Au lendemain des premières frappes russes, de hauts responsables civils et militaires américains et russes s'étaient entretenus sur les moyens d'éviter des incidents entre les aviations des deux pays. L'armée russe a affirmé samedi que 55 objectifs du groupe Etat islamique avaient été touchés lors de raids de son aviation au cours des dernières 24 heures en Syrie, selon un communiqué du ministère de la Défense. Cette information intervient alors que les Etats-Unis s'impatientent en attendant la réponse de la Russie à leur dernière proposition visant à coordonner leur intervention dans l'espace aérien syrien. La Russie avait en effet accepté l'idée émise par le Pentagone d'engager des discussions sur la sûreté de l'espace aérien en Syrie, où les deux pays sont engagés dans des opérations militaires distinctes. «Le ministère (américain) de la Défense a reçu une réponse formelle du ministère russe de la Défense à qui il avait formulé une proposition pour garantir la sûreté des opérations aériennes en Syrie», avait annoncé le porte-parole Peter Cook qui a ajouté que «les responsables du Pentagone sont en train d'examiner cette réponse et que des négociations pourraient avoir lieu dès ce week-end». Cette problématique de sûreté de l'espace aérien est apparue avec l'entrée de la Russie dans le conflit syrien le 30 septembre. Les Etats-Unis sont, quant à eux, à la tête d'une coalition anti Etat islamique qui mène des bombardements en Syrie depuis septembre 2014. Au lendemain des premières frappes russes, de hauts responsables civils et militaires américains s'étaient entretenus par vidéoconférence avec leurs homologues russes sur les moyens d'éviter des incidents entre les aviations des deux pays. Ils avaient évoqué des questions comme les fréquences radio qu'utiliseraient les avions pour communiquer «en cas de détresse», ou encore de la langue à utiliser pendant des échanges d'appareil à appareil. Les Américains utilisent le mot ́ ́deconfliction ́ ́ pour qualifier ce type d'échanges. Ce terme peut se traduire en français par le fait que les parties prenantes à un conflit communiquent et échangent des informations pour éviter des incidents entre leurs aéronefs qui interviennent sur un même théâtre d'opération. Le Pentagone avait ensuite critiqué Moscou, affirmant que la Russie ne répondait pas assez rapidement aux propositions formulées par Washington à la suite de ces premiers échanges. Ces critiques s'ajoutent à celles émanant également des pays européens qui accusent Moscou de s'attaquer à des cibles autres que Daesh, c'est-à-dire à la rébellion contre le régime de Bachar al Assad. Or la Russie ne veut pas faire de distinction entre les terroristes de l'Etat islamique et ceux d'Al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaîda, contrairement à la coalition internationale. Ces jours derniers, un autre motif de discorde est intervenu, avec les accusations émises par la Turquie qui reproche aux avions russes de menacer la sécurité de ses propres appareils qui interviennent dans le nord de la Syrie pour cibler les bases arrières kurdes. Soucieuse de lever les équivoques, la Russie a accepté la proposition américaine d'anticiper d'éventuels incidents de vol entre ses propres avions et ceux de la coalition, sans pour autant accorder de crédit aux griefs relatifs à des bombardements russes qui visent d'autres cibles que l'Etat islamique. De son côté, Daesh maintient depuis 48 heures une pression forte sur la ville d'Alep où ses forces tentent de déloger les groupes terroristes rivaux et de forcer la résistance acharnée de l'armée syrienne, en attente de renforts blindés et de soutien aérien.