L'Algérie bénéficie de l'un des taux d'ensoleillement les plus élevés au monde Il n'y a pas que du vent dans la stratégie algérienne pour les énergies renouvelables. En plus de l'éolien, il y a aussi le solaire qui prend une place importante dans cette démarche. L'Algérie a revu à la hausse ses objectifs d'ici à 2030 en termes d'énergies renouvelables, encourageant une plus grande diversification de la consommation intérieure. Cela, même si l'Algérie détient la seconde plus grande réserve de gaz d'Afrique et la troisième plus grande réserve de pétrole du continent. Dans son plan élaboré en février dernier par le département de l'énergie, il a été stipulé que l'Algérie produira au moins 27% de son électricité de sources d'énergies renouvelables d'ici à 2030. Un objectif qui a été revu à la hausse par le nouveau ministre de l'Energie Salah Khebri qui annonce le chiffre de 37%. Il s'agit certes d'une amélioration mais qui reste en deçà des ressources qui existent dans le pays. L'Algérie bénéficie de l'un des taux d'ensoleillement les plus élevés au monde, allant de 1 700 kWh par mètre carré dans le Nord à 2650 KWh dans le Sud. «Les panneaux solaires photovoltaïques et l'énergie éolienne sont les options les plus pertinentes pour l'Algérie, ces formes d'énergie étant les plus faciles à intégrer dans le tissu industriel existant» a déclaré à OBG Abdelali Badache, président de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg). Mais en ces moments de crise, c'est déjà un saut qualitatif du fait de l'utilisation accrue des énergies renouvelables et de l'amélioration de l'efficacité énergétique. En termes de coûts financiers c'est énorme: la démarche permettra d'économiser 42 milliards de dollars sur 15 ans, avec 60 milliards de dollars d'investissements prévus. En tout, le pays n'a pas d'autre choix que de donner aux énergies renouvelables l'intérêt qu'il faut. Depuis ces dix dernières années, la consommation interne de l'Algérie a atteint des summums insoupçonnés. Les générateurs au gaz produisent 98% de l'électricité de l'Algérie et les prix de l'énergie sont gelés depuis 2005. Le président-directeur général du groupe Sonelgaz, Noureddine Bouterfa ne cesse de plaider pour une réévaluation des prix de l'électricité arguant du fait que son entreprise ne peut plus supporter le déficit qui en sera engendré. De même que les subventions des prix du carburant qui sont loin de la réalité des prix pratiqués dans d'autres pays. Comment réduire les coûts Abordant, il y a quelques jours, la question sur le programme des énergies renouvelables devant les députés à l'Assemblée populaire nationale, le ministre de l'Energie a rappelé ses objectifs, ses avantages et les étapes de sa réalisation. Ce programme qui repose essentiellement sur l'énergie solaire vise la production de 22 000 mégawatts à l'horizon 2030, ce qui permettra d'augmenter la part de l'électricité générée par des sources renouvelables, tous types confondus, à plus de 27% de la production nationale. Le secteur ambitionne de produire, en début 2016, 400 mégawatts d'électricité grâce à l'énergie solaire, avant d'atteindre progressivement les 5000 mégawatts en 2020 et 17.000 mégawatts en 2030. Cette production permettra de répondre aux besoins croissants du marché national en électricité et de créer près de 120.000 emplois directs et indirects, a soutenu M.Khebri. Le secteur de l'énergie vise à réaliser le programme des énergies renouvelables en réduisant le coût élevé de leur exploitation, après l'acquisition de l'expérience dans ce domaine, la mobilisation des universités et des centres de recherches et la fabrication de panneaux solaires et d'appareils utilisés localement, a-t-il souligné. Le ministre a appelé les investisseurs à s'intéresser à la fabrication des appareils et des panneaux utilisés dans le domaine de l'énergie pour générer l'énergie électrique à partir d'une énergie propre et à un coût qui équivaut ou qui est approximatif de celui de l'électricité générée par le gaz. La mise en oeuvre de ce programme sera accompagnée par des mesures incitatives fiscales et un plan de rationalisation et de consommation de l'énergie visant à promouvoir l'éclairage rationnel au niveau des ménages et la réalisation de bâtiments à haute efficacité énergique. Il faut dire que l'avenir énergétique de l'Algérie est aussi dans le solaire. La moyenne annuelle d'ensoleillement de tout le territoire est estimée à plus de 2500 heures et dépasserait les 3600 heures dans les Hauts-Plateaux. En plus de ses 200 stations thermales, l'Algérie, 10e pays le plus vaste de la planète, dispose d'un réservoir géothermique considérable, constitué par la nappe albienne qui s'étale sur plus de 700.000 km2. La chute du solaire... Dans son rapport, rendu public en juillet dernier, sur l'énergie intitulé «Le mode énergétique de l'humanité changera bientôt à tout jamais», l'agence Bloomberg, prédit que les centrales électriques fonctionnant aux hydrocarbures ne seront plus compétitives dans quelques années. Elles seront bousculées par l'énergie solaire qui, entre-temps, sera devenue si efficace et bon marché. En effet, selon les estimations des experts de l'agence Bloomberg, le prix de l'énergie solaire continuera de chuter jusqu'à devenir la moins chère du marché. «D'ici 2026, l'industrie énergétique solaire sera compétitive sur la plupart des marchés, et 25 ans après le coût du cycle vital d'une centrale solaire (fonctionnant avec des panneaux solaires) sera divisé par deux», relèvent les experts. L'actualisation de ce programme et du développement de l'efficacité énergétique permettra, à l'horizon 2030, un déploiement à plus grande échelle du photovoltaïque et de l'éolien, accompagnés à moyen terme de la production d'énergie à partir du solaire thermique. Cette tendance à une surconsommation est en fait un phénomène mondial. Selon l'agence américaine Energy Information Administration, la consommation annuelle d'électricité a augmenté d'environ 10% pendant 3 ans jusqu'à 2012, année pendant laquelle les autorités ont été obligées d'imposer des coupures afin de rationner la consommation d'électricité. L'Algérie ambitionne de doubler sa capacité d'énergie renouvelable, passant de 12 GW actuellement à 25 GW d'ici à 2030, principalement grâce à la production solaire. Avec la baisse que connaît le prix des panneaux solaires photovoltaïques (une baisse d'environ 40% depuis 2008 selon Noureddine Yassaa, directeur du Centre de développement des énergies renouvelables d'Algérie), l'énergie solaire devient un secteur de plus en plus concurrentiel, ce qui pourrait conduire à une importante réduction des coûts. Par ailleurs, les énergies renouvelables présentent désormais un intérêt stratégique pour les pays. A l'approche de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), le pays cherche également à renforcer la coopération transfrontalière dans le secteur des énergies renouvelables, ainsi qu'à devenir un leader régional dans le domaine. «Notre volonté est de mettre sur pied, dès l'année prochaine si possible, un Forum africain des énergies renouvelables en tant que plateforme regroupant les décideurs africains avec leurs partenaires ainsi que les dirigeants CEO des compagnies publiques et privées», a déclaré en juillet dernier, Ramtane Lamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères.