Le président sud-soudanais, Salva Kiir, veut tripler le nombre d'Etats dans le pays, a annoncé hier son porte-parole. Le nombre d'Etats au Soudan du Sud passe de 10 à 28, selon un décret diffusé sur la radio publique tard vendredi. Une décision qui met en danger un des piliers de l'accord de paix signé fin août pour mettre fin à la guerre civile, qui ravage le pays. «Le gouvernement a ordonné la création de 28 Etats», a déclaré le porte-parole du président, Ateny Wek Ateny. «Il s'agit de donner plus de pouvoir au peuple en lui fournissant de meilleures prestations de service», a-t-il poursuivi. Pour l'ex-chef des rebelles et ancien vice-président Riek Machar, le décret, «promulgué de manière unilatérale (...) est une violation claire du traité de paix», qui «est basé sur 10 Etats». Indépendant depuis juillet 2011, le pays avait replongé depuis décembre 2013 dans une guerre civile, marquée par des massacres et des atrocités, qui a fait des dizaines de milliers de morts et chassé quelque 2,2 millions de Sud-soudanais de leurs foyers. Le 26 août, un accord de paix a été conclu par le président Salva Kiir et son adversaire Riek Machar mais les deux camps s'accusent mutuellement de l'avoir violé et les combats continuent dans certaines régions du pays. Cet accord prévoit notamment un partage du pouvoir. Une «période transitoire» de 30 mois, durant laquelle Salva Kiir reste président, s'ouvre 90 jours après la signature. Les postes exécutifs locaux, selon l'accord, sont partagés, dans les 10 Etats, entre gouvernement et rebelles. Dans le nord du pays, riche en hydrocarbures, ceux de gouverneurs des trois Etats d'Unité, du Haut-Nil et du Jonglei, principaux champs de bataille du conflit, ont été attribués aux rebelles. La création de nouveaux Etats remet ainsi en cause ce partage du pouvoir et ralentit la mise en place de cet accord de paix.