Une grande émotion est suscitée en France suite à de nombreuses attaques contre les mosquées et la presse s'est fait l'écho de cette indignation. La presse en est toujours à s'interroger sur l'acte des deux supporters de l'Olympique lyonnais qui ont tenté d'incendier une mosquée turque à Mâcon avec du papier toilette et un bidon d'essence. S'agit-il d'un ultime soubresaut des attentats de janvier? Ou l'indicateur d'un climat de tension envers les musulmans en voie de banalisation? Selon Le Monde, depuis les attaques de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, la répétition de ce type de faits divers tend à conforter la seconde hypothèse. Alors que doit avoir lieu, dans quelques jours, la fête de l'Aïd el-Kébir, le ministère de l'Intérieur a comptabilisé plus de 50 actes contre des mosquées en France depuis le 1er janvier. Or, en 2014, seulement 27 actes antimusulmans, qui incluent le vandalisme contre les lieux de culte, avaient été recensés sur la même période. La plupart des attaques de mosquées ont été comptabilisées dans la foulée des attentats, mais des dégradations sont encore constatées chaque mois. Et moins que leur nombre, c'est leur «niveau de violence» qui est «nouveau» et «préoccupant», estime-t-on au ministère. Le journal rappelle qu'à Mérignac (Gironde), le 7 août, c'est un cocktail Molotov qui avait été lancé. Un mois plus tôt, à Carpentras (Vaucluse), c'est une salle de prière à peine sortie de terre qui avait été visée. Un tir a transpercé une vitre du bâtiment. Par chance, il n'était pas encore ouvert au public, est-il souligné. Depuis janvier dernier, la Croix a constaté que les actes antimusulmans étaient en forte hausse depuis l'attentat contre Charlie Hebdo en citant les attaques à Montrouge (Hauts-de-Seine) et de la porte de Vincennes et les graffitis et violences contre les autres mosquées qui se sont multipliés, toujours selon des chiffres du ministère de l'Intérieur. Même l'Observatoire contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (Cfcm) appelle l'Etat à renforcer la surveillance des mosquées. Selon le président de cet observatoire, Abdallah Zekri, citant des chiffres du ministère de l'Intérieur, 21 actions (tirs, grenades lancées...) et 33 menaces (lettres, insultes, etc.) ont été comptabilisées au début de l'année et ce décompte ne concerne pas Paris et sa petite couronne. Le responsable musulman se dit «scandalisé» par ces chiffres car c'est «du jamais-vu». Le Collectif contre l'islamophobie publie aussi sur son site Internet une «frise chronologique des actes islamophobes depuis l'attentat contre Charlie Hebdo». Après une forte augmentation en 2013, les actes antimusulmans s'étaient orientés à la baisse au début de l'année 2014. Dans son rapport sur les libertés religieuses dans le monde en 2013, publié à l'été 2014, le département d'Etat américain se disait préoccupé par la hausse d'actes antimusulmans et antisémites en France. Pour sortir de cette spirale, le Collectif contre l'islamophobie en France et le Conseil régional du culte musulman de Lorraine ont signé le 17 septembre dernier une convention de partenariat afin de lutter de manière commune contre l'islamophobie en Lorraine. Cette convention qui est une première en France a pour objectif d'articuler les missions des deux organisations autour de trois axes: l'accompagnement juridique des victimes, la sensibilisation auprès des responsables de lieux de cultes musulmans de Lorraine et la sensibilisation des pouvoirs publics (autorités préfectorales, judiciaires et collectivités). Cette mutualisation a pour vocation de rendre la lutte contre l'islamophobie plus efficace et plus lisible auprès des victimes, des pouvoirs publics et des partenaires de la société civile. Un travail d'évaluation et un bilan seront effectués chaque année. Ce sont les présidents du Crcm de Lorraine, Amine Nejdi et du Ccif, Samy Debah qui ont signé le document.