans doute, au regard de sa double casquette. Samedi dernier, c'était le chef du RND qui discourait dans le cadre de ses activités. Ceci dit, un homme politique qui entre dans un gouvernement - c'est le principe fondamental de toute démocratie - le fait sur la base d'un compromis politique où le programme politique est négocié pour arriver à un terrain politique qui satisfasse les deux parties. Est-ce le cas de M.Ouyahia? En clair, le chef du RND n'a pas la compétence politique nécessaire pour affirmer dans un sens ou dans l'autre les décisions prises par le pouvoir. En fait, le sort réservé aux tentatives de Madani Mezrag de revenir dans le champ politique national, n'est pas du ressort des partis politiques, du reste partagés sur la question. Ce qui est vrai pour le secrétaire général du RND, l'est également pour le Premier ministre [Abdelmalek Sellal] et le ministre de l'Intérieur [Noureddine Bedoui] lesquels ont également opposé un «niet» aux efforts de Madani Mezrag. Or, contrairement au premier responsable du RND, MM. Sellal et Bedoui ne sont pas des «politiques», mais des technocrates qui sont nommés pour faire un travail. Notons toutefois le fait que Ahmed Ouyahia compte parmi les plus éminents hommes politiques du pays, sa longue expérience dans les arcanes du pouvoir en fait un gestionnaire irremplaçable. Cela ne lui donne pas pour autant la «compétence politique» lui permettant de donner du signifiant à ses propos, notamment lorsqu'il évoque des domaines liés à la politique et à la sécurité. L'affirmation d'un éminent juriste, Mohamed Bedjaoui, ancien président du Conseil constitutionnel selon lequel «il est parfaitement absurde d ́attendre d ́une institution, si haute soit-elle, dès lors qu ́elle ne possède pas une compétence générale et que toutes ses attributions sont cadenassées (...)» qu'elle remplisse correctement ses missions, est encore plus pertinente pour ce qui est des hommes. De fait, M.Ouyahia a encore réitéré samedi, que la révision de la Constitution relevait uniquement du chef de l'Etat, admettant au passage, qu'il «ignore» son mode d'adoption [par référendum ou au Parlement] faisant également état de son ignorance quant à la date de l'annonce. Une manière de dire qu'il n'en sait pas plus que le commun des quidams. Le seul point positif que l'on peut lui conférer est lorsqu'il affirme qu'il n'a pas de «conflit avec [Abdelmalek] Sellal». Il n'y a aucune raison de ne pas le croire. Aussi, la rentrée politique de M.Ouyahia n'avait pas de quoi fouetter un chat! Evoquant la situation économique du pays, M.Ouyahia fustige les importations à outrance qui «menacent de mort» le pays. Ah, bah! Rappelé aux affaires, après une traversée du désert, n'affirmait-il pas, il y a quelques années «(...) l'insouciance, la médiocrité ainsi que les égoïsmes individuels qui prennent le dessus sur la collectivité, sur nous-mêmes, sur notre patrie (...) entravent le développement du pays». Dix ans après, le constat reste d'actualité.