Ce qui se passe est un cri de douleur. Les Palestiniens veulent vivre en paix «The old will die and the young will forget» «Les vieux mourront et les jeunes oublieront.» Sentence attribuée à Ben-Gourion Encore une fois, depuis une centaine d'années le conflit de l'usurpation de la Palestine par un Etat sioniste dit d'Israël créé le 14 avril 1948 à une voix près. Le ministère palestinien de la Santé déclarait lundi que le nombre de Palestiniens, tués par des tirs israéliens depuis le début du mois d'octobre, a atteint le chiffre de 45, dont 10 enfants. Pour rappel le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations unies adopte la résolution 181 qui prévoit le partage de la Palestine en un Etat juif et un Etat arabe. Dès le départ les Palestiniens se trouvent dépossédés de plus de 50% des terres. En fait tout commença avec la fameuse déclaration de Balfour où l'on promit une seconde fois après Dieu une Terre à des hommes et des femmes disséminés dans le monde. Il est vrai que le Congrès Juif refusa l'Ouganda. «Le 30 novembre 1947, lit-on sur l'Encyclopédie Wikipédia, la guerre voit s'affronter les communautés juive et arabe. (...) Les forces et la société palestiniennes s'effondrent. Le 14 mai, dernier jour du mandat britannique, l'indépendance de l'Etat d'Israël est proclamée en tant «qu'Etat juif dans le pays d'Israël». Le lendemain 15 mai, les Etats arabes voisins, opposés au partage, interviennent. En théorie alliés, ceux-ci ambitionnent des objectifs différents et combattront leur adversaire de manière désorganisée et désunie.(...) Les forces israéliennes vainquent militairement sur tous les fronts. La ligne d'armistice partage Jérusalem, laissant la vieille ville du côté arabe. En gagnant la guerre de 1948, Israël conquiert 26% de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage et prend le contrôle de 81% de la Palestine de 1947. La guerre s'accompagne de bouleversements démographiques. Entre novembre 1947 et juillet 1949, environ 720.000 Arabes de Palestine fuient ou sont expulsés des territoires qui formeront Israël» Ce sera la fameuse Nekba. Parallèlement, la loi du retour permet à tout juif de par le monde de venir en Israël et il sera interdit aux réfugiés de revenir.» (1) Ce qui a fait dire au regretté Mahmoud Darwich «Celui qui m'a transformé en réfugié m'a transformé en bombe.» Arthur Ruppin, planificateur du sionisme s'adressant à l'Agence juive dans un meeting en 1938: «Je ne crois pas au transfert de Palestiniens d'une façon individuelle mais par villages entiers.» Pour rappel, la première intifada eut lieu le 9 décembre 1987. Le 28 septembre 2000 débute la seconde Intifada ou Intifada al-Aqsa. Si la plupart des observateurs lient le déclenchement de l'intifada à la visite au Mont du Temple ou Esplanade des Mosquées par Ariel Sharon considérée comme une provocation par les Palestiniens. Il y eut ensuite l'opération Rempart qui démolit Jénine, la construction du mur de séparation jugé illégal par la Cour internationale de justice. La révolte du désespoir et de la dignité humaine Où en sommes-nous? Le dernier carnage remonte à juillet 2014. En bombardant Ghaza durant cinquante jours, les Israéliens ont provoqué des dégâts sans équivalent depuis 1967, avec plus de deux mille morts, dont cinq cents enfants. Dans le même temps Abbas censé défendre les Palestiniens maintient sa coopération sécuritaire avec l'armée d'occupation et proteste mollement en laissant faire. Veut -on un exemple du ras-le-bol ce que les médias désignent par 3e intifada est une révolte du désespoir, une révolte pour la dignité? Olivier Pironet, journaliste au Monde diplomatique après avoir visité, ces jours-ci, le goulag palestinien, immense prison à ciel ouvert, écrit: «(..)Parmi les chebab descendus dans la rue pour exprimer leur colère, certains sont issus du camp de réfugiés de Balata. (...) Construit en 1950 pour accueillir des villageois expulsés de la région de Jaffa, près de Tel-Aviv, Balata se trouve en zone A, l'aire administrative délimitant les secteurs de la Cisjordanie «gouvernés» par l'Autorité palestinienne,mais où l'armée israélienne opère à sa guise, en dépit des accords d'Oslo. Le camp offre un condensé des problèmes qui affectent les réfugiés palestiniens. Ici, la pauvreté (55% des habitants), le chômage (53%, dont 65% sont de jeunes diplômés), la promiscuité et l'insalubrité touchent presque tous les foyers. Près de vingt-huit mille habitants, dont 60% ont moins de 25 ans, s'entassent sur un kilomètre carré. (...) Connu pour son engagement contre l'occupation dès 1976, qualifié par les Israéliens de «bastion terroriste» et très surveillé, le camp a payé un lourd tribut ces dernières années: «Environ quatre cents morts depuis le déclenchement de la deuxième Intifada [2000-2005],et des milliers de blessés. Près de trois cents résidents du camp sont actuellement incarcérés en Israël», nous indique M.Arafat, qui a lui-même été emprisonné à plusieurs reprises. L'armée israélienne envahit régulièrement Balata pour «arrêter ceux qui ont participé à des manifestations ou sont recherchés pour leur activisme politique, ou bien encore pour ́ ́sécuriser ́ ́ le quartier, du fait de la proximité du tombeau de Youssouf» - un mausolée vénéré par les juifs comme par les musulmans»(2). «Harcelés par l'armée d'occupation et par les colons, les habitants sont «à bout», lâche M.Arafat. «Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Quand les Israéliens surgissent pour perquisitionner ou capturer des militants politiques, nous tentons de nous interposer, mais nous sommes impuissants. Il y a encore des armes ici, mais les gens ne les utilisent plus. La police palestinienne devrait nous protéger des colons - très nombreux autour de Naplouse, et parmi les plus agressifs -, mais elle ne fait rien.» En vertu des accords sécuritaires israélo-palestiniens, élaborés en 1993, la police de l'Autorité palestinienne n'a pas le droit d'utiliser la force contre les colons en cas d'attaque, mais doit s'en remettre aux autorités israéliennes. Elle est aussi tenue de coopérer pour cibler et interpeller les militants palestiniens constituant un «danger potentiel» vis-à-vis d'Israël (...)» (2) Curieusement, on fabrique un nouveau concept: l'intifada des couteaux. Je serai curieux de connaître qui est derrière cette mise sur le marché des médias mains tream pour souligner le couteau barbare. Pourquoi ne parle-t-on pas de la répression des cailloux par la mitraillette Uzzi? Du côté de l'Eglise, c'est le minimum syndical. Le pape, dit-on, suit avec une «grande inquiétude» les tensions en Terre sainte. Il appelle ceux qui sont pris par la violence en Terre sainte d'avoir le «courage et la force morale de dire non à la haine». Jérusalem a connu mardi 13 octobre sa journée la plus sanglante depuis le début de l'escalade des violences entre Israéliens et Palestiniens, il y a un mois. vendredi 16 octobre, le patriarcat latin a dénoncé «avec fermeté» l'incendie du tombeau de Jospeh (Youssef) comme «un acte insensé et d'une extrême gravité». Tout autre son de cloche celui des Palestiniens chrétiens à demeure en la personne de Monseigneur Atallah Hanna archevêque de Jérusalem, il déclare: «J'ai dit, et maintes fois répété, que le sionisme et Daesh sont les deux faces d'une même monnaie, et quand je dis Daesh cela signifie toutes les organisations terroristes barbares et sanguinaires dont nous sommes convaincus qu'elles sont une fabrication américano-israélienne par excellence, dans le but essentiel de détruire la patrie arabe au profit d'Israël. Ils veulent détruire tout ce qui s'y trouve comme civilisation, humanité et beauté. Qui profite de tous ces massacres et déplacements de population? (...) Israël tente aujourd'hui d'accomplir tout ce qu'il n'a pu faire depuis 1967, en essayant de mettre la main sur la mosquée d'Al-Aqsa, d'avaler Jérusalem et ses Lieux saints et de chasser ses vrais habitants arabes palestiniens.»(3) Même Gandhi aurait compris la violence des Palestiniens «Vous remarquerez que nous n'avons entendu aucune déclaration officielle ou officieuse de la part des Etats arabes, (...) On ne peut demander aux Palestiniens de rester les bras croisés devant un tel complot contre sa cause et sa terre. (...) La jeunesse palestinienne est sortie pour dire: «Nous ne nous soumettrons pas à Israël quels que soient les complots et aussi fortes soient les pressions. Quoi qu'ils tentent pour liquider notre cause, elle restera celle d'un peuple amoureux de la liberté et de la dignité». (...) Je ne suis pas de ceux qui pensent que l'Intifada ait jamais cessé en Palestine. C'est un état d'esprit permanent qui se manifeste de manières différentes. La Résistance sera toujours là tant que l'occupation et le racisme seront là. La Résistance ne s'arrêtera pas et c'est notre droit de Palestiniens de lutter pour libérer nos lieux sacrés et Jérusalem. Nous ne céderons pas à Israël.(...) Israël pense que les répressions et oppressions de plus en plus sauvages terroriseront le peuple palestinien. C'est l'inverse qui est vrai, car la jeunesse palestinienne en est arrivée à la conviction qu'elle ne peut compter que sur elle-même.» (3) Pour Daniel Vanhove, Israël doit être mis au ban de nos sociétés. Il écrit: «En Terre que l'on dit trois fois «sainte» - pour le judaïsme, le christianisme et l'islam - voici le résultat des collusions incessantes de nos gouvernements avec Israël: les Palestiniens peuvent endurer toutes les souffrances; leurs enfants, quel que soit leur âge, peuvent être abattus comme des chiens, agonisant dans leur sang, voire brûlés vifs sans que leurs assassins connus de la justice israélienne ne soient inquiétés; les femmes enceintes, les personnes âgées et les malades ne sont en aucun cas épargnés; les écoles, les hôpitaux et les lieux de culte sont régulièrement bombardés; leurs terres sont spoliées depuis des années par des extrémistes de la pire sorte, qu'il conviendrait assurément d'enfermer; quand elles ne sont pas volées par des colons, ou qu'ils n'en sont pas expulsés au moindre prétexte, leurs maisons sont détruites pour un oui ou un non; des barrages incessants les privent de toute possibilité de déplacement normal. Y compris les ambulances et leurs blessés qui souvent meurent lors de trajets rendus ainsi interminables; un mur de 9 mètres de haut sur des centaines de kilomètres les enferme dans ce qui s'apparente à des réserves à l'indienne. Et cette situation dure depuis des décennies... Nos médias ignorent la situation. Et la descente aux enfers de la population palestinienne se poursuit dans une indifférence qui depuis longtemps en est par cela devenue complice.» (4) Il se trouve pour la dignité humaine, des Israéliens admirables qui prennent la defense de ses épaves que sont les Palestiniens. Gidéon Levy et Amira Hass écrivent dans le quotidien de gauche Haaretz des textes courageux dont nous reproduisons quelques extraits Gedéon Levy écrit que même Gandhi apôtre de la non-violence aurait compris les raisons de la violence des Palestiniens: «À travers le brouillard d'autosatisfaction, de propagande médiatique, d'incitation, de diversion, de lavage de cerveau et de victimisation de ces derniers jours, cette simple question revient avec force: qui a raison? (...) Il ne reste plus d'arguments fondés dans l'arsenal israélien, du genre qu'une personne honnête pourrait accepter. (...) En tant que vieille militante palestinienne, Hanan Ashraoui, a écrit récemment que les Palestiniens sont le seul peuple sur cette terre à qui on demande d'assurer la sécurité de l'occupant, tandis qu'Israël est le seul pays qui exige de ses victimes sa propre protection. Et comment pouvons-nous répondre? Aux 100 ans de dépossession et aux 50 ans d'oppression, nous pouvons ajouter ces quelques dernières années, marquées par l'intolérable arrogance israélienne qui nous explose une fois de plus au visage. (...) Nous sommes fatigués. Nous n'avons pas dit un mot de l'injustice de 1948, qui aurait dû s'arrêter alors et ne pas se poursuivre avec encore plus de force en 1967 et continuer sans aucune fin en perspective.» (5) «Les Palestiniens écrit Amira Hass, se battent pour leur vie, Israël se bat pour l'occupation.» Jeudi 15 octobre 2015: la guerre n'a pas commencé jeudi dernier, elle ne commence pas avec les victimes juives, et elle ne prend pas fin quand plus aucun juif n'est assassiné. Les Palestiniens se battent pour leur vie, dans le plein sens du terme. Nous, juifs israéliens, nous nous battons pour notre privilège en tant que nation de maîtres, dans la pleine laideur du terme. Les jeunes Palestiniens ne vont pas se mettre à assassiner des juifs parce qu'ils sont juifs, mais parce que nous sommes leurs occupants, leurs tortionnaires, leurs geôliers, les voleurs de leur terre et de leur eau, les démolisseurs de leurs maisons, ceux qui les ont exilés, qui leur bloquent leur horizon. Les jeunes Palestiniens, vengeurs et désespérés, sont prêts à donner leur vie et à causer à leur famille une énorme douleur, parce que l'ennemi auquel ils font face leur prouve chaque jour que sa méchanceté n'a pas de limites. (...) Même le langage est malveillant. Les juifs sont assassinés, mais les Palestiniens sont tués et meurent. Est-ce vrai» (6)? En conclusion. Pour le député palestinien Mustapha Barghouti: «Ce qui se passe n'est pas un conflit religieux. C'est bien plus que Jérusalem ou l'esplanade des Mosquées: c'est la lutte d'un peuple pour sa liberté, alors qu'il a vécu l'occupation la plus longue de l'histoire moderne.» Où sont les «Arabes» censés les aider dans leur juste combat? Où est la Ligue arabe qui a permis la destruction de la Libye en 2011. Ce n'est sûrement pas l'Arabie saoudite qui va le faire, elle qui compte sur Israël pour mater le peuple yéménite. Les Palestiniens sont bien seuls, mais ils n'oublieront pas malgré l'injonction de Ben Gourion, ni les jeunes ni les vieux. Pour les Occidentaux, le drame actuel est une question de terminologie: est-ce une intifada? Peu importe que les Palestiniens soient au désespoir, il faut un continment pour éviter l'intifada. Ce qui se passe est un cri de douleur. Les Palestiniens veulent vivre en paix. Peut-être qu'il faille dans cette dynamique de reshaping du Moyen-Orient un siècle après Balfour un siècle après Sykes-Picot; penser à restituer aux Palestiniens leurs dignité et leur donner des raisons de vivre dignement sur les 18% qui restent de la Palestine originelle. 1. La création de l'Etat d'Israël: Encyclopédie Wikipédia 2. Olivier Pironet: http://www.monde-diplomatique.fr/2014/10/PIRONET/50880 3.Monseigneur Atallah Hanna Interview Rana Ismaïl Erreur! Référence de lien hypertexte non valide. Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal 4.http://www.mondialisation.ca/israel-doit-etre-mis-au-ban-de-nos-societes/5482482 5.Gidéon Lévy http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.679268?date=14450305 25480 6.Amira Hass: http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.679129