C'est la première sortie de Benflis après l'agrément de son parti En l'absence de transparence et de critères clairs, il est difficile, selon Ali Benflis, de comprendre la mise à la retraite de l'ancien patron du DRS. Evoquant par la suite, la situation économique du pays, le président de Talaie El -Houriat s'est longuement étalé sur la crise que traverse le pays, notamment l'impasse budgétaire induite par la chute des prix du pétrole. En effet, l'Algérie étant dépendante à 98% des revenus pétroliers, a enregistré un déficit de 26 milliards de dollars depuis l'affaissement des prix des hydrocarbures au marché international. «Certains responsables essaient de nier l'ampleur de la crise. Or, les faits sont là, l'Algérie enregistre un déficit de 2600 milliards de dinars. Pour y remédier, le gouvernement compte recourir au Fonds de régulations des recettes et aux réserves de changes, mais ils ne peuvent pas couvrir ce déficit, au mieux, que durant deux ans. Pour ce qui est des mesures prises dans le cadre de la LF 2016, elles ne tiennent pas la route. Le gouvernement n'a pas le courage de prendre les décisions qu'ils faut car, pour ce faire, il faut être légitime et il ne l'est pas. S'agissant de la bancarisation de l'argent de l'informel, elle ne rapportera, selon les prévisions de plusieurs experts, qu'entre 250 et 350 milliards. Comment le gouvernement comblera-t-il alors les 2 600 milliards de déficit? Nous sommes en crise», a-t-il déclaré. Et analysant l'opération d'intégration de l' «argent de l'informel dans le circuit formel, il a indiqué que «l'idée en elle-même est évidemment indiscutable puisque il est nécessaire de bancariser l'argent de l'informel». Seulement, a-t-il fait savoir, «une telle opération doit se faire suite à un débat national et non pas à la décision unilatérale du gouvernement». «Le taux de 7% qui a été exigé est nul par rapport à ce qui se fait ailleurs, les pays les plus cléments ayant exigé 20%. De plus, il faut absolument que ceux qui veulent recycler leur argent de l'informel soient orientés vers l'investissement», at-il souligné également. Par ailleurs, pour sortir de la crise économique et politique du pays, Ali Benflis, tout en présentant son parti, Talaie El-Houriat, comme alternative, a plaidé pour un retour à la légitimité. «Le système actuel n'est ni libéral, ni socialiste et il ne peut entreprendre aucune vraie réforme. On ne peut pas faire en une année ce qu'on n'a pas pu faire en 15 ans et en dépensant près de 800 milliards de dollars. De plus, pour concrétiser un quelconque changement, pour gagner la confiance du peuple, il faut d'abord retourner à la légitimité. Car le seul pouvoir capable de faire des réformes sérieuses est un pouvoir légitime». Ali Benflis a, en outre, parlé de son parti qui commence à mettre en place une feuille de route pour commencer son déploiement effectif sur le terrain. Dans ce sillage, il s'est réjoui de l'engouement qu'affichent les Algériens à l'égard de son parti. Il a d'ailleurs annoncé que Talaie El Houriat a déjà 30.000 militants et est représenté dans les 1541 communes du pays. «Nous sommes présents dans toutes les communes du pays et nous avons, déjà, 30.000 militants. Nous tablons sur 60.000 au minimum d'ici la fin de l'année», at-il fait savoir. Le départ à la retraite du patron du DRS a été au menu de la conférence de presse. «Je ne suis pas dans les secrets de l'Etat», a déclaré Ali Benflis, en réponse à une question dans ce sens. «Tout comme toutes les Algériennes et tous les Algériens, je me pose des questions sur le limogeage du responsable du DRS et de tout l'encadrement de l'armée», a-t-il ajouté avant d'expliquer: «Dans tous les pays du monde, les changements, que ce soit dans l'encadrement de l'armée ou ailleurs, se font en fonction de critères. Chez nous, cela obéit aux humeurs et aux caprices du chef.» En réponse à ceux qui considèrent que le limogeage du général Toufik constitue un pas vers «l'Etat civil», Benflis a répondu que tant que «le peuple n'exerce pas sa souveraineté dans le cadre d'une démocratie, aucun Etat civil n'est possible». Mais ce qui fait le plus peur à Ali Benflis, a-t-il relevé, «c'est que l'armée se disloque en s'impliquant dans des conflits visant à l'utiliser pour des objectifs politiciens».