Des enseignants chercheurs de l'Ecole nationale supérieure d'agronomie se mobilisent contre la destruction d'un patrimoine centenaire. Le Jardin botanique de l'Ecole nationale supérieure d'agronomie (Ensa, ex-INA d'El Harrach) qui a bâti sa renommée au fil d'un siècle d'existence «est gravement menacé par le projet d'extension de la ligne du métro d'Alger car l'entreprise Cosider compte y installer une base logistique après la coupe et le déplacement des arbres centenaires», ont indiqué des enseignants. Ces derniers ajoutent que dans cet établissement unique en Algérie qui a formé des générations entières d'ingénieurs agronomes, le Jardin botanique constitue une enclave de biodiversité inédite rassemblant des spécimens d'arbres centenaires et une collection de diverses formes végétales sans compter les faunes avicoles et entomologiques qui y trouvent refuge. A la direction de l'Ensa qui préconise que les arbres soient «déplacés puis re-transplantés à leurs endroits initiaux à la fin du projet» et que Cosider construise deux villas sur un autre site de l'école, en remplacement de celles du Jardin botanique, les enseignants répondent avec des arguments économiques et scientifiques. La transplantation des arbres centenaires de l'Ensa sera coûteuse, très complexe, sans aucune garantie de réussite, et avec de réels risques sur les vies humaines et les bâtiments avoisinants, également centenaires. A supposer qu'ils survivent après les 46 mois nécessaires au projet du métro, quel est le coût et quels sont les risques du retour de ces arbres «nomades» vers leur jardin centenaire? Les enseignants chercheurs engagés à protéger ce patrimoine ne comprennent ni le sens de sa destruction ni l'intérêt des investissements de Cosider dans la construction de villas pour remplacer celles du jardin botanique «en cette période de restriction financière». Les enseignants qui comptent organiser une rencontre à ce sujet aujourd'hui vers midi à l'Ecole constatent que juste en face, se trouve un terrain vague et abandonné qui peut être utilisé par l'entreprise Cosider et ils lancent un appel au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour sauver l'intégrité de cet établissement stratégique pour la souveraineté alimentaire du pays. «Une crise en pleine rentrée universitaire ne profite ni aux étudiants ni aux enseignants chercheurs», est-il indiqué.