Le traitement réservé à Hamid Grine à Orly risque «d'altérer la qualité» des relations algéro-françaises On le sait maintenant, il y a une tendance en France qui veut torpiller toute initiative d'apaisement entre les deux pays. Mauvaise passe dans les relations algéro-françaises. Dans le ciel serein des rapports apaisés entre les deux pays, un incident regrettable est venu polluer l'atmosphère. En déplacement en France, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a été soumis, samedi dernier au soir, à l'aéroport d'Orly (Paris), à une fouille au corps pour le moins que l'on puisse dire humiliante. Le ministère des Affaires étrangères a convoqué hier, l'ambassadeur de France à Alger pour s'expliquer sur les tenants et les aboutissants de ce comportement «inacceptable». M.Grine a décliné son identité de ministre de la République, exhibé son passeport diplomatique et fait savoir qu'il était accompagné du chef du protocole de l'ambassade d'Algérie en France. Cela n'a apparemment pas suffi à la police française des frontières qui n'a rien voulu savoir et est passée à la fouille au corps. Qu'est-ce qui explique donc cet excès de zèle, appelons-le ainsi, de la part du policier français? Il y a une menace terroriste? Le plan Vigipirate a-t-il été élevé au plus haut niveau? A ce que l'on sache non. Quand bien même c'est le cas, un ministre de la République n' est pas censé être soumis à un pareil traitement comme le stipulent les lois internationales et la convention de Genève. Le personnel diplomatique bénéficie d'un traitement spécifique. Jamais un pareil incident ne se serait produit à l'aéroport international d'Alger envers un membre du gouvernement français. Plus encore, on croit savoir que l'ambassadeur de France voyage avec ses gardes armés. L'incident est d'autant plus grave qu'il ne s'agit pas d'une bévue commise par un policier zélé, mais d'une récidive qui exhale des relents de grave provocation à l'endroit de la République algérienne. Hamid Grine est le troisième ministre algérien à subir un pareil traitement humiliant. Avant lui, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb et celui de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune avaient eu les mêmes «égards» à l'aéroport de Paris. Faut-il appliquer la réciprocité à la partie française? Cette affaire a soulevé un tollé médiatique à Alger et des observateurs, des associations de la société civile dont certains moudjahidine sont allés jusqu'à demander la suspension de la coopération sécuritaire entre les deux pays. «Que la police française se livre toute seule face aux innombrables menaces terroristes», s'insurgent certaines de ces associations non sans rappeler «combien de fois les services de sécurité algériens ont contribué aux côtés de leurs homologues français à déjouer des attentats terroristes en territoire français». On le sait maintenant, il y a une tendance en France qui veut torpiller toute initiative d'apaisement entre les deux pays. La dynamique impulsée depuis l'arrivée de François Hollande aux affaires en France et la relance effective des relations entre Alger et Paris ne sont pas faites pour plaire au gotha mariné dans l'ingratitude et le refoulement du complexe de l'Algérie française. On l'a constaté ici à Alger avec quel entrain l'actuel ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, s'emploie chaque jour à donner des échos sur le terrain aux décisions de l'Elysée, notamment dans la coopération culturelle et scientifique. Sans compter les innombrables projets d'entreprises françaises en Algérie. Qui veut alors casser cette dynamique?