Les lauréats du concours international Journée riche en émotions, la salle de conférences s'est vite remplie, quelque temps après, pour accueillir la cérémonie de remise des Prix du concours international dans ses différentes catégories. Vendredi après-midi. Esplanade de Riad El Feth. Alors que l'automne ne finit pas d'aiguiser ses armes, entre pluie diluvienne et grisaille, le public lui ne finit pas d'affluer. Et pour cause, c'est le week-end et les jeunes friands de BD arrivent par grappes fréquentant en masse les principales attractions de la 8e édition du Festival international de la bande dessinée, surtout le cosplay qui attire beaucoup de monde en raison des tenues de ces jeunes ados qui sortent de l'ordinaire et la peinture et le dessin, activités à laquelle ils s'adonnent grandement dans cette grande salle qui leur est dédiée et où ils peuvent laisser exprimer leur fibre artistique. Aussi, des centaines de spectateurs ont assisté à la réalisation en quelques minutes de fresques de «street art» avec des bombes de peinture par plusieurs artistes. Si la salle de conférences demeure souvent peu remplie, les artères de l'esplanade ne désemplissent pas. Toutefois, une conférence assez intéressante a pu attirer l'attention d'un certain public, pas du tout aguerri au premier sport national du pays, à savoir le football. En effet, le public a été invité vendredi à découvrir en avant-première l'album «Un maillot pour l'Algérie», qui sortira décembre prochain en France. «Cet ouvrage réalisé par deux Français et un Portugais, raconte l'histoire des 11 footballeurs algériens qui en 1958, à la veille de la Coupe du monde de football, quittèrent la France clandestinement et rejoignirent un camp du FLN en Tunisie.» Un témoin-clé de cette histoire, M.Maouche, alors présent, a tenu à rétablir la vérité sans tomber dans la polémique. Il évoquera ainsi son arrestation à cette époque et ses mésaventures avec cette équipe de foot, agrémentant son témoignage de plusieurs anecdotes corroborées et approuvées par l'un des auteurs de cette bande dessinée qui raconte le destin de ces footballeurs après enquête fouillée, sans pour autant vouloir signer un livre historique mais un document-fiction rehaussé de faits et d'actions véridiques. Et pour corriger certaines erreurs, un dossier historique complètera, nous apprend-on, ce livre dont M. Maouche a été invité allégrement à y participer. «Je ne crois pas en une histoire unique. C'est un combat permanent. Il y a toujours certes, des faits à recouper qu'on ne peut ignorer. On se considère comme une BD documentaire, on est là aussi pour reconstituer les faits et des fois on est là à imaginer d'autres choses, mais n'empêche que les dates, les noms, en termes de faits et actions on n'a pas menti, ils sont précis. On raconte faut-il le savoir, cette histoire depuis la France avec un regard français, 60 ans après d'autant qu'on est né après cette fuite des footballeurs qui a été mal reçue par les journaux français à l'époque...», dira Kris un des auteurs de ce livre dans lequel on retrouve également des images d'archives sur cette histoire qualifiée d'«unique et d'extraordinaire». Journée riche en émotions, la salle de conférences s'est vite remplie, quelque temps après, pour accueillir la cérémonie de remise des Prix du concours international dans ses différentes catégories. Aussi, avant de donner les noms des lauréats, le président du jury présidé par le Français Philippe Rocard dira que «la qualité de travail des Algériens a atteint un niveau auquel on ne s'attendait pas, particulièrement venant de la part des enfants du Fibda.» Sept prix en tout ont été décernés par la suite départageant 60 projets étudiés, en provenance de 20 pays. Ainsi le Prix du meilleur projet de bande dessinée a été attribué, à la première place du podium, à l'Algérien Mebarki Toufik pour son album Gris. Le Prix du meilleur collectif professionnel a été quant à lui décerné à Jules et Romane de France. Le Prix de la Meilleure fanzine a pour sa part récompensé Freelestine de Togui. Le Prix du meilleur album jeunesse est revenu à Docs de Kandouli Khaled, tandis que le Prix du meilleur manga dont le progrès a été salué par le jury, à Demain Inchalah de Sofiane Belaski, édité chez Z-ling édition. Un Prix spécial du jury a été décerné à François et Emmanuel Le Page pour la superbe bande dessinée La lune blanche et enfin le Prix du meilleur album a été attribué à Julien revenu avec Ligne B. Notons que le Prix d'excellence de l'Union européenne (UE) de la bande dessinée, nouvellement institué, a été décerné au dessinateur algérien Noureddine Aïssaoui. «Le jury du 8e Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda) a décidé de décerner le Prix d'excellence de l'UE à Noureddine Aïssaoui, de Béjaïa», a précisé en effet, un communiqué de la délégation de l'UE en Algérie. Ce prix, doté de 2500 euros (équivalent de 310.000 DA), comprend également une résidence de formation et d'échange à Bruxelles pour le lauréat, organisée par l'association «La Maison Autrique». Outre la récompense attribuée à un dessinateur algérien dans le cadre du Fibda, l'UE soutient la participation de deux jeunes dessinateurs européens à ce festival. Cette action qui s'inscrit, note-t-on, dans le cadre des activités culturelles de la délégation de l'UE en Algérie, vise à contribuer à la promotion des échanges entres les artistes algériens et européens dans le domaine de la bande dessinée. Il est bon de signaler que plus de 10.000 visiteurs, majoritairement des jeunes et des enfants, arpentaient les espaces d'exposition, les ateliers et les stands des éditeurs spécialisés installés à l'esplanade de l'Office Riad El Feth. Pour la première fois cette année, une petite scène a été aménagée au centre de l'esplanade invitant les participants au cosplay à présenter leurs costumes et de mettre en scène des passages des BD.