Le Soudan a maintenant une date butoir à l'issue de laquelle un accord de paix doit être impérativement signé. Une nouvelle résolution, exempte de sanctions -contrairement à celle votée le 18 septembre dernier à New York-, met les Soudanais au pied du mur en les obligeant à conclure avant la fin de 2004, (au plus tard le 31 décembre prochain) un accord définitif pour mettre un terme au plus long conflit africain, ouvert en 1983 au sud du pays. Sous la pression internationale, et notamment celle du Conseil de sécurité de l'ONU, les belligérants soudanais ont dû, vaille que vaille, s'asseoir autour de la table des négociations. Ces négociations menées depuis près de deux ans au Kenya sont sur le point d'aboutir après que les deux parties, le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste, se furent accordées sur les principaux points d'achoppement qui avaient jusqu'ici retardé la conclusion de l'accord final. Ainsi, selon le chef de l'Armée populaire de libération du Soudan (Spla), John Garang, il ne subsiste plus d'obstacle empêchant la signature d'un accord de paix, comme il l'affirmait jeudi à Nairobi dans une déclaration à la presse, indiquant: «Je ne vois aucune raison, aucun obstacle sérieux qui nous empêcheraient de signer un accord de paix final avant la fin de cette année 2004» soulignant: «Nous appelons le Conseil de sécurité, et nous sommes d'accord là-dessus avec le vice-président (soudanais Ali Osmane Taha), à adopter une résolution pendant cette réunion à Nairobi». Effectivement le Conseil de sécurité qui s'est transporté pour l'occasion à Nairobi, a consacré (jeudi et hier) une session spéciale aux contentieux soudanais mettant les belligérants face à leurs responsabilités comme le stipule la résolution 1574 adoptée hier à l'unanimité, dans la capitale kenyane, par les 15 membres du Conseil. Dans cette résolution, le Conseil de sécurité «s'engage, dès la conclusion d'un accord de paix global (pour le sud du Soudan), à aider le peuple soudanais à entreprendre la construction d'une nation pacifique, unie et prospère, à condition que les parties honorent tous leurs engagements, en particulier ceux souscrits à Abuja et N'Djamena». Le Conseil qui se déclare «profondément préoccupé par l'insécurité et la violence croissantes au Darfour, la situation humanitaire catastrophique, les violations persistantes des droits de l'Homme et les violations répétées du cessez-le-feu», réaffirme que «toutes les parties sont tenues d'honorer les engagements mentionnés dans ses précédentes résolutions sur le Soudan». Se référant à ces résolutions, le Conseil «décide de surveiller l'observation par les parties de leurs obligations à cet égard et, sous réserve d'une nouvelle décision du Conseil, de prendre les mesures qui s'imposent contre toute partie qui faillirait à ses engagements». A propos d'engagement, le ministre d'Etat soudanais à la présidence, Yahya Hussein Babikar, et le chef de la délégation de la Spla pour les pourparlers de paix, le commandant Nhial Deng Nhial, ont signé hier un engagement devant le Conseil de sécurité dans lequel «les parties se déclarent déterminées à mener à bien dans les meilleurs délais les négociations (...) pour que l'accord de paix global puisse être conclu et signé le 31 décembre au plus tard». De fait, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a, dans son intervention faite, hier, dans le cadre de la session exceptionnelle consacrée au Soudan, lancé un appel pressant aux belligérants, indiquant: «Il est grand temps de conclure les négociations entre le gouvernement du Soudan et l'Armée populaire de libération du Soudan (Spla)», la principale rébellion du pays qui a bouclé 21 ans de guerre ayant déstructuré le sud du Soudan, détruit son infrastructure, éparpillé sa population, réfugiée dans les pays voisins, et occasionné la mort de plus de 1,5 million de personnes. Kofi Annan, affirme par ailleurs que «la conclusion rapide des négociations Nord-Sud (...) servira (...) de base et de catalyseur pour le règlement de conflits existants (au Soudan)», relevant que la situation «continuait de se détériorer au Darfour» (ouest du Soudan, le plus vaste pays du continent africain) ou une guerre civile sévit depuis le début de l'année dernière. S'adressant aux quinze membres du Conseil réunis à Nairobi, M.Annan, indique que «le Conseil doit envoyer un message urgent (...) au gouvernement (soudanais) et au parties rebelles (qui opèrent au Darfour)». A propos du Darfour, plusieurs ONG internationales ont mal apprécié le fait que la résolution adoptée hier par le Conseil de sécurité ne prévoie pas de sanctions contre Khartoum au vu de la catastrophe humanitaire qui menace cette province très pauvre du Soudan, en partie vidée par la guerre et l'exode de population qui en a résulté.