Un projet de loi pour la protection de l'enfant est en cours d'élaboration au niveau du département de la justice. Le phénomène du kidnapping des enfants prend de l'ampleur dans notre société. La sonnette d'alarme est tirée. Les pouvoirs publics devraient passer à la vitesse supérieure pour mieux protéger l'enfant. Dans ce cadre, justement, une commission travaille actuellement sur un projet de loi sur la protection de l'enfant, au niveau du département de la justice. «Il sera soumis prochainement au Conseil du gouvernement, avant d'être présenté devant les deux chambres du Parlement pour adoption», a annoncé, hier, Me Merouane Azzi, invité à une rencontre sur le kidnapping des enfants au forum d'El Moudjahid. Ce projet prévoit un durcissement des peines contre les ravisseurs, fait-il savoir. «Les sanctions seront encore plus sévères, pouvant aller jusqu'à l'emprisonnement à perpétuité à l'encontre des kidnappeurs et des agresseurs d'enfants», lance Me Azzi. Cette nouvelle loi assure, dit-il, une protection sociale et judiciaire plus appropriée de l'enfant. Selon lui, les mécanismes judiciaires existants actuellement et contenus dans le Code pénal pour sanctionner les prédateurs, ne suffisent plus car ils ne sont, explique-t-il, pas spécifiques aux enfants. Il cite néanmoins quelques articles, notamment les 269, 270, 171, 314 qui prévoient les peines variant entre 3 et 20 ans d'emprisonnement pour le cas de kidnapping suivi d'abus sexuel et la perpétuité pour le kidnapping suivi d'assassinat. Cependant, l'article 342 prévoit des sanctions dans le cas d'enlèvement et d'exploitation des enfants dans des réseaux de prostitution, ajoute Me Azzi qui estime que plusieurs facteurs ont favorisé l'apparition de ce phénomène et le terrorisme en est la principale cause. De son côté, Mme Kheïra Messaoudène, de la direction de la police judiciaire de la Dgsn, a avancé des chiffres effrayants sur le phénomène. Pour les seuls quatre derniers mois de l'année 2008, pas moins de 632 cas d'enlèvements d'enfants suivis d'agressions sexuelles ont été recensés par les services de la police (Dgsn). En 2007, ajoute-t-elle, pas moins de 1546 cas de kidnappings suivis d'abus sexuels ont été enregistrés par les mêmes services. Aussi, entre 2007-2008, quatre cas d'enlèvements d'enfants suivis d'abus sexuels et par la suite d'assassinat, ont été recensés en plus de 146 cas d'enfants kidnappés puis récupérés. Il faut souligner que ces chiffres ne représentent, en fait, que les cas recensés auprès des services de la Dgsn. Force est de constater donc que la courbe est ascendante. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Noureddine Yazid Zerhouni, a affirmé récemment, que la somme versée par les familles des victimes pour récupérer leurs proches s'élève à 120 milliards de centimes au cours de l'année 2007. Cela représenterait une infime partie de la totalité de la rançon exigée durant la même année par les terroristes. Le ministre l'évalue à 600 milliards. Les services de sécurité ont recensé 115 cas de kidnapping en relation avec le terrorisme en 2007. Les services de sécurité ont recensé 375 cas de kidnapping en 2007, a ajouté le ministre. Les statistiques officielles font état de 800 cas d'enlèvement, recensés depuis l'année 2000 à ce jour. Le ministre Zerhouni avoue que «ce phénomène demeure parmi les dossiers les plus difficiles à traiter». Selon Mme Kheïra Messaoudène, les prédateurs n'ont pas de profil, chose qui rend difficiles les opérations de recherche. «Ce sont des gens normaux, célibataires, mariés avec enfants, universitaires, enseignants et même des imams!», a-t-elle fait savoir. Pour la conférencière, la responsabilité incombe aux parents dans 90% des cas d'enlèvement. Les services de sécurité ont, note-t-on, pris des mesures préventives telle l'installation par la Gendarmerie nationale de 3 cellules: l'une à Alger, une autre à Annaba et la troisième à Oran, ayant pour but essentiel de prévenir les écoliers et les lycéens contre ce fléau.