Conférence des donateurs, problèmes au Darfour, négociations avec le Spla en stand-by, Khartoum se trouve à la croisée des chemins. Confrontée à d'énormes difficultés au Darfour et dans les régions du sud, menacée de sanctions par l'ONU, Khartoum en appelle à une communauté internationale de moins en moins compréhensive envers les tergiversations des autorités soudanaises. Ainsi, attendue pour les mois de mars ou d'avril derniers, la signature de l'accord de paix entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste du Spla en est toujours à conclure un dernier amendement. Et la reprise des travaux le 7 octobre prochain à Naïvasha au Kenya ne s'annonce pas sous les meilleurs jours. Ainsi, le chef des rebelles sudistes, le colonel John Garang, mettant en doute la détermination de Khartoum à finaliser l'accord de paix, a déclaré hier au Caire que «le gouvernement soudanais traîne les pieds et perd du temps» soulignant «la signature de l'accord global était prévue fin août ou début septembre au plus tard, mais le gouvernement soudanais a demandé le report des discussions se disant occupé par le problème du Darfour», affirmant: «Nous préférons finir (la signature de l'accord) aujourd'hui que demain». A propos justement du Darfour, Khartoum se trouve dans une situation difficile, confrontée qu'elle est aux pressions conjuguées des rebelles de cette provinces de l'ouest du Soudan, de la menace d'un désastre humanitaire dans cette même région et enfin de la communauté internationale de moins en moins incline à l'indulgence. Et de fait, le Darfour focalise depuis plusieurs mois l'attention de la communauté internationale et singulièrement de l'ONU dont le Conseil de sécurité a menacé récemment le Soudan de sanctions, si Khartoum n'accomplit pas ses devoirs envers la population du Darfour. De fait, miné par la longue guerre de plus de 23 ans induite par la rébellion des provinces du Sud (chrétiennes et animistes), le gouvernement de Khartoum est aujourd'hui acculé à la défensive tant sur les questions du Sud et du Darfour que de l'aggravation de la situation humanitaire dans cette dernière province. Des milliers de Soudanais sont morts du fait de la guerre, de la famine et de maladies. D'ailleurs, les pertes humaines induites par les guerres au Soudan sont estimées à plus de 1,5 million de morts. Si la question des provinces du Sud, quoique difficilement, semble se diriger vers une solution définitive, au Darfour - où, selon l'ONU, près de 50.000 personnes sont mortes ces derniers mois et plusieurs milliers d'autres jetés sur les routes ou trouvant refuge au Tchad - la situation semble quelque peu compliquée, au point que le chef du HCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés), Ruud Lubbers, n'a pas hésité dimanche dernier à évoquer une autonomie provisoire pour cette province. Ainsi, selon M.Lubbers, «le Soudan est soumis à de très fortes pressions internationales (...) et je pense que Khartoum accordera au Darfour une autonomie limitée dans le respect de l'intégrité territoriale du pays». Khartoum a démenti l'existence d'un tel accord d'autonomie pour le Darfour. Mais en toile de fond, c'est la crise humanitaire qui secoue le Soudan qui suscite l'inquiétude de la communauté internationale. De fait, Khartoum et les rebelles du Sud se sont unis pour appeler à l'aide internationale, indiquant mardi à Oslo: «Le Soudan se trouve à un stade critique» précisant «éviter le risque de rechuter dans un conflit (...) nécessite que des dividendes tangibles de la paix commencent à confluer vers la population sous peu» ont fait valoir les deux parties liées par un cessez-le-feu depuis octobre 2002. Selon la ministre norvégienne de l'Aide au développement, Hilde Frafjord Johnson, «l'intention est (...) de mobiliser l'assistance humanitaire pour le Darfour et préparer l'après-guerre pour le Soudan dans sa totalité». Pour sa part, le secrétaire d'Etat norvégien aux Affaire étrangères, Vidar Helgesen, a estimé qu'«il n'y a pas de solutions humanitaires à des problèmes humanitaires. Les solutions exigeront des efforts politiques considérablement meilleurs». Une trentaine de pays et organisations internationales prennent part à cette conférence organisée par la Norvège et réunie durant deux jours à Oslo, avec pour objectif de trouver les voies et moyens de venir au Soudan. Un pays aujourd'hui plongé dans la tourmente.