Ce sont les mêmes barons qui adaptent leurs activités au fil des saisons A lui seul, le cheptel national met en avant les grands maux de notre économie nationale... Entre 160 et 200 milliards de dinars! C'est l'argent que dépenseront les Algériens pour leur mouton de l'Aïd, a révélé l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Ces chiffres astronomiques viendront ajouter une petite couche au gouffre de l'informel! En effet, le marché du cheptel qui se fait dans une anarchie totale, la «chkara» qui vient avec circule sous la table. Des pertes énormes donc pour notre économie qui ne bénéficie aucunement de cet argent, ni par sa bancarisation et encore moins par une quelconque taxe pour ce marché très juteux dont les intermédiaires dictent leur loi et se partagent le gâteau. Ce sont les mêmes barons qui adaptent leurs activités au fil des saisons. Ces caméléons qui ont de l'argent sont vendeurs de zlabia durant le mois de Ramadhan, à la rentrée, ils versent dans l'habillement ou les fournitures scolaires et à l'arrivée de l'Aïd, ils approchent les éleveurs pour leur acheter un nombre important de moutons, qui va jusqu'à 60 têtes. Toutes ces transactions ne sont pas facturées. Ils dictent leurs lois et font de la spéculation au détriment de notre économie si fragile. Ces gens qui ont édifié d'immenses fortunes au détriment de l'Algérie ne doivent pas montrer à l'occasion de cet Aïd el Adha qu'ils ne sont pas encore prêts ou disposés à sortir de leur juteux maquis. Au moment où l'Etat veut formaliser l'argent de l'informel, le mouton vient donc lui rappeler la dure réalité. Néanmoins, ce n'est pas seulement en se vendant dans le circuit informel que le mouton saigne notre économie. Comme le carburant, notre cheptel est très convoité par nos voisins au point qu'il soit victime de la contrebande. Des milliers, voire des millions de moutons et de brebis transitent de l'Algérie vers la Tunisie, la Libye et le Maroc. Le trafic de cheptel est un débouché viable et propice pour les vendeurs agissant dans les wilayas frontalières, vu que leurs prix sont beaucoup plus bas chez nous. En plus des prix, c'est la qualité du mouton algérien qui fait qu'il soit sujet à la contrebande. Son goût original est coté sur le marché international. Et c'est pourquoi d'ailleurs, les Tunisiens revendent les moutons et les brebis à l'Italie à coups de devises. Du coup, le mouton est devenu une cible privilégiée des voleurs qui réussissent à l'écouler facilement même en dehors de la période de l'Aïd el Adha. D'ailleurs, depuis le début de l'année en cours, 1157 vols de cheptel ont été enregistrés par les unités de la Gendarmerie nationale à travers le territoire national. Ils ont occasionné un préjudice de 18.312 têtes volées, dont 12.346 ont été récupérées, révèle la Gendarmerie nationale. Plus de 900 personnes ont été arrêtées, dont 401 ont été écrouées. Ce qui démontre l'ampleur de ce phénomène qui s'accentue à l'approche de l'Aïd el Adha. Pour l'endiguer et mettre fin à l'hémorragie aux frontières, la gendarmerie a mobilisé des patrouilles au niveau des marchés hebdomadaires, les points de vente de bétail et tous les moyens de transport de cheptel sont sous surveillance avec identification des papiers pour déterminer la source de la marchandise. On apprend que plusieurs unités de sécurité routière (USR) ont été renforcées pour la circonstance. Même les pâtures des bergers nomades sont sécurisées. Les autres mesures ont trait entre autres, à la coordination et l'échange d'informations avec les unités limitrophes, le recours à la police technique de la Gendarmerie nationale et l'expertise scientifique, le contrôle. Un fichier national des éleveurs a même été créé pour pouvoir recenser les éleveurs. Mais malgré tout cela, le mouton continue de saigner notre économie nationale...