«Les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis sont excellentes» En visite de travail à Constantine, Joan A. Polaschik, ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique, nous a accordé un entretien à travers lequel elle a répondu à nos questions. L'Expression: En votre qualité de diplomate, comment appréciez-vous le niveau des relations entre l'Algérie et les Etats-Unis d'Amérique? Joan A. Polaschik: En tant qu'ambassadeur des USA en Algérie, je trouve que les relations entre ce pays et les Etats-Unis sont excellentes, vraiment. Nous avons une très bonne coopération dans plusieurs domaines. D'abord, la sécurité régionale et bien sûr, la coopération excellente dans la lutte contre le terrorisme. Mais la sécurité régionale, ça veut dire encore plus que ça. L'Algérie est un partenaire très important dans le processus de la paix au Mali et en Libye. J'adore la phrase que le ministre des Affaires étrangères Lamamra utilise toujours. Il dit que l'Algérie est importatrice et exportatrice de la paix et de la stabilité. C'est une chose très importante, je crois. Quand même, l'Algérie travaille beaucoup avec ses voisins pour renforcer leurs capacités, parce que c'est un moment très sensible pour toute la région et l'Algérie heureusement qu'elle possède une capacité énorme avec son armée et ses forces de police. Elle travaille dans le bon sens pour renforcer les capacités de ses voisins. Je pense aussi que c'est un domaine dans lequel l'Algérie et les Etats-Unis peuvent travailler encore plus ensemble. Donc, ça c'est la sécurité régionale. Le second domaine de coopération est l'économie. Les Etats-Unis ont une présence assez forte dans le secteur des hydrocarbures depuis longtemps. C'est une crise qui a touché tout le monde, pas seulement l'Algérie et c'est très important pour tout le monde que l'économie algérienne ne doit pas être basée que sur les revenus des hydrocarbures mais d'être diversifiée. Et je crois que les sociétés américaines peuvent aider l'Algérie dans ce but, dans le cadre de la diversification, car nos sociétés américaines possèdent le savoir-faire et peuvent renforcer les capacités de l'Algérie. Donc pour l'économie de l'Algérie, il est question de contribuer à sa diversification et c'est le moment. Nous sommes prêts comme gouvernement et en tant que partenaires, et j'ajoute que les sociétés américaines sont prêtes à travailler avec le gouvernement algérien pour soutenir cet objectif. Par exemple ici à Constantine, j'ai visité l'usine ATC (Algerian Tractors Compagny), une société mixte entre l'Algérie et Fergusson et ça, c'est très important, c'est vraiment un partage de la technologie, le moteur c'est quelque chose de tout à fait algérien et les autres pièces qui sont tout à fait américaines et actuellement, il y a même des pièces qui sont fabriquées ici en Algérie. Cette fusion technologique est très bénéfique et d'une extrême importance. Je pense que l'ATC projette d'exporter 15% de son potentiel vers l'Afrique. Je crois que c'est le projet idéal pour l'Algérie, et je suis très fière que ça soit une société mixte algéro-américaine. Ça en ce qui concerne la coopération économique. Le troisième domaine dans lequel nous travaillons ensemble c'est le rapprochement de nos deux peuples. L'Algérie a une longue relation avec les Etats-Unis d'Amérique sur le plan diplomatique, maintenant, il faut penser à une relation entre nos deux peuples. A ce sujet nous avons un programme important pour l'enseignement de la langue anglaise. Ici à Constantine, j'ai eu à visiter l'école Acces. C'est un programme pour les adolescents à travers lequel ils apprennent la langue anglaise mais aussi la culture américaine. J'ai aussi visité notre coin américain à l'université Mentouri. J'ai discuté avec des personnes ayant participé à notre programme d'échanges et on essaye de faire encore plus pour soutenir cette initiative et permettre l'accès à la langue anglaise. Nous faisons aussi beaucoup de choses pour promouvoir l'accès à la technologie. Vous avez assisté au Techcamp, (financé par l'ambassade des Etats-Unis à Alger et géré par World Learning), ici à l'hôtel, et nous proposons également un programme de coopération technique même entre les experts scientifiques. Par exemple, aujourd'hui j'ai visité le centre de recherche sur les biotechnologies et j'ai constaté qu'il y a un bon programme de coopération entre National Académie of Scientist (Académie nationale des sciences), votre laboratoire ici à Constantine. Donc, il y a toujours un échange d'expériences de technologie qui va aider le développement économique en Algérie et en même temps rapprocher nos deux peuples. L'Algérie a été l'un des premiers pays à avoir reconnu l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique, à votre avis n'est-il pas temps de penser à mettre en oeuvre une coopération stratégique, et dans quel domaine? En principe, il existe une coopération stratégique entre l'Algérie et les Etats-Unis. Nous avons déjà amorcé le dialogue stratégique. On est à notre deuxième dialogue stratégique. Le premier était ici en Algérie quand le secrétaire d'Etat américain John Kerry a visité ce pays en avril 2014 et en avril 2015. Le ministre des Affaires étrangères algérien Lamamra a visité Washington où nous avons eu des discussions qui ont touché plusieurs domaines. J'ai bien expliqué dans la réponse précédente nos activités et nous travaillons ensemble avec une vision et une perspective très stratégique. Quelle lecture faites-vous de l'actuelle situation en Algérie? L'Algérie est un pays plein de potentiels et c'est le moment pour l'Algérie de développer son potentiel économique et sa diversification. Je trouve que le peuple algérien est très chaleureux, bien éduqué avec des capacités énormes, j'aimerai bien trouver les moyens par lesquels le gouvernement et le peuple et les sociétés américaines peuvent vous aider dans le développement et diversification économiques. Pouvez-vous nous confirmer si votre pays a sollicité l'Algérie pour l'installation d'une base de drones dans le Sud? Non, non, ce n'est pas vrai du tout. La rumeur existe toujours, mais je vous assure que nous avons des relations claires et nettes avec l'Algérie. Nous respectons toujours la souveraineté de l'Algérie et du gouvernement algérien. Connaissant l'intérêt que porte votre pays au patrimoine de l'humanité, comment les USA vont-ils gérer la disparition d'une partie de la mémoire de l'humanité en Syrie et en Irak? Nous travaillons depuis très longtemps avec le gouvernement irakien pour préserver et sauvegarder et même nous essayons de récupérer les objets de valeur qui ont été volés. Donc il y a une coopération excellente pour préserver le patrimoine. Pour la Syrie, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a participé l'année dernière à une réunion à New York pour essayer de trouver comment pourrait-on préserver le patrimoine en Syrie. Je crois qu'il y a un programme avec l'Unesco et même le Département d'Etat américain a subventionné plusieurs programmes dans ce sens même pour prendre des photos et pour travailler avec les archéologues et experts en Syrie. Jusqu'à présent, il existe des liens entre les experts américains et syriens qui travaillent dans ce sens pour sauvegarder le patrimoine syrien qui est universel.