Dans un journal français le Nouvel Obs, Ali Benflis, président de Talaie El Houriat, revient sur la question du terrorisme en Algérie et la manière dont le pouvoir actuel le combat. Le terrorisme menace toujours notre pays, on ne peut pas se le cacher», a affirmé le président de Talaie El Houriat, Ali Benflis, dans un entretien publié hier par le Nouvel Obs. Le candidat à l'élection présidentielle d'avril 2014, qui analyse la situation et met en relief l'incapacité du régime en place à trouver des solutions aux problèmes du pays, explique que le terrorisme, «certes, ne peut pas frapper quand il veut et où il veut. Mais il sévit dès qu'il peut». Pour lui, «cette menace ne peut plus être prise isolément de son contexte sahélo-maghrébin». «Nous avons affaire à un arc terroriste qui s'étend du Nigeria à la Somalie», indique Ali Benflis, qui considère que «la constitution de cet arc est le fait géopolitique majeur des cinq dernières années». «Au début des années 2000, explique le président de Talaie El Houriat, nous comptions une organisation terroriste dominante dans la région sahélo-maghrébine ; aujourd'hui nous en comptons une dizaine.» «Il y a donc eu une prolifération des organisations terroristes, sans que les digues pour les contenir aient été mises en place à temps», explique-t-il avant de trancher : «L'Algérie est désormais confrontée au terrorisme dans toute cette dimension régionale complexe.» A la question de savoir si le constat qu'il fait est partagé à Alger, Ali Benflis répond par la négative : «Non, il ne l'est pas.» «Il faut mettre un terme, chez nous, au discours politique triomphaliste et lénifiant sur la défaite du terrorisme, sur la sécurité totalement rétablie et la paix entièrement restaurée», souligne l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2014, qui pense qu'«il faut avoir la franchise et le courage de dire aux Algériens que notre pays est toujours en guerre et qu'il ne faut pas baisser la garde». Selon lui, «nos forces armées et toutes nos forces de sécurité s'acquittent de manière admirable de leur mission de protection et de défense contre le terrorisme, mais cela ne suffit pas». «Il nous faut un front intérieur, une ligne et une direction politique claire qui incitent les Algériens à la vigilance et à la mobilisation», affirme Ali Benflis, pour qui «les démocraties sont plus fortes que les autocraties pour faire face au terrorisme». «Contre le terrorisme, la riposte sécuritaire ne suffit pas. Il faut une riposte politique» indique le président de Talaie El Houriat, qui estime que «cette riposte politique est loin d'être assumée et encore moins organisée». A propos de la dernière attaque terroriste qui a coûté la vie à plusieurs soldats de l'ANP à Aïn Defla, Ali Benflis fait remarquer «l'inaptitude à la communication». Selon lui, «ce régime politique est profondément convaincu qu'il n'est responsable devant personne et qu'il n'a aucun compte à rendre à personne». «C'est presque contraints et forcés que les pouvoirs publics ont fini par concéder le strict minimum concernant l'attaque de Aïn Defla : deux phrases dans un communiqué du Conseil des ministres et un tweet du Premier ministre», souligne l'ancien candidat à la présidentielle de 2014, qui soutient cependant que «le peuple algérien, qui n'a eu aucune explication, était pourtant en droit d'en attendre et les malheureuses victimes n'ont reçu aucun hommage particulier». Ali Benflis affirme que «les victimes, leurs familles et le peuple algérien méritaient, à mon sens, bien plus que cela». Sur les derniers changements opérés au sein de l'armée, le président de Talaie El Houriat, qui insiste sur la vacance du pouvoir, estime que «par l'ampleur des changements de personnels civils et militaires qu'il vient de décider, le régime politique en place veut frapper les esprits. Il veut créer chez nos concitoyens la fausse impression qu'il y a du mouvement, alors que nous savons tous que le pays fait face à une impasse très préoccupante». Ali Benflis commente aussi les déclarations. Pour lui, «il est du ressort des Algériens de traiter leurs problèmes». Il trouve, en effet, les propos du chef de l'opposition française «tout simplement lamentables. De la part d'un ancien chef d'Etat, président d'un grand parti politique, on était en droit d'attendre un plus grand sens de la mesure, une plus grande justesse dans le jugement et une plus grande finesse dans la réflexion et l'analyse», souligne M. Benflis, en ajoutant que «le sujet est trop sérieux pour être traité avec cette ironie déplacée et cette désinvolture qui déprécie d'abord et surtout l'auteur des propos tenus sur l'Algérie de manière si peu courtoise et inamicale».