Initié et organisé par l'association 1e-Novembre-1954 et les anciens “malgaches”, un colloque national sur le ministère de l'Armement et des Liaisons générales (Malg) se tient depuis avant-hier et a pris fin hier à l'université Amar-Telidji à Laghouat. Selon le responsable de l'association 1er-Novembre-1954, le moudjahid Belkacem Khemili, cette rencontre se veut un hommage à une “élite révolutionnaire” considérée, aujourd'hui, comme l'ancêtre des “services de sécurité” algériens pour raconter son épopée auprès des jeunes générations et son histoire moins secrète qu'elle ne l'est. Un pari bien hasardeux quand on sait que rien de précis n'a encore été rédigé sur ce sujet et que les écrits, inspirés par les compagnons d'armes, se comptent sur les doigts d'une main. Parmi les participants à ce colloque, des figures historiques du Malg, tel le colonel Hassani Abdelkrim qui a tenu à y assister, et ce, malgré sa maladie. Il n'est autre qu'un des adjoints d'Amar Telidji, un des hauts responsables du Malg et dont l'université de Laghouat porte, désormais, son nom. D'autres personnalités y ont pris également part, tels que Amiali Mansour, du service des renseignements et de contre-espionnage, Chekiri Abdelaziz, le premier Algérien qui a hissé le drapeau algérien à la RTA, Hadj Kaddour Rayane, l'un des fondateurs de Saout El-Djazaïr, Sahli Tahar, officier supérieur du service de transmission du chiffre et armement. Le colloque s'est distingué par une série de conférences, débats et tables rondes sur les origines du Malg, selon Tahar Sahli. Les anciens “malgaches” ont rappelé ainsi qu'il s'agissait, au départ, de deux formations : le MLGC, qui correspondait au départ au ministère des Liaisons générales et Communication, fondé en 1958 après la création du GPRA, et le Ministère de l'Armement général, qui était intervenu en décembre 1959, lors du congrès de Tripoli. Ces deux départements ont fusionné, disent-ils, pour donner naissance au ministère de l'Armement et des Liaisons générales. Abordant l'organigramme de ce département ministériel, les anciens “malgaches” ont précisé que le MALG était constitué de plusieurs directions. L'on citera la Direction de la transmission nationale (DTN) qui s'occupait des liaisons de télécommunication, la Direction nationale du chiffre (DNC), qui s'occupait des codes secrets et du décryptage, la Direction vigilance et contre-renseignement (DVCR), la DLO Est et Ouest était chargée de la logistique. Celle-ci s'occupait principalement de l'achat et de la fabrication d'armement. Plus loin, un autre “malgache”, Mansour Amiali, expliquera que la plupart des membres du Malg étaient issus du lot d'intellectuels des étudiants grévistes de 1956. D'autres participants reviennent sur le rôle du Malg en matière de formation. Le Malg a contribué, dit-on, à la formation des premiers pilotes algériens en citant l'exemple d'Aït Messaoudène qui fut membre actif du Malg. Aussi, le ministère de l'Armement a-t-il joué un rôle plus important dans la conduite de la guerre de Libération. En pleine guerre de Libération, c'était le ministère le plus important. Sa mission était confiée à Abdelhafid Boussouf — “un génie”, affirment unanimement les membres du Malg. Fort de quelque 1 500 personnes (quand les autres ministères n'en comptaient que 40 ou 50) choisies parmi l'élite, il constituait, en fait, l'ossature de la Révolution. C'est ainsi que lui est revenue la tâche de mettre sur pied et d'organiser la base Didouche-Mourad, en Libye, où a été élaboré le “fichier de la Révolution”. L'indépendance recouverte, Abdelhafid Boussouf estime que sa mission est terminée. Il se lancera dans les affaires et mourra, en 1980, dans la plus grande discrétion. Il ne s'est pas totalement retiré de la politique. Il a continué, comme Messaoud Zeggar – un autre “malgache” célèbre, homme lige de l'ex-président Boumediene — à travailler pour l'Algérie. Les deux hommes étaient versés, il est vrai, dans le commerce des armes. Grâce à leur carnet d'adresses, ils ont rendu beaucoup de services au pays. Ils ont permis la formation de lobbys pro-algériens aux Etats-Unis, par exemple. En 1962, le Malg, à l'instar du GPRA, est dissous et ses membres se reconvertissent, pour la plupart, dans la haute administration. C'est l'un des collaborateurs de Boussouf, Kasdi Merbah, qui sera chargé de mettre sur pied la Sécurité militaire, qu'il dirigera jusqu'en 1987. Ses membres, dispersés et “surtout disciplinés”, accepteront de ne plus jouer aucun rôle, en tant que groupe. Rachid KADA