Depuis le début de l'année, l'armée tchadienne est engagée en première ligne dans une opération militaire régionale contre Boko Haram dont les attaques et attentats se sont étendus au-delà du nord-est du Nigeria. Onze soldats tchadiens ont été tués hier dans une attaque d'insurgés de Boko Haram contre une position de l'armée près de la frontière avec le Nigeria, démontrant une nouvelle fois que les islamistes nigérians, même affaiblis par les offensives des armées de la région, peuvent toujours mener des raids meurtriers. «Les hommes de Boko Haram ont attaqué la position de nos forces à 04H30 (03H30 GMT) à Kaiga Ngouboua à deux kilomètres de la frontière avec le Nigeria», dans la zone du lac Tchad, a indiqué une source sécuritaire tchadienne sous couvert d'anonymat. «Cette attaque surprise a fait 11 morts dans les rangs de l'armée tchadienne et 13 blessés», a ajouté cette source. Parmi les soldats tués figure un officier supérieur, un lieutenant-colonel. Dans les combats, «17 Boko Haram ont été tués» par les soldats, a poursuivi cette source: «Les assaillants ont été repoussés et l'armée tchadienne continue le ratissage dans toute la zone». Le lac Tchad est partagé entre Nigeria, Niger, Cameroun et Tchad. Même si sa superficie se réduit d'année en année en raison du réchauffement climatique, il abrite une multitude d'îles et îlots peuplés de pêcheurs, et ses abords sont rendus difficiles par une végétation dense, qui facilite les infiltrations des islamistes de Boko Haram en territoire tchadien pour y mener des attaques. Depuis le début de l'année, l'armée tchadienne est engagée en première ligne dans une opération militaire régionale contre Boko Haram dont les attaques et attentats se sont étendus au-delà du nord-est du Nigeria, son fief historique, vers les pays limitrophes: Tchad, Niger et Cameroun. Cette offensive a infligé de sérieux revers au groupe affilié à l'organisation Etat islamique (EI), mais les insurgés, qui ont perdu des territoires, mènent toujours attaques et attentats dans la région. Ainsi, dimanche, c'est le Niger qui a été frappé. Six personnes - un gendarme et cinq civils - ont été tuées dans des attentats-suicides perpétrés par des kamikazes du groupe islamiste au coeur de la ville de Diffa, dans le sud-est du pays, près du Nigeria. Le Cameroun est lui aussi régulièrement visé par des attentats-suicide. Au Nigeria, Boko Haram poursuit ses attaques à un rythme soutenu. Vendredi encore, deux attentats-suicides ont fait 18 morts et une quarantaine de blessés dans la banlieue de la capitale fédérale, Abuja. Pour combattre Boko Haram, les quatre pays riverains du lac Tchad et le Bénin ont mis sur pied une Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF) dotée de 8.700 militaires, policiers et civils, avec un quartier général à N'Djamena au Tchad. Mais cette force n'est pas encore pleinement opérationnelle sur le terrain. La coalition «a sans conteste affaibli la nébuleuse» islamiste mais «pour autant elle ne s'avoue pas vaincue», a reconnu le président du Tchad Idriss Déby Itno lors d'une récente visite au Niger. Boko Haram, dont l'insurrection a fait au moins 17.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés depuis 2009, est tenu pour responsable de la mort de plus de près de 1.300 personnes depuis la prise de fonctions du nouveau président nigérian Muhammadu Buhari le 29 mai. M. Buhari a fait du combat contre les islamistes sa priorité.