De cette histoire, il tire, au fur et à mesure d'un récit construit comme un agglomérat de pièces interactives, les signifiants d'un certain nombre de faits majeurs de la période 1954-1962, avec leurs acteurs-clés comme Boussouf, Boumediene, Krim Belkacem et beaucoup d'autres. Truffé d'anecdotes et de témoignages édifiants, le livre de Mansour Boudaoud intitulé «Les armes de la liberté» et publié par les éditions Rafar est avant tout un recueil de souvenirs qui se veulent un hommage sincère et militant aux 300 hommes qui composaient le Département logistique et armement Ouest (DLO) réparti en 5 unités. A ces hommes envoyés par la Fédération de France du FLN et assujettis à des conditions draconiennes pendant des mois, l'auteur entend exprimer sa reconnaissance émue, surtout qu'il souligne combien le sort qui leur fut réservé, après l'indépendance, fut malheureusement «en-deça de leur engagement». Mohamed Boudaoud, dit Si Mansour, commandant de l'ALN, livre un pavé dans la mare des prétentions de certains témoins du Malg, en narrant comment il eut à constituer l'atelier de fabrication des armes destinées au maquis, sous la houlette de Abdelhafidh Boussouf, mission au cours de laquelle il eut à effectuer nombre de déplacements importants pour rassembler, avec le concours de son frère Omar Boudaoud, alors responsable de la Fédération de France du FLN, des formateurs allemands, anglais, argentins et grecs proposés par la IVe Interna-tionale socialiste. De cette histoire en apparence anodine des ateliers de fabrication des «armes de la liberté», il tire, au fur et à mesure d'un récit construit comme un agglomérat de pièces interactives, les signifiants d'un certain nombre de faits majeurs de la période 1954-1962, avec leurs acteurs-clés comme Boussouf, Bou-mediene, Krim Belkacem et beaucoup d'autres. «Acteur et témoin privilégié» de cette phase déterminante pour l'avenir de la Révolution algérienne, Mansour Boudaoud salue avec humilité les nombreux compagnons de l'ALN comme de l'OS, avec un regard particulier à l'intention du sermon de Didouche Mourad. Ce qui ne l'empêche pas de crier avec force sa colère contre le sort qui fut réservé à Abane Ramdane et dont il eut confirmation de la bouche même de Krim Belkacem, preuve que, déjà à cette époque, les ambitions personnelles et les querelles de clocher allaient peser de façon cruelle sur le devenir des hommes qui s'étaient engagés avec abnégation au service exclusif de la nation algérienne. L'enfant de Taourga, dans les environs de Dellys, relate évidemment les années difficiles du Mtld au cours desquelles il eut à forger son engagement puis il narre avec force détails les péripéties de la mise en place d'une unité de fabrication d'armes au Maroc, avalisée par le Gpra et fortement encouragée par Boussouf... Accompagné de témoignages directs tels que celui de Hamdane Ahmed, ingénieur en électricité et premier cadre des ateliers de fabrication de l'armement au Maroc, Bounzou Allaoua, chargé de la comptabilité de la logistique Ouest ou Salem Ramdani, maquisard de l'intérieur à la Zone autonome d'Alger, ce récit se conclut par des documents en fac-similés ainsi que par un véritable organigramme des structures et de leur composante humaine qui ne manqueront pas d'enrichir le travail des historiens qui se penchent sur cette période importante de l'histoire de la Révolution.