Le Pacifique est «assez vastea pour la Chine et les Etats-Unis, a lancé hier à Pékin le président Xi Jinping à John Kerry venu lui dire les vives craintes de Washington quant aux ambitions chinoises en mer de Chine méridionale. Le secrétaire d'Etat devait faire part de l'hostilité de Washington envers la construction par l'armée chinoise d'îlots artificiels dans un archipel disputé par les Etats voisins, dont les Philippines alliées des Etats-Unis. Le Pentagone envisage l'envoi de navires de guerre et d'avions de surveillance dans la zone des 12 milles (22 km) autour de ces îlots, en construction accélérée depuis un an, la zone des 12 milles étant celle internationalement reconnue autour d'îles naturelles. Ils sont situés dans l'archipel des îles Spratleys, revendiquées pour tout ou partie à la fois par la Chine, le Vietnam, les Philippines, Brunei, Taïwan et la Malaisie. La Chine, elle, affirme sa souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, soulevant inquiétudes et tensions diplomatiques avec ses voisins. Si les préparatifs du Pentagone recevaient l'approbation du président Barack Obama, l'entrée des navires de la VIIe flotte américaine du Pacifique en mer de Chine méridionale serait susceptible de créer une grave crise entre les deux géants économiques, de surcroît dans une artère maritime et commerciale stratégique, selon les analystes. Hier, le président Xi a estimé que les relations entre les deux pays «restaient stables dans l'ensemble», selon ses déclarations au ton d'apaisement citées par l'agence officielle Chine nouvelle. «Le grand océan Pacifique (dont la mer de Chine méridionale fait partie) est assez vaste pour accueillir à la fois la Chine et les Etats-Unis», a-t-il dit et les deux nations doivent régler leurs différends «de sorte que la direction générale des relations bilatérales n'en soit pas affectée». Samedi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, s'était montré nettement moins affable en exprimant la «détermination (...) inébranlable» de la Chine à protéger ses intérêts.