Les enseignants ainsi que les chercheurs et les étudiants de l'Ecole nationale supérieure d'agronomie (Ensa) d'El Harrach ont tenu hier un rassemblement de protestation. Le Jardin botanique de l'école qui a bâti sa renommée au fil d'un siècle d'existence est gravement menacé par le projet d'extension de la ligne du métro d'Alger car l'entreprise Cosider compte y installer une base logistique après la coupe et le déplacement des arbres centenaires, a indiqué le professeur Aïssa Abdelguerfi, qui a participé au rassemblement avec d'autres collègues. Ces derniers s'opposent ainsi à la décision de leur direction qui aurait octroyé l'autorisation à l'entreprise d'entamer les travaux d'aménagement de la base logistique d'autant plus qu'il existe un terrain mitoyen «qui pourrait servir à cet effet», a indiqué le professeur Salah Eddine Doumendji. Sollicitée, la direction de l'école n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Par contre, le directeur des infrastructures de l'Entreprise du métro d'Alger, Mohand Tayeb Haouchine, a indiqué dans un entretien téléphonique que «la société n'a pas l'intention de déraciner les 60 arbres abrités par l'arborium d'un demi-hectare, mais qu'il s'agit seulement de déraciner un ou deux arbres avant de les replanter ailleurs». Il ajoute qu'un accord est trouvé avec la direction de l'école afin de remettre le Jardin botanique dans l'état où il était avant l'indépendance en se basant sur les photos de l'époque en ajoutant que cette superficie se trouvait auparavant dans un état d'abandon. Ce point de vue est rejeté par les enseignants et les étudiants qui ont tenu dimanche une assemblée générale dans le but de rédiger une lettre ouverte adressée aux autorités afin «de les sensibiliser sur ce problème». A la direction de l'Ensa qui préconise que les arbres soient «déplacés puis re-transplantés à leurs endroits initiaux à la fin du projet» et que Cosider construise deux villas sur un autre site de l'école, en remplacement de celles du Jardin botanique, les enseignants répondent avec des arguments économiques et scientifiques. La transplantation des arbres centenaires de l'Ensa sera coûteuse, très complexe, sans aucune garantie de réussite, et avec de réels risques sur les vies humaines et les bâtiments avoisinants, également centenaires. A supposer qu'ils survivent après les 46 mois nécessaires au projet du métro, quel est le coût et quels sont les risques du retour de ces arbres «nomades» vers leur jardin centenaire? Les enseignants chercheurs lancent un appel au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour sauver l'intégrité de cet établissement stratégique pour la souveraineté alimentaire du pays. Une crise en pleine rentrée universitaire ne profite ni aux étudiants ni aux enseignants chercheurs, est-il expliqué.