La loi ne définit pas les contrats de travail ni les conditions de validité, il faut se référer au code civil. L'Algérie a entamé, depuis quelques années, de profondes réformes pour instaurer l'économie de marché, la libre entreprise et s'inscrire dans le processus de mondialisation de l'économie. Dès lors, le marché national se caractérise par une ouverture presque totale de tous les secteurs économiques à l'investissement. Cette mutation, ajoutée aux amendements apportés à la législation, fait que plusieurs entreprises se sont mises à s'intéresser au marché national au point d'investir complètement en Algérie. Ce qui découle de ce transfert de capitaux un certain flux de la main-d'oeuvre étrangère vers l'Algérie. Cependant et devant l'ignorance des opérateurs économiques étrangers de la loi algérienne au monde du travail en Algérie, la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie (Cfcia), sous le patronage du ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, a organisé, hier à l'hôtel El-Aurassi, un séminaire d'information sous le thème «Les conditions d'emploi et de séjour de la main-d'oeuvre étrangère, main-d'oeuvre locale en Algérie, droits et obligations en Algérie», en présence de Jean-Luc Burtet, consul général-adjoint au consulat de France à Alger, ainsi que plusieurs opérateurs économiques avides de connaître les conditions d'investissement en Algérie. Ce rendez-vous a permis à plusieurs responsables d'entreprises de faire partager leur expérience en la matière. Ces derniers, dans leur majorité, ont exhorté l'administration à faire preuve de plus de souplesse dans le traitement des dossiers inhérents au recrutement du personnel étranger. Melle Nacéra Benabdelkader, responsable des ressources humaines de Schneider, dénonce le fait que son entreprise est dans l'obligation de passer par le bureau de main-d'oeuvre «ce qui nous bloque dans le recrutement rapide» plaide-t-elle. Dans le même ordre d'idées, M.Abderrahim Abdelatif, directeur des ressources humaines à Renault-Algérie affirme: «Il faut parfois six mois pour la délivrance de l'accord consulaire pour un travailleur étranger en raison du manque de moyens ( humains et informatiques)». Tandis que Michel Tribailleau, président de la BDO Marque Gendrot, a soulevé, de son côté, l'insuffisance dans le management, a contrario de la disponibilité en Algérie d'une main-d'oeuvre qualifiée. Des diatribes que Saïd Anane, directeur général de l'emploi et de l'insertion au niveau du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, a balayé d'un revers de main, en soulignant que toutes les administrations sont sommées, sur instruction du président de la République, de faciliter le recrutement du personnel, qu'il soit étranger ou local. D'autant que le ministre, dans son allocution d'ouverture lue par Saïd Anane, rappelle que «tous les travailleurs sont égaux devant la loi, tel que défini par la loi 81/10, et que les travailleurs étrangers bénéficient d'un statut particulier». L'Algérie ne peut se permettre une ségrégation entre travailleurs d'autant que «la main-d'oeuvre étrangère est un facteur de développement», selon Saïd Anane, et que les entreprises étrangères sont soumises à un régime fiscal qui déroge substantiellement au droit commun pour les entreprises n'ayant pas d'installation professionnelle en Algérie. Saïd Anane a, en outre, souligné que «les retards enregistrés sont dus au fait que les opérateurs économiques se refusent parfois à se soumettre à la législation algérienne». Argument auquel Me Salima Behacine, avocate, a rétorqué que «la loi ne définit pas les contrats de travail ni les conditions de validité, il faut se référer au code civil». Si l'initiative est fort louable et à encourager dont le but est de présenter le plus largement possible les procédures légales, réglementaires, administratives en matière d'emploi en Algérie depuis l'ouverture du marché national aux étrangers, il n'en demeure pas moins que les intervenants se sont contentés dans l'ensemble de généralités théoriques. Pourtant nombre d'entre eux n'ont pas caché leur désir de s'implanter en Algérie. Cela dit, ce rendez-vous explicite d'ailleurs l'envie des opérateurs économiques français d'investir ou de délocaliser leurs activités principalement en Europe vers l'Algérie, selon une étude du cabinet Kpgm publiée récemment pour le compte du Medef ( patronat). De nombreuses initiatives sont actuellement entreprises pour redynamiser l'activité des PME françaises en Algérie. Parmi ces initiatives, celle prise par la Cfcia d'organiser le 1er décembre prochain à Paris un séminaire sur les marchés publics algériens et sur la réforme en matière de commerce. La Cfcia, créée en 1975 à Paris, s'est fixée comme mission d'informer les entreprises françaises et algériennes des conditions économiques, financières, juridiques et fiscales. Elle se propose également d'assister les entreprises françaises et algériennes dans leurs échanges professionnels et de mettre en relation des communautés d'affaires des deux pays.