En Algérie, 3746 cas de femmes battues sont recensés par les services de la santé pour l'année 2003, tandis que les services judiciaires ont enregistré, pour la même année, 2444 cas. Les services de la sécurité, quant à eux, ont dénombré 2 130. Pour la cellule d'écoute le nombre recensé est de seulement 713. Ces chiffres ont été révélés, faut-t-il le mentionner, à la suite d'une enquête établie en 2003 par l'Institut national de la santé publique (Insp) et présentés lors d'une journée d'étude tenue jeudi dernier à El Biar et ce, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la violence à l'égard de la femme. Cette enquête a indiqué, par ailleurs, que la moyenne d'âge des victimes est de 32 ans, en ajoutant que l'âge de 50 % des victimes de violence varie entre 23 et 40 ans. S'agissant de leur niveau d'instruction, le rapport précise que 26,8 % d'entre elles sont illettrées, 26,2 % ont le niveau moyen, 19,8 % ont le niveau secondaire et que 5,6 % seulement ont un niveau universitaire. Les résultats de la recherche ont indiqué en outre que 50 % des femmes victimes de violence sont mariées et que les deux tiers d'entre elles sont sans emploi, soit 69,5%. Pour ce qui est du milieu où sont commis les actes, l'enquête a indiqué que 73 % des femmes ont été victimes d'agressions en milieu familial (3/4 des cas enregistrés). Ces agressions sont souvent commises par l'époux ou par l'un des proches, ajoute le rapport, soulignant que l'agression est généralement corporelle avec des marques visibles, alors que le taux d'agression psychique et sexuelle est très bas. L'objectif de cette étude menée en cinq mois par une équipe multisectorielle est d' «impliquer toutes les instances, organisations, chercheurs et associations dans l'étude et le traitement des causes de ce phénomène» et «à oeuvrer ensemble, pour la mise en oeuvre d'une stratégie d'action visant l'éradication de la violence contre la femme». Ainsi, il est important que toutes les instances nationales et étrangères conjuguent leurs efforts afin de cerner ce phénomène mondial et éventuellement le radier sachant qu'il existe une résolution n°134/54 adoptée le 17 décembre 1999 par l'Assemblée générale des Nations unies qui condamne tout acte de violence sur les femmes et oeuvre pour son éradication. Plusieurs ministres ont pris part à la journée d'étude, notamment le ministre de la Santé, M.Mourad Redjimi qui a souligné, lors de son intervention que «l'Algérie applique les recommandation internationales en vue de lutter contre la violence à l'égard des femmes, ce qui nécessite, selon lui, l'élaboration et l'application d'un plan d'action national pour protéger la femme de ce phénomène». Quant à l'intervention de Mme Nouara Djaffar, ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargée de la famille, elle a été basée sur la condition féminine et l'intérêt qu'elle revêt auprès du gouvernement. De son côté, M.Bouabdellah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, a souligné que toutes les religions révélées «rejettent la violence contre la femme» ajoutant que «celui qui a recours à cet acte impulsif souffre de frustration».