Ses arguments n'ont pas changé et il a accusé le PKK de vouloir entraîner la Turquie dans le bourbier du terrorisme. A trois semaines des législatives anticipées du 1er novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan est sorti de son silence hier, trois jours après l'attentat le plus meurtrier de l'histoire de son pays, qui a relancé la contestation contre son régime. L'homme fort du pays, qui n'est pas apparu en public depuis la veille de l'attaque qui a fait au moins 97 morts, s'est exprimé devant la presse à à l'occasion d'une visite de son homologue finlandais Sauli Niinisto, en visite dans la capitale turque. Depuis trois jours, l'homme fort de Turquie était à nouveau sous le feu des critiques de ses adversaires, notamment l'opposition pro kurde qui pointe du doigt ses responsabilités dans l'attentat. Ses arguments n'ont pas changé et il a accusé le PKK de vouloir entraîner la Turquie dans le bourbier du terrorisme. Ce à quoi, le chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtas, lui reproche d'avoir délibérément négligé la sécurité des partisans de la cause kurde visés samedi à Ankara, parce qu'ils devaient défiler contre la reprise, depuis trois mois, des affrontements entre l'armée et les rebelles kurdes. A la veille des législatives anticipées du 1er novembre, il a également accusé le régime de M.Erdogan d'entretenir des liens avec les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), que les autorités considèrent comme le ́ ́suspect numéro 1 ́ ́ de l'attentat. Lors d'un entretien accordé lundi soir à la chaîne d'information CNN-Türk, M. Demirtas a estimé que ́ ́l'Etat Islamique ne peut avoir commis un tel attentat sans un soutien de l'Etat turc ́ ́. Depuis le scrutin du 7 juin, la tension est vive entre le camp du chef de l'Etat et le HDP. En raflant 13% des suffrages et 80 sièges de députés (sur 550), le parti prokurde a largement contribué à faire perdre au parti de M. Erdogan la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans. De son côté, le pouvoir accuse le HDP de ́ ́complicité ́ ́ avec les ́ ́terroristes ́ ́ du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avec l'espoir d'attirer à lui l'électorat nationaliste. Le mouvement armé kurde a annoncé samedi, quelques heures après l'attentat d'Ankara, la suspension de ses opérations avant les élections, sauf en cas de ́ ́légitime défense ́ ́. Des accrochages entre l'armée et le PKK ont toutefois été signalés depuis. Depuis samedi, des milliers de personnes ont défilé dans de nombreuses villes de Turquie aux cris de ́ ́Tayyip assassin ́ ́ pour dénoncer la stratégie de la tension dont ils accusent le chef de l'Etat. Les funérailles des victimes ont également très souvent tourné en manifestations contre lui. M.Erdogan fait campagne pour que son parti décroche au moins 400 sièges de députés afin de pouvoir modifier la Constitution à sa main et renforcer ses pouvoirs. Jusque-là absent des funérailles, le Premier ministre Ahmet Davutoglu accompagné de quelques ministres a déposé mardi un oeillet rouge sur les lieux où deux kamikazes se sont fait exploser. Hier matin, la police a violemment dispersé un rassemblement en hommage aux victimes dans le district stambouliote de Kadiköy et arrêté quatre manifestants, a rapporté la chaîne CNN-Türk. Les forces de l'ordre sont également intervenues contre des manifestants dans le centre-ville d'Ankara. Selon le ministère de la Santé, 53 blessés étaient toujours hospitalisés en soins intensifs. Lundi, M.Davutoglu qui a désigné l'EI comme l'instigateur probable de l'attentat a assuré avoir fait le maximum pour empêcher le drame. ́ ́Nous disposons d'une liste d'une dizaine de kamikazes, mais nous ne pouvons rien faire avant qu'ils soient passés à l'acte ́ ́, a-t-il dit, provoquant l'indignation sur les réseaux sociaux. Le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus, porte-parole de son gouvernement, a indiqué que ́ ́plusieurs arrestations ́ ́ avaient été faites après l'attaque qui, a-t-il confirmé, présente des ́ ́similitudes ́ ́ avec celle qui avait fait 34 morts le 20 janvier à Suruç, près de la frontière syrienne. Selon le quotidien Hürriyet, l'ADN d'un des kamikazes présumés d'Ankara indique qu'il s'agirait d'un jihadiste connu pour avoir combattu en Syrie.