Pour sa sortie médiatique, Ouyahia a tenu, comme à son habitude, à rassurer les Algériens en s'efforçant de clarifier au mieux les questions d'actualité qui restent entourées de confusion et aussi à donner le point de vue du RND sur d'autres aspects qui font l'objet d'un débat très controversé. Il en est ainsi du recours à l'endettement extérieur. Sans surprise, il confirme qu'il est opposé à cette option. On sait qu'Ahmed Ouyahia a toujours rejeté le recours à l'endettement lui préférant d'autres options, comme le partenariat appuyé sur les investissements étrangers. Au cours de sa conférence de presse qu'il a animée au siège de son parti, il a rappelé que «l'Algérie a une marge de sécurité et n'a pas besoin de recourir à un endettement extérieur». D'ailleurs, précise-t-il, c'est le chef de l'Etat qui a interdit le retour à l'endettement extérieur. Il fait observer que la dette extérieure actuelle de l'Algérie n'est que de 400 millions de dollars et ce, grâce au la «sage décision» du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de rembourser par anticipation la totalité de la dette extérieure du pays. Pour Ahmed Ouyahia, le peuple peut être «rassuré pour les trois ou quatre ans à venir dans la mesure où le pays dispose de près de 160 milliards de dollars de réserves de changes». De même, il se dit contre le retour du crédit à la consommation. Sur la question de la diversification de l'économie, il introduit une nuance, en faisant remarquer que celle-ci est déjà diversifiée, mais que l'Algérie qui n'exporte que les hydrocarbures, doit, en fait, «diversifier ses exportations». Le secrétaire général par intérim du RND laisse entendre que ce qui gêne les investissements, ce n'est pas le manque de facilités accordées aux opérateurs économiques, mais la persistance du «phénomène de la bureaucratie et de la corruption». Concernant la révision de la Constitution, le secrétaire général par intérim du RND n'a pas hésité à marteler une explication qui revient systématiquement dans ses interventions, à savoir que «la question de la révision de la Constitution relève seulement des prérogatives du président de la République, et c'est lui seul qui gère ce dossier». Coupant court aux informations qu'il juge «exagérées» à propos de ce projet, il insiste, en tant que responsable de parti et en tant que cadre de l'Etat, sur le fait que la décision revient au président de la République. Toutefois, il estime «possible que celui-ci serait annoncé durant l'année en cours», ajoutant que le RND «attend toujours la fin de l'élaboration du projet de Constitution qui ne saurait tarder», sans savoir si la nouvelle Constitution passera par un référendum populaire ou par voie parlementaire. Il fallait s'y attendre, là également, Ahmed Ouyahia a livré une réponse cinglante à l'idée qui circule, selon laquelle l'ancien chef de l'AIS, Madani Mezrag, pourrait créer un parti politique : «L'Etat n'autorisera pas Madani Mezrag à créer un parti politique dans la mesure où les lois sur la concorde civile, la réconciliation nationale et sur les partis politiques l'interdisent». Ahmed Ouyahia a rappelé qu'il n'est pas interdit aux cadres de l'ex-FIS «d'exercer leurs activités et de tenir des réunions», citant pour preuve les rencontres qu'organisaient Madani Mezrag à Jijel depuis le début les années 2000. Ils ne sont pas exclus de la scène politique nationale à condition qu'ils respectent les lois de la République. A ce titre, fait-il observer, ils ont été invités par la Présidence pour participer aux consultations menées autour de l'amendement de la constitution. Autre clarification : il n'y a aucun conflit entre Ahmed Ouyahia et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Le secrétaire général par intérim du RND, tout en réaffirmant l'engagement de son parti aux côtés du président Bouteflika et du gouvernement et aux côtés de Abdelmalek Sellal, a tenu à démentir formellement s'être attaqué au Premier ministre, «un frère et un ami depuis 1979». Ahmed Ouyahia a rappelé être dans la politique depuis une vingtaine d'années et avoir été trois fois à la tête du gouvernement, pour une durée de dix ans. Il a souligné à ce propos n'avoir jamais critiqué l'action de l'Exécutif lorsqu'il en sortait, étant convaincu que la politique est une question de choix et que le travail de son parti complétait celui du gouvernement. Sur les questions délicates qui touchent aux services de sécurité, Ahmed Ouyahia a été prudent s'en tenant aux principes qui guident l'action de l'Etat. Sur les changements opérés au sein du DRS, il estime qu'«il n'y a pas de lecture à faire», mais, précise-t-il «ce n'est pas une guerre menée par Bouteflika». Il rappelle que le Groupe d'intervention spéciale (GIS) dissous en 2015 été créé en 1989 dans une conjoncture sécuritaire particulière. «En 2015, l'Algérie a retrouvé la paix et la sécurité», explique-t-il, en ajoutant que «la sécurité du pays n'est pas menacée par la dissolution de ce corps. Il y a des milliers et des milliers de régiments capables d'intervenir pour la sécurité du pays. Il y a des groupes spéciaux à la police et à la gendarmerie qui sont capables d'intervenir».