«Le projet de révision de la Constitution inclurait les dispositions de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale...», a estimé hier le conseiller à la présidence de la République. C'est irréversible. Il n'y aura pas de retour à la décennie noire. Pour exclure toute atteinte aux principes de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, il sera écrit noir sur blanc, dans la future Constitution. «Le projet de révision de la Constitution inclurait les dispositions de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, fondement sur lequel le pays pourra parvenir à prévenir les risques éventuels de confrontation», a estimé hier le conseiller à la présidence de la République, Kamal Rezzag Bara. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale à l'occasion du 10e anniversaire de la Charte, le conseiller du président a livré quelques nouveautés du contenu de la Loi fondamentale du pays. «Je crois que dans le projet de (révision) de la Constitution, il y a deux éléments: constitutionaliser les principes de l'alternance et constitutionnaliser la paix et la réconciliation comme étant l'un des fondements à partir duquel le pays pourra prévenir et dépasser les risques éventuels de confrontation», a-t-il déclaré en faisant allusion à un éventuel retour des ex-responsables de la tragédie nationale à l'activité politique. Cette déclaration intervient au lendemain du message du président de la République dans lequel il a mis le holà à propos de la polémique sur la création d'un parti politique par l'ancien chef de l'AIS, Madani Mezrag. Certes, la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale le définit bien et la loi sur les partis le confirme, il n'en demeure pas moins que ce principe sera introduit dans la Loi fondamentale pour fermer définitivement la porte à toutes tentatives visant à porter atteinte à la stabilité du pays. «Nous relevons aujourd'hui des propos et des actes inappropriés de la part de certains bénéficiaires des dispositions de la concorde civile, que nous préférons qualifier d'égarements, mais face auxquels nous tenons à rappeler les limites qui doivent être respectées, et sur lesquelles l'Etat sera intransigeant», avait clairement tranché le chef de l'Etat. Et d'ajouter: «Nous enregistrons aussi des réactions induites par le réveil de blessures encore vives ou provoquées par la crainte de voir le pays retourner vers un passé douloureux. Devant cela, nous réitérons que les choix du peuple souverain consignés dans la loi portant concorde civile ainsi que dans la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, seront intégralement respectés et préservés, sans concession aucune». Ainsi, il n'y a plus rien à attendre. Les anciens responsables de la décennie noire qui ont bénéficié des dispositions de la Charte ne peuvent rien espérer de mieux. M. K. Rezzag Bara a rappelé que cette charte stipule «très explicitement que le peuple algérien affirme son droit à se protéger de toute répétition de telle dérive et décide souverainement d'interdire aux responsables de cette instrumentalisation de la religion, toute possibilité d'une activité politique, et sous quelque couverture politique que ce soit». «Ce n'est pas une décision du président de la République, mais une décision du peuple algérien», a-t-il fait savoir. Evoquant, dans ce sens, la période des années 1990, M. K. Rezzag Bara a réaffirmé qu'il refusait de qualifier cette période «de guerre civile», relevant qu'il y avait eu une situation de «très profonde antagonisation» entre les Algériens qu'il fallait dépasser par la voie politique. «La seule voie politique possible c'était un équilibre entre les uns et les autres qui permettait à l'Algérie de rester unie, de ne pas permettre l'internationalisation du conflit comme l'ont voulue certains et de ne pas raisonner avec la problématique vainqueur-vaincu», a-t-il dit. Le conseiller à la présidence de la République a affirmé que la démarche de la paix et de la Réconciliation nationale de l'Algérie «est maintenant revendiquée par beaucoup de pays comme étant une expérience réussie et positive». Interrogé sur le chiffre de 300.000 à 500.000 victimes de la tragédie nationale, avancé par certains médias et organisations internationales, M. K. Rezzag Bara a dit qu'il réfutait «catégoriquement ces chiffres fantaisistes». «Je pense qu'il faut attendre le rapport global de la Commission nationale présidée par le Premier ministre», a-t-il conclu.